Tokyo Godfathers ou la sacralisation animesque de Satoshi Kon. Poursuivant ma découverte des œuvres de ce réalisateur reconnu comme l’un des meilleurs, j’étais jusque-là assez satisfait sans pour autant atteindre les sommets promis (Perfect Blue). Tokyo Godfathers vient balayer de sa puissante main tous doutes imaginables.
Le fil conducteur est à la fois simple et terriblement accrocheur pour tout ce qu’on va y trouver à côté. Ainsi, le soir de Noël, un petit groupe de SDF, composé d’un travesti, d’une fugueuse et d’un homme dont on apprendra l’histoire au cours de l’aventure, trouve un bébé abandonné enfoui dans les ordures. Nos trois amis réfléchissent alors quant à ce qu’ils devraient en faire et après bien des débats, ils se décident à retrouver les parents du bambin via les quelques indices laissés avec ce dernier. Et nous voilà partis pour une succession de scènes tantôt marrantes, tantôt touchantes, souvent avec cet arrière-goût de « pas mal ».
Vu comme ça, c’est déjà assez sympa. Mais ça ne s’arrête pas là. En effet chacun des trois SDF a eu le droit à un passé largement développé et s’intégrant parfaitement à l’intrigue elle-même (et sans abuser du flashback) et sans abuser du processus du flashback qui a le don de casser le rythme. Déjà pour ça j’ai envie de dire bravo. Mais si en plus ces personnages, outre leur background, s’avèrent attachants, alors là on commence à se dire que les scénaristes étaient particulièrement inspirés. En effet chacun à sa façon va finir par retenir l’attention du spectateur et ça ne peut que nous intéresser encore un peu plus à cette folle aventure à rebondissements et multiples coïncidences (un peu grosses par moment).
Mais ce n’est pas tout. Ce film semble également avoir pour ambition de nous proposer un regard sur la vie de ces personnes sans habitats, leurs habitudes, leurs manières de vivre et la façon dont ils sont vus par nous, nous qui ne réalisons pas notre chance. Rassurez-vous, cet aspect un peu moralisateur n’est pas directement présent, il ne se déclare que par le biais de réactions amusantes (personnes qui se pincent le nez lorsqu’ils passent à côté) ou de scènes véritablement existantes (groupe de jeunes qui vont les tabasser par jeu). Une manière attirante et pas lourde comme on pourrait le craindre de voir ce monde à part entière.
Question réalisation, c’est encore du tout bon. Mises à part quelques couleurs ternes, on a droit à un festival de décors grouillant de vie et de détails bienvenus. Des décors très réalistes donc, qui permettent une meilleure implication dans le cadre présenté. Tokyo est une grande ville où des coins mal famés laissent facilement place à des quartiers riches. L’animation se veut réussie, les personnages se meuvent de manière réaliste et le peu d’action présente atteint un niveau tout à fait respectable. Le chara-design est lui aussi des plus plaisants, bien plus que celui de Perfect Blue pour reprendre cet exemple. Les expressions faciales sont souvent exagérées mais ajoutent au caractère humoristique des scènes. Bref pas grand-chose à redire.
Terminons sur la bande-son somme toute réussie. Les doublages font plus que leur office en collant parfaitement à leur personnage avec cette petite excentricité que j’apprécie tant. Les musiques sont peut-être un peu en retrait mais du peu que l’on entend, on a droit à un travail parfaitement orchestré et renforçant les passages clefs du film.
En conclusion, Tokyo Godfathers est plus que jamais un film à voir, le genre de film parfait pour tous et n’importe quand. Tout y est pour me permettre de dire que Satoshi Kon fait bel et bien partie de ces grands réalisateurs de l’animation japonaise qui auront marqué leur époque et cette note, il le mérite.