Note : A l’heure où je rédige cette critique, il me reste encore une petite poignée d’épisodes à regarder. Il se peut donc que certains des éléments que je note en cours d’écriture ne soient finalement pas confirmés. Cependant, pour un anime dans lequel tout le monde a perdu la mémoire, et ne peut donc jurer de rien, je pense pouvoir me permettre cette lubie.
The Big O, une version nippone et mecha de Batman? Difficile à dire…
La première chose qui frappe quand on attaque la série, c’est son design particulier. En effet, on est plus proche d’une production de la Warner que d’un japanime classique.
Aussi bien les personnages que le décor (Paradigm City, métropole américaine typique, avec ses buildings) n’ont que peu de chose en commun avec des Tokyoïtes. Le Big O lui-même reste une machine pesante d’aspect relativement simple (mais pas simpliste pour autant) en comparaison d’un Gundam/Patlabor/Evangelion…
La galerie de personnages est relativement riche. Tout d’abord, il y a Roger Smith, le héros. Sans être multimilliardaire, il vit de manière plus qu’aisée dans son manoir, conduit une auto qui bien que n’ayant pas les lignes aussi agressives que celles du héros cité plus haut, a quand même de quoi faire saliver les adeptes de gadgets en tous genres. Il protège de manière anonyme la cité de Paradigm, aux commandes d’un robot géant aux origines inconnues, le tout sans se départir de son allure de jeune dandy, incapable de sortir sans son costume noir impeccablement repassé par son majordome (qui lui sert également de mécanicien entre 2 missions).
Très vite, il est rejoint par Dorothy, charmante androïde réservant bon nombre de surprises pour son entourage et ceux qui lui voudraient du mal. Derrière son visage imperturbable (je dirais même névrosé), la « demoiselle » se révèle peu à peu bien plus qu’une simple machine dépourvue d’émotions et, semble-t-il, capable de sentiments multiples et variés envers ses interlocuteurs. Après tout, si elle joue du piano chaque matin, c’est peut-être autant pour satisfaire un besoin de développer son sens artistique, que pour le malin plaisir de voir son employeur surgir en pyjama dans le salon, un coussin à la main et hurler que mince, lui aussi a le droit de faire la grasse matinée… Finalement, sa seule faiblesse, ce sont peut-être les gros aimants (de type industriels comme on en voit dans les casses).
En plus de ce trio, rajoutons également un flic un peu bourru, adepte des bonnes vieilles méthodes ; ou une jolie blonde, très à l’aise dans son rôle d’espionne et de femme fatale, capable de faire chavirer même les cœurs les plus endurcis.
Les adversaires ne sont pas en reste, et sont parfois récurrents d’un épisode à l’autre. Certains sont guidés par la folie, d’autres par l’appât du gain, mais aucun ne laisse indifférent, qu’il s’agisse de mettre la cité à feu et à sang, de revendiquer un droit particulier à ses dirigeants, ou même de nous faire rire aux éclats (l’épisode 18 est un gros délire que j’ai apprécié). Mais comme on le découvrira rapidement, dans cet univers, les menaces les plus importantes sont souvent masquées et se montrent rarement au grand jour.
Après tout, Paradigm City voit sa population affligée d’un curieux phénomène, puisqu’il y a de cela 40 ans, toute sa population a intégralement perdue la mémoire, et les quelques personnes qui font mine de retrouver (même partiellement) leurs souvenirs finissent par disparaître sans laisser de traces. Et il y a les Megadeus, robots géants issus d’une technologie perdue et qui, entre de mauvaises mains, peuvent causer d’immenses ravages. Pourquoi Roger Smith est-il le seul à pouvoir (légalement et techniquement) en piloter un ? En quoi sont-ils liés aux évènements du passé et, comme pour Dorothy, ne sont-ils que de simples coquilles vides obéissant à un programme inscrit en eux ? Qui détient réellement les clés du passé et ne souhaite pas voir ouvertes les portes de la vérité ?
Beaucoup de questions auxquelles le héros et ses amis (ou ennemis) seront amenés à réfléchir au cours de leurs aventures.
Techniquement, la série présente un travail soigné et original, qui a forcément vieilli, mais reste plaisant. Comme indiqué plus haut, le design surprend pour une production nippone, mais rapidement, on s’habitue aux airs de jazz ou d’opéra accompagnant les protagonistes dans les rues ombragées de Paradigm City.
Je dois admettre que sur les premiers épisodes, j’ai eu un peu de mal à accrocher, notamment parce que ceux-ci reprenaient plus ou moins le même schéma : enquête puis combats entre machines géantes. Mais très vite, on observe des variations au fur et à mesure que les relations entre personnages évoluent et qu’on finit par se dire qu’il y a véritablement quelque chose de pourri au sein de la ville, peut-être dans ses bases mêmes.
Pour conclure, The Big O est une série que j’ai commencée plus par curiosité qu’autre chose, sans savoir réellement à quoi m’attendre. Après un début chaotique, j’ai fini par tomber définitivement sous son charme, et je la conseille vivement aux fans de méchas, d’enquêtes étranges (façon polar) mais également de héros défendant la veuve et l’orphelin de manière anonyme dans une ville en pleine décadence.