Il est toujours délicat de faire passer son ressenti sur une oeuvre que l'on considère comme parfaite. Mais avant tout à quoi reconnait t-on une oeuvre réussie ? Comment distinguer un chef d'oeuvre d'une oeuvre réussie ? Pour certains il faudrait que celle-ci se distingue suffisamment afin de s'affranchir de toute subjectivité. Pour d'autres le simple fait d'être parfaitement accomplie de façon indépendante suffirait. Néanmoins la part d'appréciation personnelle prédominera toujours, un jugement n'a de réelle valeur que s'il reflète un avis individuel. Il est donc difficile de l'associer à une objectivité irréprochable. Un chef d'oeuvre en plus d'être accompli en tant qu'oeuvre doit répondre à des critères personnels s'il veut mériter sa dénomination. On ne peut donc pas écarter toute part de subjectivité.
Nous sommes donc rendus là pour parler de White Album 2 et si vous me posez la question, je vous dirais que oui, il a toutes les caractéristiques pour prétendre à ce titre de chef-d'oeuvre.
Slice of Life oblige, White Album 2 consacre du temps à instaurer un climat au lieu duquel se déroule le récit. Pas d'excès singulier jusqu'ici puisqu'il choisit de prendre place dans une école, plus précisément au sein d'un club de musique dont fait partie notre personnage principal, guitariste amateur. C'est tout naturellement que l'aspect musical s'instaure comme partie intégrante de l'oeuvre. Un soin particulier est accordé à la présentation des personnages, encore une fois sans être immuable White Album 2 prend son temps, les acteurs ne sont pas exposés précipitamment. Il nous fait découvrir ses personnages un par un et impose d'ores et déjà un rythme paisible.
De cette introduction s'en suit l'apparition des premiers enjeux, des premiers échanges entre personnages. L'intrigue s'en dégage et laisse apparaître un schéma triangulaire classique. White Album 2 arrive à se focaliser sur l'essentiel, sans faire d'écarts maladroits il propose un développement original et arrive de ce fait à dissocier ses personnages d'un quelconque aspect trivial. Il réussit en dépeignant les émotions humaines de façon authentique à s'écarter de tout les clichés du genre. Par ailleurs le scénario ne s'inscrit pas dans une linéarité temporelle, ce choix de réalisation produit des ressorts narratifs intéressants qui permettent de complexifier davantage les trois acteurs au centre de cette intrigue. Intrigue qui finira par s'étoffer jusqu'à laisser place à un twist final profondément émouvant.
En somme, on retiendra du récit une introduction brillamment maîtrisée ainsi qu'une narration axée sur
l'essentiel. Il en résulte donc des personnages soignés munis chacun d'une réelle profondeur.
Là où White Album 2 va chercher sa singularité, c'est dans son esthétique, son ambiance. La réussite d'un drama comme celui-ci va dépendre majoritairement de l'oeuvre et sa capacité à transmettre les émotions. C'est là que l'animation joue le rôle clé de médiateur. Le chara-design à lui seul ne peut suffire, il doit être mis en valeur pour finaliser cet aspect visuel si important. Une bonne animation est caractérisée par sa faculté à transcrire le récit. Parce qu'il n'existe pas d'histoire sans images, il n'existe pas non plus d'images sans histoire.
Dans ce domaine, White album 2 excelle. J'évoquais la musique comme partie intégrante de l'oeuvre, elle a non seulement un intérêt narratif mais aussi un rôle intermédiaire à jouer entre les personnages et le spectateur. Toujours choisie soucieusement, associée à un visuel réussi elle est en partie responsable de cette transmission émotionnelle si difficilement réalisable. Si l'introduction des personnages - et d'un en particulier - est si bien réussie, c'est grâce à cette dimension artistique. Les plans s'enchaînent de façon fluide et illustrent parfaitement les dialogues peu importe le caractère de ceux ci. Que ce soit rire ou larmes, la série parvient a toucher quel que soient les circonstances. Cet esthétique poussé à son paroxysme parvient même momentanément à s'étendre sur une portée lyrique.
White Album 2, c'est une symphonie d'émotions orchestrée par une réalisation alliant virtuosité visuelle et profondeur narrative. La série puise son essence dans une harmonie flagrante, elle ne délaisse aucun aspect et s'impose ainsi comme parfaitement accomplie.
White Album 2 n'invente rien, on pourrait même dire qu'il respecte scrupuleusement les codes du genre seulement voilà, son accomplissement est tel qu'il se place un cran au dessus et s'illustre d'une
transcendance bien méritée.