Quelle plaisante surprise que fut Uchouten Kazoku, une série qui présente avec malice l’unité d’une famille et la stupidité de tous.
Uchouten Kazoku est l’adaptation du premier tome écrit par Tomihiko Morimi (Tatami Galaxy), par le P.A. Works. L’auteur nous décrit à travers son livre une Kyoto entre réalité et imaginaire où vivent une communauté de tengus et tanukis pouvant changer leur apparence et vivre ainsi parmi les humains. Nous accompagnons au cours de 13 épisodes le quotidien du tanuki Yasaburou, ses tribulations avec en toile de fond la mort mystérieuse de son père.
Yasaburou est montré comme quelqu’un de pas très charismatique ni n’est réputé pour son intelligence. Uchouten Kazoku prend plaisir à utiliser l’expression «stupides par nature» pour présenter les tanukis. Loin d’en faire une caractéristique qui vicie la série, elle permet au contraire de créer une oeuvre drôle et vivante. Plus subtil encore lorsqu’au bout du compte, tous les personnages présentés sont tous sots à certains degrés : que ce soit Benten qui vit comme une déesse puérile, ou bien son maître tengu, ce vioc gâteux. L’humain le mieux approfondi de la série, le professeur universitaire, n’en mène pas large non plus avec sa logique d’ «amour» qui ne convainc personne. Cette composante de la série est importante et donne tout son caractère léger mais hautement divertissant, sans entrer dans la bêtise gratuite et agaçante.
Dans cette atmosphère sans prétention, on peut remercier une galerie de personnages taillés sur mesure et avec intelligence. La manière dont leurs dialogues sont construits, la prestation de leur doubleur, et leur mise en scène : tout s’assemble pour créer des rôles très convaincants. La mystérieuse Benten est un exemple évident mais j’aime à mettre en avant les frères de la famille Ebisugawa, Kinkaku et Ginkaku. Ces incarnations EVIL de Dupont et Dupond ressemblent à s’y méprendre à des vilains cartoonesques, leur introduction durant l’épisode 2 pourra rebuter mais pourtant, malgré leurs actions, ce petit duo arrive à convaincre tellement leurs interactions marchent au poil.
Le thème central de la série, comme son titre l’indique, est la famille de Yasaburou. Tous attachants, tous importants, les frères et la mère de Yasaburou sont effectivement bizarres et différents. Bien que vivant la plupart du temps chacun de leur côté, la série arrive à nous montrer de manière parfois drôle, parfois très touchante, à quel point ils sont tous liés en temps de crise, et à quel point la mémoire de leur père continue de vibrer dans leur coeur. Uchouten Kazoku est la plupart du temps insouciant mais n’est pas dénué de moments poignants.
La direction artistique est excellente, maîtrisée. Les graphismes sont soignés et se détachent de la norme pour mieux appuyer l’imagination débordante dont fait preuve la série. Il est étonnant de voir à quel point les animateurs ont réussis à rendre Kyoto aussi poétique par moments.
Uchouten Kazoku se finit de manière très satisfaisante mais s’avère très/trop court et laisse certains points inexplorés. Néanmoins, pour ceux intéressés par un thème familial que trop peu exploré avec réussite dans les animes, il serait dommage de ne pas céder à l’envie de regarder ce petit voyage plein de sentiments et de folie.