Yamato Nadeshico Shichihenge est mon dernier petit coup de coeur. Pourtant l'anime est loin d'être parfait, mais je n'ai pas su résister à son humour mordant et son propos original qui apporte une grande bouffée d'air frais au genre (le shôjo).
En lisant le résumé, je me suis très vite fait le film dans ma tête: une jeune fille effrayante que quatre bishos étincelants (Edward n'a qu'à bien se tenir!) doivent transformer en lady, ça sent le piège à plein nez. Je m'étais déjà imaginé que notre héroïne ne tiendrait pas plus de deux épisodes en mode "cra-cra" et deviendrait vite une princesse courtisée par les quatre damoiseaux, parmi lesquels elle s'éprendra du plus beau, ce qui constituerait finalement la seule vraie intrigue de l'histoire. Mais que nenni! Certes, l'anime aurait pu être plus audacieux encore, mais j'apprécie une chose ici, c'est que transformer la chenille en papillon est un propos finalement assez secondaire, car la chenille se plaît très bien comme elle est et ne compte pas changer! L'anime nous fait très vite comprendre que finalement ce ne sera pas à elle de se transformer et de s'adapter au moule qu'on lui impose, mais à son entourage de l'accepter et de l'apprécier comme elle est.
Oui, le propos peut paraître surfait et naïf, mais pour un shôjo classique, on est bien loin de la norme, assez superficielle il faut le dire, qui veut que nos héros soient toujours beaux et parfaits.
Cependant, on pourra regretter un manque de jusqu'au-boutisme: comme il fallait s'en douter, lorsqu'elle le veut bien (ce qui veut dire tout de même: rarement), Sunako est une vraie beauté. Son chara-design habituel est représenté par une sorte de version "chibi" d'elle-même, souvent simple et mettant en avant son côté effrayant et négligé, mais en conservant un côté "mignon" qui permet sûrement de comprendre comment son entourage la perçoit. Ce n'est qu'en de rares occasions qu'on la verra prendre une forme "normale" et révéler ainsi sa beauté... ça peut être assez déstabilisant, surtout quand sa version miniaturisée est entourée de personnages aux proportions normales (du moins, pour un anime, s'entend), mais finalement on s'y habitue vite.
Puisque j'en parle, je suis restée très mitigée par la qualité visuelle. Il me semble que seuls les personnages féminins bénéficient de traits soignés, notre harem de bishos laissant quant à lui fortement à désirer. Visages féminins à l'excès, lèvres pulpeuses, silhouettes exagérément viriles, je dois avouer que j'ai eu assez de mal avec eux. Ayant jeté un oeil au manga, je ne peux pas reprocher à l'anime un style auquel il a été fidèle, mais en tout cas je n'y ai pas été sensible du tout. Pour le reste, l'animation est fluide, les décors sont beaux, et le mélange de style avec les chibis/SD est plutôt bien vu.
Je suis surprise en revanche par les reproches faits à l'encontre de la musique dans les critiques précédentes. Je l'ai trouvée pour ma part vraiment excellente. L'utilisation de l'orgue et du clavecin est très bien trouvée, et j'ai adoré toutes les pistes avec choeurs, parmi d'autres riffs de guitare franchement excellents qui collaient parfaitement à l'atmosphère de la série. J'ai désespérément cherché à me procurer l'OST, mais si c'est chose facile pour le drama, il semble qu'il n'en existe aucune pour l'anime. Fort dommage, car elle m'a énormément plue: même la musique accompagnant les intermèdes est plaisante!
Les OP en revanche sont passablement mauvais. Musicalement ça se laisse écouter (disons que c'est une question de goût), mais visuellement ça consiste en 90% de bishos dévêtus sur fond d'étoiles et de fleurs, ce qui reflète finalement assez mal le contenu de l'anime à mon sens, quant à l'ending il n'a pas grand intérêt.
L'histoire en elle-même, comme je l'ai dit, se concentre finalement assez peu sur la transformation de Sunako... pour ma part, c'était plutôt une bonne chose, mais nécessairement une question se pose: ça parle de quoi, alors? Et il faut bien le dire, à ce niveau, l'anime manque cruellement de fil rouge, proposant diverses situations où Sunako et Kyohei seront généralement le coeur de l'attention. Pour le dire honnêtement, on pourrait aisément supprimer de cette saison une dizaine d'épisodes qui ne font pas vraiment avancer l'histoire. Encore une fois, difficile d'accuser l'anime qui semble relativement fidèle au manga, lui-même tirant pas mal en longueur, mais il faut bien reconnaître qu'il y a un ventre mou, ce qui est fort dommage. Si vous êtes sensibles à l'humour de la série ou si vous vous attachez aux personnages ou à l'ambiance, aucun épisode ne sera vu en pure perte, mais il faut avouer que ça reste un peu léger...
Au bout du compte, la véritable originalité de cet anime est clairement le personnage principal, car ils n'ont pas lésiné sur sa part de noirceur. Sunako n'est pas une banale gothique introvertie qui écoute des musiques déprimantes et fantasme sur des vampires, non, Sunako partage non seulement une certaine ressemblance physique avec Sadako, l'héroïne de The Ring, mais aime d'amour les squelettes et le sang, collectionne des organes dans du formol, et a pour meilleur ami un mannequin anatomique à qui il manque les intestins. En plus de quoi, la simple vision d'un être beau, trop brillant pour sa noirceur, peut lui faire perdre conscience et créer des saignements du nez intensifs, ce qui rend sa cohabitation avec notre quatuor de beaux mâles particulièrement difficile.
J'ajoute au passage qu'outre son attrait pour le morbide, sa personnalité est elle aussi assez rafraîchissante puisqu'on ne tombe ni dans l'extrême de la tsundere, ni dans celle de la jeune fille timide et larmoyante - Sunako est en fait un personnage assez taciturne et fermé, mais malgré tout attachante à sa façon.
Certes, les personnages secondaires sont quant à eux plus classiques, et certains manquent cruellement de charisme. Kyohei est le beau gosse des beaux gosses, avec la clique de clichés qui s'imposent: c'est le bad boy bagarreur, m'enfoutiste et doté d'un mauvais caractère, mais finalement avec un bon fond - il est celui qui sauve l'héroïne chaque fois qu'il le faut et à qui on a donné une tendance à la gourmandise pour qu'il ne soit pas parfait non plus, mais parce qu'en même temps, la gourmandise c'est pas bien méchant comme défaut. Mais encore une fois, c'est l'aura de Sunako qui donne de l'intérêt à ces personnages: sa relation avec Kyohei est explosive et assez amusante, bien que l'on devine derrière les prémices d'une romance qui ne pointera jamais vraiment le bout de son nez. Et Sunako, justement, n'a pas tellement besoin d'être sauvée (heureusement) et se paie même le luxe de parfois inverser les rôles, ce qui permet de briser les codes. Un peu à la façon d'Ouran High School Host Club, c'est avant tout un petit groupe différent mais très uni qu'on nous met en scène à travers différentes situations.
Les autres bishos sont plus secondaires, et représentent chacun un cliché incontournable du genre: après le bad boy, il nous manque l'intello taciturne et sombre, le dandy coureur de jupons, et le "petit frère kawaii" - avec, du côté des personnages féminins, la veuve excentrique et dévoreuse d'hommes, la jeune innocente qui s'éprend du playboy et la petite amie, fangirl juste ce qu'il faut, au grand coeur, qui défend toujours notre héroïne.
C'est du côté des personnages encore plus secondaires qu'il faudra regarder pour trouver quelques pépites: bien sûr les incontournables Goth Loli sisters, Hiroshi le mannequin anatomique et ses compagnons squelettes et autres personnages moins récurrents et souvent complètement surréalistes.
L'humour est quant à lui explosif et joue sur plusieurs registres, de l'humour noir à un humour plus absurde, parmi certains gags qui deviendront récurrents et qui pourront sembler répétitif si l'on n'y adhère pas, ce qui n'a pas été mon cas et qui représente pour moi l'intérêt majeur de cet anime, en plus de son propos original qui évite de tomber dans certains topoï et ce, jusqu'à la fin, chose que j'apprécie réellement.
Quoiqu'il en soit, peut-être parce que j'ai été très sensible à la personnalité de Sunako et à l'originalité de son univers, j'ai particulièrement apprécié la tonalité et l'ambiance de la série, qui pour moi aurait été vraiment parfaite avec un vrai fil rouge et un meilleur chara-design concernant des personnages dont on vante tant la beauté...
Ma note serait plutôt 7,5.