The Sacred Blacksmith... Voici une série qui désormais rimera avec frustration et déception pour bon nombre de gens, moi y compris. Réalisée par le studio Manglobe, auquel nous devons des œuvres qualifiées de "future classique" par certains ou de "cultes" par d'autres, j’attendais beaucoup de cet anime, quand bien même je n'ai vu aucune des précédentes œuvres du studio. Le nom Manglobe apporte bien sûr un certain prestige; mais c'est surtout l'univers d'heroic-fantasy qui m'avait tapé dans l'œil. Alors forcément, avec la réputation du studio et cet univers à mon goût, je me suis dit : "Et bah la voilà l'occasion d'entrer dans l'univers Manglobe! Ca va être une tuerie! " Eh bien que nenni mes amis, que nenni... Penchons nous plus en détails sur le dernier bébé du si prestigieux studio Manglobe...
Intéressons nous tout d'abord à son univers : de l'héroïc-fantasy tout ce qu'il y a de plus banal. Hormis que les elfes sont absents (tout comme les nains, mais vu qu’il y en a toujours très peu dans la japanimation on s'en fout). Donc en gros on retrouve tous les poncifs du genre : chevaliers, magie, armes magiques, démons et... forgeron. Ah? Tiens, c'est tout de même rare qu'on s'intéresse à la profession de forgeron... Mais bref, passons. On y reviendra plus tard. Le matériel de départ avait de quoi alléché : après une guerre meurtrière comme pas possible, la paix est en partie revenue entre les différents états du monde de The Sacred Blacksmith. Malheureusement, empires, royaumes et cités états se rassemblent souvent pour discuter d'un sérieux problème : le retour des démons, malgré la fin de la guerre, alors que celui qui leur donnait naissance à partir d'humains, Valbanill, est sensé être hors d'état de nuire pour le moment. C'est donc forcément que quelqu'un d'autre leur donne vie par l'intermédiaire du chant du Diable, écrit en chaque homme. On peut aussi ajouter le petit souci qu'est l'affaiblissement du sceau, une épée, qui permet de maintenir notre roi démon Valbanill tranquille (d'où l'importance du forgeron, mais on y reviendra plus tard...). Alors là, normalement, vous devez vous dire "Ouah, ça déchire comme point de départ!" Je pense de même. Eh bien sachez que tout ça, là, est complètement absent durant les trois quart de la série.
Eh ben vi, on ne s'y intéresse vraiment que lors des trois-quatre derniers épisodes de la série. Mais alors, qu'est ce que le scénariste a raconté durant les épisodes précédents? Alors, lors des trois-quatre premiers épisodes, c'est l'introduction. Et elle est plutôt bien réussie. Autrement dit, on nous présente les personnages et l'univers dans lequel ils évoluent (précisons bien que cet univers est à peine esquissé) par l’intermédiaire d’une petite aventure. Nous faisons donc en premier lieu la connaissance de notre héroïne, Cécily Cambell, chevalier de son état et surtout débutante (trèès important ça). Titre qu'elle a reçu de son père désormais décédé, elle fait ce qu'elle peut pour protéger la cité et les gens qui y vivent, c'est-à-dire pas grand-chose. C'est une jeune fille au sang chaud, énergique, enjouée, débordante de bonne volonté, et déterminée comme pas deux. En plus de ça, notre demoiselle à la crinière de feu possède un corps plutôt bien foutu, malgré une poitrine positionnée d'une drôle de manière... Qui sera l'occasion pour le réalisateur de glisser un humour franchement lourd, à base de remarques subtiles... Je ne vous ferais pas l'affront d'un exemple. Ne pas oublier de signaler qu'elle n'est vraiment pas un exemple d'intelligence (la scène où elle l'avoue est particulièrement mémorable...) et que la gentillesse et la naïveté sont présentes en excès chez elle... Heureusement pour nous, elle évoluera énormément, et dans le bon sens, jusqu'à nous donner des scènes de combat mémorables et à acquérir une capacité de réflexion plus proche de la normale (et l'humour de mauvais goût disparaît aussi, ouf).
Le déclencheur de ce changement a un nom : Luke Ainsworth. Et savourez bien sa description, mesdemoiselles, parce qu'il s'agit du seul mec de la série. Après, il n'y en a plus (à part papy chevalier et le méchant mais on s'en contrefout). Mais au moins il a le mérite d'être réussi. Je vous présente donc le forgeron qui donne son nom à la série. Il arrive pile au bon moment pour sauver notre Cécily d'un combat mal engagé (rappelez-vous : c'est une débutante). Sa manière de combattre le rend assez original dans cet univers d'heroic-fantasy occidental : il porte un hakama et possède un katana comme arme. Cela ne l'empêche pas de se battre comme un dieu, loin de là. Il possède un caractère d'ours mal léché, mais cela ne l'empêche d'avoir bon fond et surtout de la classe, faut l'avouer. Et en plus de ça il est plutôt beau gosse. Forgeron émérite, il ne prend commande que s'il est sûr d'être payé immédiatement après livraison (en gros il est proche de ses sous). Il est censé joué un rôle important dans l'histoire mais il apparaît trop peu souvent pour le tenir: forger une épée sacrée qui servira de nouveau sceau pour Valbanill. Donc, pour résumer, le fait qu’il soit un forgeron, on s’en tamponne comme pas possible jusqu’aux quatre derniers épisodes. Et lorsqu'on s'intéresse enfin à lui, on en ressort déçu. En effet, son passé est d'une banalité affligeante, déjà vu, vu et revu. Mais il reste néanmoins un des personnages les plus réussis de la série (et il m'a permis d'apprendre le sens du mot GAR, sois dit en passant).
Et notre cher Luke est accompagné sans relâche par Liza, nécessaire pour satisfaire le quota de loli dans cet anime. Elle sert accessoirement d'aide à la forge et de bonne à tout faire aussi. Gamine blonde pleine de vie (et même un peu trop), on se doute bien qu'elle cache quelque chose... La révélation à son sujet est d'ailleurs bien amenée, et elle s'avère être un personnage un peu plus torturé que ce qu'elle laisse paraître. Autre bon point, elle est rarement énervante, et se révèle parfois plus utile que Cécily. J'apprécie particulièrement ces scènes où elle fait apparaître un cercle pour forger par magie. Mais bon, ça reste une loli avec le quota de mignon qui va avec...
Enfin, dernier perso : Aria. Il s’agit avec Luke du protagoniste le plus réussi de la série. Epée-démon du vent pouvant prendre forme humaine, elle a vécut bon nombre d’horreur sur les champs de bataille. Heureusement, ces tristes évènements ne l’ont pas privée de sa joie de vivre, et l’on évite avec bonheur le stéréotype du « valeureux guerrier qui a vécu la guerre et qui est donc devenu neurasthénique ». Personnage mature, intelligent, réfléchi, et plutôt jolie, on peut difficilement ne pas l’aimer. Elle forme un beau duo avec Cécily, qui la considère beaucoup plus en tant que personne qu’en tant qu’arme, contrairement à ces précédents possesseurs. Il est aussi assez amusant de constater que c’est elle, une épée-démon, et non un humain qui se pose les questions existentielles typiques du genre « D’où viens-je, où vais-je, qui suis-je etc… » Bref, personnage fort réussi.
Pour ce qui est des relations entre eux, on va dire que c’est mitigé… Pour Aria et Cécily, pas de soucis, on sent bien qu’elles vont devenir amies « à la vie à la mort », et hop, c’est plié. La relation Liza/Luke est la plus complexe (pas trop non plus hein, faut pas rêver). Ils vivent ensemble, Liza veille sur Luke comme une mère, mais ce dernier installe une certaine distance qui ne sera expliquée, encore une fois, qu’à la fin de la série (j’en ai marre d’écrire à la fin ou derniers épisodes…). Et enfin, la relation entre Cécily et Luke… Alors, ça crève les yeux pour tout le monde (et je dis bien tout le monde) qu’il se créé un lien entre eux. Sauf que ces deux abrutis ne s’en rendent pas compte une seule seconde. Eh ben du coup, ça n’avance pas… Alors que la série aurait pu gagner vingt fois plus d’intérêt si une romance s’était instaurée, on décide de laisser les choses stagner. Et c’est bien là le gros défaut de la série.
Car c’est un fait qu’on ne peut réfuter : ça n’avance pas. Le scénario existe, mais il se passe tellement peu de choses intéressantes en rapport avec la trame principale, qu’on l’oublie. Les seules choses dignes d’intérêt sont les combats, mais on y reviendra. Avec un univers pareil, on n’attend qu’une chose : que l’on développe une histoire sur le long terme, qu’apparaisse une quête, ou bien des conflits entre états… Mais non, rien. On reste cantonné à une ville, où il va se dérouler des évènements qui seront pliés en deux temps trois mouvements. Je retiens surtout cet arc avec la dénommée Charlotte, gamine insupportable. Cette partie de l’histoire (et encore, si on peut appeler ça une histoire) ne sert qu’un seul prétexte : le fan-service. On se retrouve avec une loli avec des gardes du corps loli, un épisode où tout le monde se trouve habillé en maid (une aberration pour l’époque) sans oublier le passage aux bains, histoire de respecter le quota de blagues douteuses sur la poitrine des jeunes filles… Là pour moi, c’était l’overdose. J’ai bien failli arrêter de regarder la série, d’autant plus que les persos les plus intéressants étaient pratiquement absents. Bref, tout ça pour dire qu’on se fait chier. Où est le scénario, bon sang ? Pourquoi on ne s’intéresse à l’histoire principale qu’à la fin? Quel gâchis, franchement… Heureusement, la dernière partie de l’anime remonte tout ça. On entre enfin dans le vif du sujet et ça vaut le détour. On s’intéresse enfin à Luke, à sa relation avec Liza, au grand méchant qu’on a vu que trois fois (ils ont fait assez fort là-dessus, c’est la première fois que je déteste un antagoniste en l’ayant vu si peu de fois)… Bref, on entre dans la véritable histoire. Le problème, c’est que tout est condensé en quatre épisodes. Et quand je pense à ce qu’on aurait pu obtenir comme série si on s’était consacré uniquement à la trame principal que l'on aurait largement pu approfondir en 12 épisodes, j’ai un pincement au cœur… Voilà le gros point faible de The Sacred Blacksmith… Un scénario inexistant … Alors qu’on est dans un univers d’heroic-fantasy … Je vous le dis, ça va se payer cher…
Par contre, il y une chose qu’on ne peut pas reprocher à l’anime : sa réalisation. C’est d’ailleurs grâce à elle que j’ai pu poursuivre l’anime, car il faut le dire : on en prend plein les yeux. Le chara-design n’est pas transcendant, c’est sûr. Les visages sont bons, mais j’ai trouvé les corps un peu maigrichon… Les décors sont pas mal aussi, bien mis en couleurs, mais sans plus. Quand aux effets 3D, à l’animation, aux couleurs, rien à redire. Bon, par contre, la musique, je n’en ai aucun souvenir. Quant aux génériques, ils sont loin d’être inoubliables, mais ça se regarde. Ils mettent de bonne humeur, dirons-nous. Non, si vous devez voir cette série, c’est pour ses combats, absolument superbes. Courts, incroyablement dynamiques, ils bénéficient d’une animation ahurissante pour une série TV. La fluidité est assez impressionnante, et on arrive quand même à suivre ce qu’il se passe. Les plans sont bien choisis, les situations variées. Le combat final de Cécily vaut largement le coup d’œil. D’autant plus qu’avec les propriétés des épées-démons, on a droit à des effets bien trouvés, plus particulièrement avec Aria. Le coup de se projeter vers l’adversaire grâce à la force du vent est une chose auquel tout le monde pense, mais rarement mis en scène. Ici, on y a droit et c’est très bien foutu. Et quand Luke entre en scène, c’est encore mieux. On a droit à de vrai duel d’escrime. Non, de ce point de vue là, il n’y a rien à reprendre. C’est juste parfait. On regrette même qu’il n’y ait pas plus de combats, à vrai dire…
Donc, au final, qu’est que nous retenons de The Sacred Blacksmith ? Seulement trois choses. En premier, les personnages ; et même Cécily, car elle a bien évolué au cours des 12 épisodes. Par contre, on oublie les personnages loli, insupportables (on garde quand même Liza, touchante au final). On retient aussi le dernier arc de la série, qui se consacre enfin à la trame originelle et qui nous offre des révélations dignes de ce nom, à défaut d’être originales. Et enfin, on garde les combats, splendides. Le reste, on peut pratiquement l’oublier, n’ayant aucune influence sur l’histoire principale. Et c’est fort dommage. Avec un univers pareil, il y avait de quoi faire. Malheureusement, tout a été traité en surface. Jamais il n’y a d’approfondissements, comme si le staff en charge du projet avait décidé de jouer la sécurité en nous sortant quelque chose de bateau, alors que l’on aurait pu obtenir une excellente série, même en restant dans le classique, en creusant un peu. Bref, c’est vraiment dommage.
En conclusion, The Sacred Blacksmith est une déception de plus. Et même le nom Manglobe ne pourra y changer quelque chose. Si une deuxième saison sort un jour, je la regarderai tout de même, car si on nous pond quelque chose du même acabit que les derniers épisodes, on aura une merveille. Si vous hésitez à y jeter un œil, dites-vous bien qu’il vous faudra de la patience pour que ça devienne intéressant. Après, si vous ne jurez que par des affrontements, vous pouvez foncer, vous en prendrez plein les yeux. Mais vous vous ennuierez à mourir le reste du temps. Vous voilà prévenu.
Pour la note, j’ai longtemps hésité entre un 5 et un 6. Mais même si j’ai énormément apprécié les combats et la série sur la fin, je ne peux oublier ce goût amer dans la bouche en me souvenant des épisodes précédents. Et là, il n’y a qu’un seul mot qui me vient à l’esprit : quel gâchis. Alors, forcément...