Vol au-dessus d'un nid de coucou

» Critique de l'anime Mayoiga par Rintero le
04 Octobre 2016

C'est pas bien compliqué, c'est moisi un point c'est tout. Le scénar prend la tangente vitesse grand v, et les personnages sont bien trop nombreux. Et puis y'a des faux raccords de partout qui viennent s'ajouter au rythme archi bordélique des derniers épisodes. C'est à se demander si Mayoiga aspirait à autre chose qu'à servir de cible facile, avec ces tares aux allures de poutres apparentes , et une structure un peu plus branlante à chaque semaine qui passe.
Le doute n'est pas permis quand à la qualité de la série, car la personne raisonnable sait... elle sait toujours. C'est bien connu que l'art est une science exacte, que la science a toujours raison, et que la raison est un impératif catégorique, je plie ma check-list et vous souhaite la bonne nuit: Mayoiga c'est caca.

"Pourquoi 6 dans ce cas ?". Eh bien parce qu'enfouie sous la crasse je vois du plaqué or, et si tu creuses encore un peu, tu peux trouver mieux. A vos pioches, haut les cœurs et ne perdez pas espoir.

Mayoiga c'est ce monsieur difforme, repoussant que tu croises dans une ruelle la nuit. Il met la main à la poche, tu t'apprêtes à fuir, et du coin de l’œil tu le vois te tendre un bonbon. Ton instinct te presse de fuir, mais pour une quelconque raison tu te dis " bon pourquoi pas ?". Et le sentiment est satisfaisant, quand tu te rends compte que tout tes organes sont à leur place, et que le bonbon était plutôt bon.

L'expérience est déstabilisante, pour peu qu'on s'y engage avec des attentes bien précises. Mayoiga se présente à son spectateur d'une certaine manière: comme un mystère horrifique, teinté de psychologie (MHTP pour faire court). Ca sent comme un MHTP, ça ressemble à un MHTP, un aveugle vous dirait " mec c'est un MHTP", mais les aveugles ne voient pas, par conséquent leur avis sur la question importe peu. Le fait est que Mayoiga n'est pas un mystère horrifique, teinté de psychologie ( MHTP). Pas que.

Le ton est donné dés les premières minutes du premier épisode. Une bande de joyeux lurons qui chantent dans un bus, la vie tragiquement courte d'un hippopotame. La chanson s’appelle "la chanson de l'hippopotame". Les personnages se présentent, l'un d'entre eux demande à être appelé "Pink goddess", impossible donc à partir de ce moment de déceler une quelconque tension dans ce qui se passe à l'écran. Mayoiga bascule tellement vite dans l'absurde et l'humour perché qu'il me semble difficile d'en attendre quoi que ce soit de sérieux après visionnage du premier épisode.

Il est d'emblée évident que les choses risquent de devenir bizarres, surtout que la déesse rose n'est qu'un échantillon de la folie inhérente au large groupe de protagonistes. Ces derniers sont une des forces de l'animé, faisant de chaque scène de dialogue un échange effréné, surréaliste et bourré d'auto dérision. Un va et viens rhétorique qui permet aussi assez vite de cerner la plus part des personnages, tout en continuant à poser les bases du genre parodié. C'est hilare que j'ai suivi les premiers échanges, pendu aux lèvres des personnages, avide de les entendre raconter encore plus de conneries avec un visage impassible. On passe alors de cliché en cliché: la théorie du traître, du serial-killer, celle du fantôme, un penguin géant, un implant mammaire démoniaque, le tout agrémente de pétages de durite intempestifs. Si vous n'aviez pas encore compris que "folie" était le maître-mot, je pense que c'est maintenant chose faite.

Que ce soit bien clair, je ne pense pas que Mayoiga fasse partie de cette catégorie de divertissement qui prend forme autour d'un échec involontaire. Si l'animé est drôle, c'est parce qu’il est écrit pour l'être, et pour les deux tiers des 12 épisodes, cela fonctionne parfaitement. Malheureusement, aux portes de son dénouement, Mayoiga décide de se doter d'une conscience.

Le passage de la cacophonie totale au mélodrame conscient, est ce qu'on peut qualifier dans le cas de Mayoiga de "début de la fin". Les incohérences scénaristiques passaient encore, pour peu qu'on ait accepté au préalable de se perdre dans le maelstrom hilarant d'ironie et de stupidité qu'était le conflit interpersonnel qui faisait le cœur de l'animé. Malheureusement, l'intrigue finit pas s’empêtrer dans un pathos qui turbine à 100 à l'heure, crachant au visage du spectateur des explications scénaristiques à n'en plus finir, et se débarrassant par la même occasion de l'humour noir et l'absence de restriction qui faisait le charme des épisodes précédents.

Mayoiga aurait du en rester aux balbutiements rigolos au lieu d'essayer de parler comme un grand. L'animé avait quelque chose de spécial, en équilibre constant entre l’absurde et l'absurdement sérieux, suintant le sarcasme et la malice. On finit avec un résultat schizophrénique, pourvu de deux identités contradictoires, ou plutôt mal conciliées. Le chaos n'est alors plus le fruit d'un effort d'écriture, mais bel et bien d'un échec structurel et thématique. Une bonne pioche, mais une déception quand même. Sur ce, je vous laisse.

♫ RURURURURURURURURURURU c'est la chanson de L'hippopotame malchanceux ♫...

Verdict :7/10
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A propos de l'auteur

Rintero, inscrit depuis le 31/08/2016.
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