Je tiens à annoncer la couleur dès le départ, je vais être d'une subjectivité ignoble. Ainsi vous qui ne connaissez pas la série, lisez. Vous qui avez adoré la série, lisez. Vous qui avec détesté la série, lisez (ou pas, après tout, se taper un pavé pour avoir le même regard au final est fort déagréable je le conçois).
Revenons aux temps anciens où j'étais jeunette et où, plus essentiellement, j'ai découvert Gundam Wing.
Jadis, sur notre sixième chaîne française, en 1999-00 si ma mémoire ne me fait défaut, fut diffusée le premier anime "intéressant" en tv hertzienne post-Dorothée ; alors même que la série connaît son apogée au pays du Soleil-Levant avec nombre de dojins pour la plupart yaoi (d'ailleurs ceux qui s'y connaissent en culture et social jap savent pourquoi cette année est clée [je l'ai dit à yuyu alias TCooL mais il doit plus s'en souvenir hihi]
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) grâce à la sortie en 97 ou 98 d'Endless Waltz. Phénomène qui toucha la France puisqu'aujourd'hui encore des fans continuent désespérément de mailer la production de M6 afin d'une rediffusion complète tant attendue (heureusement que le double coffret Complete Operations est sorti en hiver dernier).
Afin de comprendre cet engouement (le mien, le sien, celui de nos amis yaoistes), retraçons quelque peu des caractéristiques de la série.
>>Les choix de représentation du monde et l'intrigue Ô surprise ! Anachronisme flagrant, nous sommes en l'an 195 après colonisation et, exemple courant, on se sert d'armes à feu là où on aurait attendu des lasers : qu'importe, cela lui procure un charme indéniable et les puristes trouveront facilement deux ou trois excuses facilement raisonnables. C'est aussi ce qui accentue cet univers avec le nôtre, à l'instar bien entendu des problèmes politiques, sociaux, économiques dont les miroirs sont frappants de fidélité.
Quant à l'intrigue, faussement interprétée "cinq jeunes héros pour sauver le monde" (N.B. : il faut se faire une devise de "la vérité est ailleurs") est moyennement complexe en théorie (ah! le bon vieux coup des destins croisés, les petits mystères clairsemés par-ci par-là pour cause de coupes sauvages de la production ou sadisme des créateurs!). En pratique, il est clairement plus digérable de regarder la série évoluer profondément enfoncé dans son canapé qu'assis sous le gros pif poilu d'un spécialiste de la géo-politique quand on a 11 ans.
Cette intrigue a surtout le mérite de révéler l'é-nor-me personnage de GW = Treize K(h?)ushrenada (c'est comme quand vous écrivez Hjelmslev ou Khrouchtchev XD), au machiavélisme fou et à la classe incoyable. Ce dernier est le noyau autour duquel gravitent l'histoire (la petite et la grande), les thèmes, les personnages. Il est impliqué dans l'avant et l'après an 195, véritable fil conducteur et principal instigateur d'une fin qui, à la fois manque d'originalité et, à la fois est clairement à la hauteur des attentes développées durant le visionage de la série (traduction : faux suspense, gigantesque bataille finale avec plein d'explosions et des morts pleines de sens).
Continuons sur ma lancée des personnages.
>>Les personnages, les thèmes qu'ils impliquent.
Nous voilà enfin au sujet qui intéresse principalement nos amies fanficeuses et yaoistes, ayant bien compris cette spécificité japonaise de prétexter une histoire afin d'y souscrire des psychologies particulières. Bien loin du kitschissime générique français passé culte dès la première semaine de diffusion, nous n'avons pas affaire à de simples étiquettes. Heureusement ! Imaginez une série dont les principaux acteurs ne sont qu'un enveloppe formelle et lisse (ahah, je sais que vous en avez tous une en tête
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...).
C'est ce que nous prouve l'Episode Zero, un complément à mes yeux in-dis-pen-sa-ble où l'on décrypte encore mieux le fameux "pourquoi du comment".
De plus, amateurs d'épique, vous êtes sensiblement servis de ces bonnes vieilles ficelles où le chevalier n'est pas si blanc et le méchant pas si vilain ; mais ont tous des caractères surhumains (c'est fou ce qu'un Newtype peut réaliser...) aux limites d'un certain réalisme. Je note d'ailleurs que l'univers décrit est plus sombre qu'on y pense : tous les personnages défendant la paix par le dialogue sont morts à l'issue de GW (à l'exception de Réléna *snif*). Ceux qui survivent ont les bourses pleines et/ou du sang sur les mains. Sans compter qu'il y a une suite (Endless Waltz et fin de l'épisode Zero) et une série qui a carrément été créée en reprenant ce même monde : preuve d'une vision pessimiste voire réaliste *soupir*.
Il y en a quand même un que ça répugne de tuer malgré son volontariat plus que vif dans la guerre et dans la "cause" (à savoir la destruction d'OZ, le rétablissement de la paix) :
Quatre Raberba Winner.
Même si j'échappe au détaillage classique des personnages importants, il m'était tout bonnement impossible d'éviter mon "Katoruuuuuuu-samaaaa" pour les intimes.
Tout d'abord intéressée par l'incroyable beauté du latin (autrement dit Trowa...marrant comme le Japon renvoie une fabuleuse image romantique des jeunes hommes français...bizarre, j'en ai vu qu'un pourtant
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...), je m'en suis détachée peu à peu, étonnament attirée par ce blond, volontairement "féminisé" par les auteurs pas bêtes tentant de rendre Gundam Wing accessible à tous et à toutes (merci d'avoir pensé au public à oestroegène
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).
Bien que le yaoi et son fameux chemisier rose aient fait de lui ce qu'on peut très vulgairement appeler une "tapette", il est de loin le meilleur pour moi
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Il se distingue en recherchant le moins possible le conflit, véritablement désolé des morts qu'il cause (enfin pas quand il avait 13 ans m'enfin) ; ce qui est loin d'être le cas de ses compères où l'émotion ne filtre qu'à grand peine si ce n'est pour éclater d'un rire malsain (cf. Heero, censuré à l'époque pour la diffusion tv). En outre, il est le moins solitaire des pilotes (donc moins chiant), le plus souvent accompagné de 40 Maganacs, rien que ça, unité arabe commandée par Rachid et d'une importance cruciale dans les motivations premières du jeune Winner. Ils le nomment toujours "Maître Quatre", si c'est pas classe ! (cf.Episode Zero).
Et puis ce que j'adore surtout chez lui en dehors de son impolitesse grandiose quand il commande (ah, pas de discussion, toi tu fais ça, toi tu fais ça, vala XD), c'est l'évolution de son psychisme:
-à 4/6 ans, cf.photo avec son papounet, le petit garçon aaaadorable et gentil et mignon à croquer;
-à 13 ans, la tête à claque, horrrible, j'a-do-reuh, le vrai ado colérique.
-à 15 ans, n'hésite pas à risquer son héritage pour partir faire la guerre (la tronche du père, c'est trop fort).
-à 15 ans et quelques mois, pique une forte colère
et s'en va détruire gentiment quelques colonies quitte à tuer un ou deux potes pilotes au passage
.
:spoiler:
-à 17 ans, malheureux en paperasse, heureux en amour avec Tro...je m'égare, heureux quand il utilise ses magnifiques dons de stratège.
Et puis il y a ce que je n'aime pas, en dehors de son goût vestimentaire discutable : cette *bip* de réplique finale "sans alcool pour moi". Choc. Etait-on obligé de tomber dans la caricature, je vous le demande? Bizarre. Je l'aime quand même, rien que pour tous ses antagonismes (et son fric). Enfin quelqu'un qui hésite pas à assumer son hyper-sensibilité quitte à se faire pourfendre le coeur (au propre cf. fin et au figuré) : chose plus que rare dans le monde fictif autant que réel <_< <_< .
:spoiler:
Ouuuuuh, j'écris un peu trop peut-être :unsure: [-blush]
Pour finir rapido presto, GW a le mérite d'être un série dont on a jamais fait le tour (pour preuve le nombre ahurissant d'essais que l'on peut trouver sur le web et y en a encore qui en écrivent^^°), qui m'a fait un bien fou dans une époque audiovisuelle faible et a permis à ma personne prépubère d'avoir quelque minime intérêt pour les choses politiques.
J'entends souvent dire que ce qui est réellement aimé c'est le "phénomène" Gundam Wing (les discussions sans fin, les ffics, les doujins, etc) plus que la série tv qui, on doit bien l'avouer, présente des faiblesses techniques.