Un hommage au shonen honnête et maîtrisé

» Critique de l'anime Seven Deadly Sins par orphée le poète le
13 Août 2015

Le schémas du shonen classique avait déjà été instauré dans les années 80 grâce à des œuvres phares comme "Dragon Ball" ou "Jojo's Bizarre Adventure".
Durant le début des années 2000, le shonen explose littéralement en s'imposant comme maître des ventes. En France, les trois mangas les plus vendus proviennent encore de cette époque (One Piece, Naruto et Fullmetal Alchemist).
Parmi les manga shonen que je connais, "One Piece" sort en 1997 et renouvelle intégralement le genre, devenant une référence en la matière et battant instantanément et encore toutes les ventes. Reprenant les codes de Dragon Ball (monde fantastique entièrement dédié à l'oeuvre, montée en puissance, héro un brin naïf, techniques spéciales par personnage), il ajoute de nouveaux paramètres. La présence d'un personnage féminin en premier plan qui ne dépend pas des hommes pour survivre et dotée d'une personnalité riche, l'utilisation d'un univers complet, riche et d'un thème alors inédit dans ce type d'oeuvre.
Un an après, en 1998, "Hunter x Hunter" sort, exploitant les portes déjà ouvertes par "One Piece" mais ajoute une dimension psychologique supérieure. Le héros démarrera désormais en bas de l'échelle (Gon) en étant initialement moins fort que ses adversaires. Les combats seront également plus cérébraux et certains passage plus sombre.
En 1999, "Naruto" réutilise un univers semblable à celui de "Hunter x Hunter" mais ajoute une multitude de personnages secondaires travaillés et charismatiques, ainsi qu'une histoire plus sombre encore que ses prédécesseurs.
Puis en 2001, "Fullmetal Alchemist" révolutionne de nouveau le genre et se détourne de ses aînés. Désormais, le personnage principal sera constamment impuissant, l'ambiance sera encore plus sombre, le ton beaucoup plus adulte et les personnages cesseront d'être manichéens. Il exploitera également des événements atroces impliquant des personnages important (le génocide des Ishvals) et des traumatismes intenses (le passé de Scar, de Mustang ou la chimère de Tucker).
Par la suite, de plus en plus de shonen tenteront de profiter de cet âge d'or pour se faire un nom, et pas mal d'entre eux y arriveront (D Gray Man, Fairy Tail, Death Note...), tous apportant leur pierre à l'édifice.

En 2012, l'auteur Nakaba Suzuki sort son manga "Seven Deadly Sins". Il s'agit d'un shonen suivant une trame classique, reprenant tous les codes existant et rendant hommage à ses aînés. Une version animée sortira en 2014 par le studio "A1-Picture" (Sword Art Online, Your Lie In April, Silver Spoon...) qui fait partie de la nouvelle génération de studios d'animation qui arrivent à percer dans le paysage visuel japonais. La réalisation sera confiée à Tensai Okamura, le réalisateur et auteur de "Wolf's Rain" et "Darker Than Black" pour le studio Bones, dont le talent n'est plus à prouver.
L'anime part déjà sur de très bonnes bases avant même de démarrer. Sera-t'il à la hauteur de ses ambitions?

L'histoire de "Seven Deadly Sins" est très classique. Une princesse chassée de son royaume en raison d'un coup d'état monté par les Chevaliers Sacrés, tente de retrouver les Deadly Sins, présumés responsable de la chute du royaume, afin de sauver ce dernier et de libérer sa famille.
Elle est secourue par Meliodas, un enfant à l'allure innocente qui se révèle être le chef des Deadly Sins.
Cette histoire se déroule sur une trame assez courante et sans grande surprise. Il s'agit d'une histoire simple, sans prétention, permettant de rendre hommage au shonen et d'approfondir ses personnage, ce que "Seven Deadly Sins" fait très bien.

En effet, les personnage de cet anime sont particulièrement travaillé. Pourtant très nombreux (8 personnages principaux et une quinzaine de personnages secondaires), aucun n'est laissé à la trappe et tous ont un temps de parole, un passé et une personnalité riche et qui leur est propre. On remarquera que le héros, Méliodas, n'aura pas toujours le dernier mot ni le monopole de la puissance. Un réel travail d'équipe est réalisé. J'ai pour ma part une petite préférence pour les personnages de Ban (le péché de l'avarice) et King (le péché de la paresse).

En ce qui concerne la forme, c'est d'un très haut niveau. J'avais dit dans mes critiques de "Silver Spoon" et "Your Lie In April" que A1-Picture était capable de faire beaucoup mieux en terme d'animation, il me l'ont prouvé dans cet anime avec une animation irréprochable. Je pense que le réalisateur y est pour beaucoup. De plus, le rythme est vraiment maîtrisé rendant l'anime agréable et facile à suivre, l'ambiance est au rendez-vous et les musiques sont toutes très bonnes.

De plus, tel un "Gurren Lagann" vis à vis du méchas, cet anime est remplis de références sans tomber dans le piège d'alléger le contenu afin d'en caler le plus possible. On notera notamment des références aux shonens avec le tatouage d'Ouroboros de Meliodan (FMA), l'arène de combat (Dragon Ball) ou le nom du pays dans lequel se situe l'action (Britania, Code Geass). L'anime fait également des références à la religion chrétienne (notion de guerre sainte et péchés capitaux) et à la légende du roi Arthur.
Cette série ne se prive pas non plus de faire du fan-service et d'amener des passage humoristiques, sans que ça devienne lourd. Elle est effectivement très bien dosée et le décalage créé par des situation ecchi sont parfois très drôles. Il n'est pas nécessaire d'en faire trop pour que ça marche.

Concernant le fond, bien que l'histoire et la trame sont simples et sans surprise, la profondeur des personnages amènes des dimensions intéressantes. On ne peut parler ici de manichéisme. Chaque personnage se comporte de manière humaine et la thématique omniprésente du péché se traduit dans les comportement de tous les personnage et amènent leurs actions. Désir de rédemption, soif de vengeance, regrets, aveuglement, dommages nécessaires, il n'existe pas vraiment de saint ou de grand méchant, tous ayant des motivations justifiant leurs actes.

La nature humaine est également mise en avant dans cette anime. Cupide, perfide, guerrière mais également protectrice, aimante et capable de prise de recul et de remise en question. Certains personnages traverseront différentes postures, montrant multiples facettes, afin d'enrichir leur personnalité et leur rôle dans la série. Mention spéciale pour Gilthunder, Ban, King, Dreyfus et Hellbram.

Un autre gros point fort de cette série est la relation entre les personnages. Que ce soient le carré amoureux (King/Diane/Meliodas/Elizabeth), le désir de vengeance (King/Ban), le désir de rédemption (Ban/Ellaine), la rivalité (GilThunder/Meliodas) ou l'amitié impossible (King/Hellbram), toutes ces relation sont crédibles, du au soin apporté à celles-ci. Ces relations ont presque plus d'importance que les scènes de combats. Pour un manga de type shonen, c'est très important et particulièrement agréable de voir ces relations autant travaillées. Le simple charisme n'est rien en comparaison à la richesse d'un personnage et une opposition est d'autant plus épique que les personnages opposés sont correctement liés.

Finalement, "Seven Deadly Sins" a surpassé mes attentes. Je pensais voir un simple recueil de référence sans prétention et j'ai découvert une oeuvre prenante, très soignée et mémorable. Je recommande cet anime les yeux fermés aux amateurs de shonen, qui retrouveront à travers lui la nostalgie due aux mangas qui les ont marqués. Sans être un chef d'oeuvre hors pair, "Seven Deadly Sins" est un très bon anime et je suivrai sans hésiter une éventuelle seconde saison.

"Seven Deadly Sins": 18/20

Verdict :9/10
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A propos de l'auteur

orphée le poète, inscrit depuis le 13/03/2015.
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