Critique de l'anime La Disparition de Haruhi Suzumiya

Suzumiya Haruhi, le film : La suite de la dernière chance ?

Comme pas mal d’entre vous, je suis tombé en arrêt devant la saison 1 de SHNY. Ces personnages stéréotypés mais attachants, ce scénario laissant une grande place à l’interprétation, cette mise en scène géniale (la voix off de Kyon !), tout m’a plu. Puis vint la saison deux, et ce fut une douche froide. La série n’avait certes pas perdu son ton provocateur (L’Endless 8…), mais on commençait à se demander où la série voulait nous mener, et si les questions soulevées, par exemple dans l’excellent dossier d’AK sur la série, allait trouver leurs réponses. Le film intervient donc dans un contexte de perplexité générale, et où une mauvaise manip’ du studio KyoAni pourrait ruiner tout le potentiel de l’univers de Nagaru Tanigawa. D’où la « dernière chance ».

Le film est long, plus de deux heures, vous en aurez pour votre argent. Techniquement, c’est semblable aux épisodes de la série, justes que les couleurs y sont beaucoup plus ternes (pour coller à l’ambiance hivernale), et la musique est du genre de celle qu’on oublie au moment même où on l’a entendue. La réalisation est de haute volée, avec toujours ces décors saisissants de vérité.

Mais passons à ce qui nous intéresse dans ce film, l’histoire. Celle-ci se déroule juste après les évènements de la saison 2 (dont elle est une suite directe), et inutile de préciser que si vous n’avez pas une connaissance exhaustive de l’univers de SHNY, vous vous ferez jeter au bout de quelques minutes : on est entre haruhiistes ici, pas de place aux débutants.

Pour les survivants, l’histoire raconte les étranges évènements impliquant Kyon dans la semaine précédant la fin de sa première année de lycée, soit juste avant Noël au Japon. Alors qu’il préparait le réveillon avec la brigade SOS, il se lève un beau jour et hop ! Haruhi et sa clique ont disparu de la circulation, et de la mémoire de tout son entourage (vous savez comme dans le tome 7 de Bleach quand Rukia disparaît et que personne ne se souvient d’elle et… Oui, bon OK je reprends). C’est là que ça devient intéressant : après avoir résolu le mystère, Kyon va devoir prendre la décision critique, à savoir revenir à la situation initiale avec la brigade SOS machin tout ça, ou faire comme si de rien n’était et effacer donc de sa vie Haruhi et les emmerdements qui vont avec. Un dilemme cornélien, assez bien retranscrit dans une scène finale où Kyon, en pleine introspection, nous fait plonger dans les méandres de son inconscient.

Clairement, Kyon est le personnage central du film, et plus seulement un faire-valoir des frasques d’Haruhi. Tant mieux, c’est le seul personnage que je trouvais digne d’intérêt dans cette série de toute façon… on a aussi droit au fan-service de base, avec des scènes qui nous font miroiter une relation KyonxNagato (je sais que beaucoup aimeraient bien), ou encore quand Koizumi s’apprête à révéler les sentiments d’Haruhi pour Kyon et qu’un train passe pour masquer la meilleure partie…

Les arguments que je viens d’énoncer peuvent paraître abscons pur ceux qui n’ont pas vu le film ou lu le bouquin dont il est tiré. Retenez donc ceci : dans SHNY, tout fonctionne par non-dits, ambigüités, sous-entendus. Même si Kyon est le narrateur-protagoniste de l’histoire, on ne sait jamais avec certitude ce qu’il pense ; de même pour les autres personnages. Cet épisode géant (parce que c’en est un, finalement) termine le cycle entamé avec la saison 2, mais c’est tout. Et un twist scénaristique à la toute fin du film nous annonce déjà une saison 3. Étant donné que la série des romans de N.Tanigawa est loin d’être finie, fallait s’y attendre. Reste à savoir si vous êtes prêts à rempiler, c’est tout.

Malgré donc ce semi-échec du pont de vue de l’histoire, le film reste très agréable à regarder, surtout si vous avez vu la saison 2 et que, comme moi, vous en attendiez plus. Un bon petit morceau d’animation, assez inutile hors contexte mais qui aura valeur de référence pour les fans convaincus.

Les plus

- On ne refuse pas du Haruhi sur grand écran

- Réalisation sublime, ambiance parfaite

- J'aime les films d'animation qui durent longtemps

- Le personnage de Kyon enfin exploité à sa juste valeur

Les moins

- Débouche sur un nouveau cliffhanger plutôt que de conclure définitivement