La communication faite au moment de la sortie de Gingitsune avait suscité mon intérêt et me laissait espérer une bonne série mélangeant ambiance contemplative, parcours de vies difficiles et surtout forte présence d'éléments du folklore fantastique japonais.
C'est ce dernier point en particulier qui m'a laissé sur ma faim.
En effet, on ne rencontre que très peu d'esprits différents tout au long de la série (9 en comptant ceux des flashback) et seulement deux apparaissent de manière récurrente. Or, ses divinités n'ont pas de rôles réels dans l'intrigue et pire, elle pourraient parfaitement être remplacées par des humains. En fait, seul Gintarô, renard ancestral, a vraiment un rôle d'esprit car il permet de poser un regard distant et étranger sur l'activité humaine, mais tout les autres peuvent être remplacé respectivement par des fillettes capricieuses ou des vieillards fatigués.
Là, vous vous dites sûrement : il est idiot ce type, il juge une série sur la quantité d'éléments fantastiques qui s'y trouvent et il n'a même pas compris que toutes les œuvres de ce genre ont en fait pour sujet principal l'être humain.
Oui, mais non.
Je veux dire, j'ai bien conscience que la japanimation utilise le plus souvent les yôkais pour mettre en relief notre nature humaine, mais déjà, je pense que l'utilisation de ces même yôkais ne prend sens que si elle apporte un vrai décalage au récit.
Prenez Mushishi par exemple. Dans cette série, le scénario met en valeur l'espèce humaine en l'exposant à une forme de vie totalement différente qui sans chercher vraiment à nuire peut avoir une influence considérable sur la vie des hommes. C'est à la fois l'incompréhension partagée du spectateur et des protagonistes face à de nombreux phénomènes surnaturels et les réactions des humains face à ces même phénomènes qui font de Mushishi une série réussie.
Autre exemple : Natsume Yuujin-Chou qui a pour sujet principal le sentiment d’exclusion. Dans cette saga, le véritable tour de force et d'étendre le sujet en y ajoutant un monde des esprits très complexe, sorte de refuge forcé pour le héros qui développe ainsi le sentiment d'être hors de l'humanité dans son ensemble.
Dans Gingitsune, on a rien de tout ça et l'aspect fantastique n'existe que par le biais des deux protagonistes capables de voir une petites dizaine de personnages invisibles aux autres et de toute façon inutiles à l'intrigue.
Le truc gênant dans l'histoire, c'est cette impression que la série a essayé de se vendre pour sa dimension fantastique alors que celle-ci est au final plutôt discrète et du coup on se dit forcément que les auteurs n'ont pas assumé la véritable nature de leur production et par conséquent leur travail.
Alors qu'il n'y a rien de honteux dans Gingitsune.
C'est vrai, c'est loin d'être parfait, le visuel est un peu fade et le scénario a tendance à s'égarer sur des petites aventures annexes, mais on a quand même droit à une ambiance contemplative qui plaira aux amateurs et à un duo central assez intéressant.
En plus de ça, l'axe principal du scénario qui se focalise sur Satoru, orphelin rejeté par son foyer d'adoption à cause de sa nature étrange (ça ne vous rappelle rien ?) est assez bien traité même s'il souffre d'un cruel manque de personnages secondaires crédibles.
On arrive maintenant à la fin de cette critique et le bilan est plus que mitigé.
Bon, c'est vrai, il ne faut pas exagérer, la série n'est pas insupportable à regarder mais si vous aimez les ambiances contemplatives teintées de fantastique et que vous n'avez pas encore vu Mushishi, Natsume Yuujin-Chou, Kamichu!, Hanada Shônen-shi ou même Uchôten Kazoku (et surement quelques autres), alors précipitez vous d'abord sur ces séries et s'il vous reste du temps après ça, vous pourrez toujours jeter un œil à Gingitsune.
Mais pas avant !