Vexille ou la revisite ennuyeuse d’Appleseed. Ca n’échappera à personne, et les screens le prouvent, l’une des sources d’inspiration la plus flagrante de ce long-métrage est de très loin l’œuvre de Shirow Masamune dont l’esthétique, le chara-design et le développement global ont été repompés. Appleseed était une production sympathique souffrant de plusieurs défauts, le prendre comme modèle est assez étrange et Vexille est loin de l’égaler.
Le seul véritable argument que peut mettre en avant le film est son esthétique somme toute réussie. Usant du cell-shading, l’ensemble se veut plus réussi que le second opus d’Appleseed alors que ce dernier avait déjà placé la barre assez haute. Ainsi les décors s’enchaînent, ne se ressemblent pas et fourmillent de détails en tout genre. Pas grand-chose à jeter de ce côté-là très clairement et les phases de shoot, malheureusement très peu nombreuses, sont somme toute rondement menées avec ce qu’il faut pour emballer le spectateur. Reste que ce constat sera bien vite remis en cause d’ici quelques années vu l’allure à laquelle évoluent les technologies.
Pour autant l’emballage plastique de Vexille n’est pas intouchable. Comptez déjà sur un chara-design totalement loupé. A l’instar de son modèle, les personnages manquent tous de charisme. Les visages sont totalement inexpressifs (ou bien mal modélisés) et beaucoup trop lisses, rien n’y transparaît et rien de tel pour saborder certaines scènes qui se veulent tragiques. De plus, l’animation sans faille durant les passages de gunfights laisse place à une animation bâclée durant le reste de l’aventure et Dieu sait que de la parlote et de la passivité il y’en a dans ce film. Ainsi donc les protagonistes se meuvent de manière non naturelle, réagissent bizarrement et font tâches dans les décors. Sans oublier le travail sur les ombres assez particuliers. Ces dernières sont gérées d’une façon très aléatoire et dans une même scène cette dernière va être sur le côté droit d’un visage, changement d’interlocuteur, retour sur le personnage et là, magie, l’ombre est sur le côté gauche du visage. Le genre de détails sans aucune utilité que j’ai le don de remarquer.
Pour ce qui est du scénario, il ne s’agit que d’une reprise de la question mainte fois traitée du remplacement de l’humain par des robots à deux ou trois variantes près. Se présentant sous la forme d’un conflit politique, on oublie très vite ce fait finalement mineur. Les 105 minutes seront consacrées aux mésaventures d’une femme appartenant à une escouade d’élites américaine qui va être propulsée en plein milieu d’un Japon dévasté. Seulement, au lieu de privilégier la voix de l’action qui aurait sans doute permis un peu d’amusement, et bien là les scénaristes ont décidé de tout miser sur le développement de leur histoire trop classique via des dialogues interminables et navrant d’ennui. Ben oui, c’est pas tout le monde qui peut s’appeler Ghost in the shell, le maître du genre. Bref tout ça pour dire que le film m’a laissé sur le bord de la route dès lors qu’il a décidé de supprimer le peu d’action folle que je m’imaginais. On a bien des courses poursuite et une tentative de suspens mais le manque d’intensité (entre autre dû aux visages inexpressifs) annihile ces essais.
Niveau bande-son, les doublages ne sont pas trop mal et la synchronisation labiale bien fichue mais encore une fois, ça manque désespérément d’un peu de surjeu qui aurait pu rajouter en vie. Les bruitages font eux aussi leur office sans être mirobolants et sont plutôt discrets. Enfin, les musiques sont en sous-nombre laissant une belle part au vide sonore et lorsqu’elles sont présentes se sont généralement des chansons d’un peu tous les genres et même pas mauvaises mais trop courtes et vite oubliées.
Vexille 2077 est une œuvre que je déconseille même à ceux ayant apprécié Appleseed. Trop de blabla, pas d’action, pas de vie, des personnages bien clichés, une intrigue moyenne et une bande-son mitigée : le constat est lourd et sans appel. La réussite esthétique rattrapera de justesse une note qui aurait pu être bien plus basse.