Le moins qu'on puisse dire après visualisation de l'intégralité de cette série, c'est qu'elle surfe sur la vague des séries totalement déjantées que l'on voit depuis quelques temps (School Rumble et Ouran High School Host Club pour ne citer que les plus marquantes).
Les gags et l'humour s'enchaînent à 200 à l'heure, pour notre plus grand plaisir et notre amusement. Avec des personnages hauts en couleur quoique peu originaux (exception bien sûr de Sunako), il est clair qu'on n'a pas vraiment le temps de s'ennuyer, chacun présentant son lot de surprise, même quand on pense avoir plus ou moins fait le tour. En dehors du quatuor de bras cassés auquel on a confié la dure mission de faire d'une jeune fille névrosée et parfaitement asociale une véritable lady, on trouve ainsi un bon nombre d'autres personnages intéressants. Mais ceux-ci sont malheureusement largement sous-exploités. On revient systématiquement sur le personnage de Sunako qui est finalement la seule à réellement sortir son épingle du jeu. Les quatre jeunes hommes tiennent un rôle déjà vu et revu, et les autres personnages (la plupart féminins) donnent plus l'impression de combler certains vides en étant maintenus à un rôle de potiches ou de décor pour tenir la chandelle. Ainsi, même si certains personnages semblent éprouver des sentiments entre eux, leur relation est mise en retrait derrière les apparitions toujours explosives de Sunako. C'est d'autant plus dommage car même dans son cas, il semble qu'en milieu de course, les scénaristes aient oubliés le synopsis de base de l'anime, à savoir il faut en faire une véritable lady. Au final, les derniers épisodes ne sont plus qu'un enchaînement de gags (hilarants il est vrai) sans fil conducteur réel; il a bien sûr été tenté de rattraper cette situation sur les tous derniers épisodes, mais de manière maladroite, et une fois que le mal a été fait.
La réalisation n'est pas mauvaise, mais les décors ont tendance au bout d'un moment à tous se ressembler, et l'action ne se déroule plus que dans quelques lieux spécifiques, ce qui manque de variété. Les personnages bénéficient d'un chara-design de qualité, et d'une psychologie propre à chacun, mais qui manque cruellement d'originalité. De plus, je regrette que les quatre héros aient une apparence si efféminée, le point le plus remarquable étant sans doute leurs lèvres gonflées à l'extrême, qui les enlaidissent quand même sacrément. A la longue, on s'y habitue, mais quand même, le choc est dur à encaisser quand on commence le premier épisode. Une bonne idée reste cependant l'utilisation des graphismes SD, notamment pour Sunako: et d'une ça l'enlaidit franchement et permet de se figurer plus aisément quelle image elle a d'elle même, d'autre part, ça permet d'introduire bon nombre de gags (souvent avec des références aux films d'horreur Japonais: Ring étant le plus facilement identifiable).
Les seuls thèmes musicaux que j'ai retenus sont ceux joués lorsque Sunako révèle son vrai visage, et commence à causer la pagaille dans son entourage. On ne peut donc pas dire que ce soir Byzance de ce côté-ci.
Attardons-nous maintenant sur le message que véhicule cet anime (pour peu qu'il y en ait un) : dans une société comme celle du Japon, où tout est normalisé et standardisé, une personne comme Sunako, avec des goûts finalement peu en accord avec ceux de ses pairs a toutes les chances de se retrouver isolée. On se rend vite compte à travers l'anime que le concept de beauté vu par les Japonais et tel qu'il est présenté, est finalement assez matérialiste, et a tendance à enfermer ceux qui s'y soumettent dans une spirale infinie. Sunako semble être la seule qui se révolte face à ce phénomène, et en paie le prix fort sous la forme d'un isolement draconien par rapport à son entourage. Pourtant qu'à bien y regarder, elle possède son propre charme, mais celui-ci est malheureusement inacceptable dans une société où tout est codifié à l'excès. A l'opposé, les personnages présentés comme beau n'ont que ce seul avantage (en début de série du moins, au fur et à mesure des épisodes, les différents comportements changent). Après tout, nos quatre compères sont incapables de faire la moindre tâche ménagère (c'est toujours Sunako qui s'en charge), ils sont particulièrement lâches et prétentieux et passent leur temps libre à ne rien faire d'autre que de se soucier de leur physique, alors qu'ils en souffrent également (même si l'anime présente cela d'une manière assez extravagante). Les personnages féminins ne sont pas mieux lotis, puisqu'en dehors des produits de beautés ou de la manière de plaire aux garçons, elles ne semblent pas savoir faire grand chose. Sunako rappelle d'ailleurs régulièrement qu'elle ne comprend pas comment on peut passer autant de temps à dépenser des fortunes dans des produits qui n'amènent qu'un résultat finalement discutable...
En conclusion, cette série bien que présentant un humour assez efficace pâtit de nombreux défauts qu'il s'agisse de l'animation et du scénario. Néanmoins, si on réussit à oublier ces détails, on passe un bon moment à rire devant les pitreries des différents personnages.
Même si c'est moins visible (et moins crédible), en prenant la peine de réfléchir sur les actions des différents personnages, on pourra voir dans cette série une critique humoristique et déjantée de la société Japonais et des ses codes, notamment dans le domaine de la mode.