Masaaki YUASA s'est bâti une solide réputation au fil des années. Le protégé du studio Madhouse s'est fait une spécialité de s'aventurer sur des terrains inconnus. Et même s'il abandonne les projets originaux pour signer ici une adaptation, on lui retrouve encore ce style si particulier sur la déformation des personnages, l'exagération des lignes de vitesse ou encore ces couleurs parfois criardes.
La narration très verbeuse peut heurter au début mais le sous-titrage très bien rythmé de Kaze nous installe dans la série comme dans un fauteuil. Je n'ai pas compris ce choix de débit de paroles accéléré. Au risque de sur-interprété, peut-être que l'auteur a voulu montrer que le temps qui passe s'échappe trop vite... Mouais, je ne vous sens pas convaincu. Moi non plus. Mais il serait dommage que vous vous arrêtiez à ce détail certes ennuyeux pour passer à côté de la plus belle série 2010 et de la meilleure réalisation de YUASA à ce jour.
Pourtant sur le papier, cette histoire de mondes parallèles, de répétition des détails, ne m'emballait pas outre mesure. Les premiers épisodes non plus m'ont fait douter du talent du mec derrière la caméra. Homme de peu de foi que j'étais ! The Tatami Galaxy est un crescendo. Au premier, au second et même au troisième degré, son humour à plusieurs niveaux fait souvent mouche. Mieux, certains des thèmes sonnent classiques et usés jusqu'à la moelle sortis hors du contexte : la liberté, l'amour (physique, idéalisé) ou encore le poids de la norme mais la série arrive à chaque fois à leur donner un nouvel éclairage, à la fois désabusé et sérieux. Oui, ça semble bizarre. The Tatami Galaxy l'est et son premier atout est de réussir à faire tenir dans un équilibre improbable cet assemblage baroque.
Cette série se situe à l'âge si particulier entre l'adolescence et l'âge adulte. Le narrateur découvre l'émancipation, découvre qu'il lui faut construire sa propre compréhension du monde sans nécessairement ne pas s'approprier de façon critique, l'enseignement des autres. The Tatamy Galaxy touche souvent à la perfection mais son caractère parfois hermétique, parfois inutilement répétitif ou qui se perd dans des circonvolutions et surtout un final qui s'inscrit presque en porte-à-faux du reste de la série la font trébucher et rater la dernière marche. D'un minuscule caillou dans la chaussure.