The God of Highschool – Rien ne sert de courir

» Critique de l'anime The God of High School par Anon le
20 Octobre 2020
The God of High School - Screenshot #1

L’animation japonaise s’est apparemment rendue compte du potentiel que présentaient les webtoons, au point de décider d’offrir aux plus grands pontes du milieu leur adaptation animée. Le fait est d’autant plus surprenant, et d’autant plus enthousiasmant, que la plupart des webcomics les plus connus sont coréens, et que ça fait des années que tout le monde pense que les voir mis à l’écran par des studios japonais relève du fantasme.
Qu’à cela ne tienne, les mastodontes que sont Tower Of God, God of Highschool ou encore Noblesse arrivent enfin en animation, tous produits par Crunchyroll si je ne m’abuse. Dans le cas de God of Highschool, la série s’est vendue sur le nom de l’oeuvre originale et du studio en charge, MAPPA, qu’on ne présente plus. On nous promettait un des piliers du monde du webtoon, servi par une animation aux petits oignons, pour le plaisir de nos mirettes. Quid, alors, du résultat?

De fait, il y a un problème avec cet élan d’adaptation de webtoons. C’est que si Crunchyroll a l’air très heureux de les produire les uns à la suite des autres, il y a d’un autre côté une réelle frilosité dans le format, qui ne dépasse pas pour le moment les 13 épisodes. Alors 13 épisodes ce n’est pas un chiffre si ridicule, il y a des animes qui racontent l’intégralité de leur histoire en un tel laps de temps. Seulement voilà, si Tower of God ou God of Highschool sont si connus, c’est en grande partie parce qu’ils sont longs. Très, très, très longs. Et même pas terminés en prime. Du coup, qu’est-ce qu’on fait? On joue le jeu et on adapte tranquillement tout ce qu’on peut adapter en 13 épisodes, quitte à finir l’histoire alors qu’elle n’a même pas vraiment commencé?
Eh bien non. On court.

The God of High School - Screenshot #2God of Highschool va vite. Ridiculement vite. Le rythme essaie de passer pour dynamique le temps des deux, trois premiers épisodes, avant de s’avouer vaincu et de s’assumer pour ce qu’il est: une succession de scènes sans réel lien entre elles, une quantité astronomique de personnages pas réellement présentés ni développés que de toute façon vous ne retiendrez jamais, et un mélange de registres bizarre entre des adolescents qui s’affrontent dans un tournoi d’arts martiaux et des adultes qui s’entretuent en coulisses à grands renforts de super-pouvoirs et d’organisations maléfiques. Ce n’est pas faute d’avoir tenté de m’accrocher, mais j’ai eu l’impression de courir après un train tout du long, et finalement de l’avoir laissé partir sans moi; il y a en a tellement dans tous les sens à défiler sans se poser deux secondes que ça ne sert à rien d’essayer de suivre. Les scènes émotionnelles se cassent la figure faute de build-up approprié, et le scénario qui n’a pourtant pas l’air si compliqué que ça m’est passé au dessus de la tête pendant la majorité de mon visionnage.

Si vous cherchez des beaux combats dans les règles de l’art, GoH n’est probablement pas la recommandation à vous faire. Si les personnages ont en effet chacun un art martial existant et réaliste de base, tout part assez vite en steak. Alors bien entendu on est dans du très manga, ça ne choque plus personne de voir un expert en kendo trancher dans le tas sans avoir besoin d’une épée, mais à partir du moment où ça s’envoie des boules de feu et des invocations magiques dans la figure, je n’appelle plus ça des arts martiaux. On nous explique que blablabla c’est parce que lien avec des créatures mythiques blablabla, n’empêche que c’est un beau bordel tout ça.
Ajoutons que GOH a des inspirations assez évidentes, et outre la très facile blague des Stands Users, il est clair que l’auteur a lu Dragon Ball quand le personnage principal, Mori Jin, a des cheveux noirs en pétard, est un joyeux luron ultra puissant qui ne ne pense qu’à se battre contre des gens forts, et n’est pas sans lien avec un certain Sun Wukong – je vous renvoie à votre culture littéraire pour ce dernier point. On retrouve exactement le même type de tatane un peu beaucoup nawak, où on nous vend un tournoi humainement crédible dans le premier épisode, pour voir des pouvoirs on-ne-peut-plus magiques sortir de nulle part dès l’épisode trois. Mais les tournois de Dragon Ball c’est quand même autre chose.

The God of High School - Screenshot #3Parlant de tatanne, alors oui, certes, c’est bien animé. C’est même très bien animé, franchement ça envoie du pâté et ça fait plaisir à regarder. Ce serait probablement beaucoup plus plaisant si ça ne se passait pas 90% du temps entre des personnages dont on a rien à fiche, et surtout si tous les combats n’étaient pas expédiés en globalement trente secondes. Il y a aussi l’impression grandissante au fil des épisodes que le tournoi est complètement anecdotique et que le vrai scénario se déroule off-screen quasiment tout le temps, ce qui détruit définitivement toute tension. Après on ne va pas faire la mauvaise langue, Mappa sait faire son taf et GoH est largement au dessus de la production moyenne, ce qui était après tout un de ses principaux arguments de vente, seulement le talent des animateurs n’a pas le temps d’être pleinement exploité parce qu’encore une fois ça va vite, beaucoup trop vite. Pour la comparaison, à l'heure où j'écris cette critique il y a trois épisodes sortis de Jujutsu Kaisen et c'est un bien meilleur exemple de Mappa qui flex son animation tout en laissant le temps à l'histoire de respirer.

GoH n’est pas dépourvu de fun, à défaut d’avoir beaucoup de sens. Le trio principal est plutôt attachant, et ça remplit son travail de divertissement sans problème, mais une animation pétée ne fait pas tout. A trop courir, l’anime en loupe le coche et l’ambition se casse la figure. En résulte un gros bazar de compétition, rigolo à regarder certes, mais très oubliable au bout du compte.

Verdict :5/10
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A propos de l'auteur

Anon, inscrit depuis le 28/07/2013.
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