C’est parti pour un nouveau bilan anime. 2023, c’était une année très chargée en termes de sorties, des productions dans tous les sens et globalement, beaucoup d’anime de qualité sont arrivés. En tout cas, j’ai eu l’impression que c’était l’année la plus riche depuis longtemps, amorcée par la saison d’automne 2022. Bien sûr, il y a un paquet de show médiocre, mais avec la quantité, on a de quoi trouver chaussure à son pied dans tous les genres. Par contre, il a peut-être manqué une série phare, la série d’exception. Je n’ai pas rencontré une série que je considère parfaite cette année. Comme toujours, je ne parle que des séries finies en 2023, je ne parlerais donc pas des excellents
Frieren et
Carnets de l’Apothicaire par exemple.
Personnellement, 2023 a été l’occasion d’un retour en salle pour ma part. 4 films d’animations japonaises vu au ciné cette année, clairement mon nouveau record. C’est plaisant de voir de plus en plus de films sortir chez nous. Bien sûr, il y a eu le retour de
Miyazaki avec
Le Garçon et le Héron qui m’a laissé sur ma faim en termes d’émotions et d’émerveillement avec son héros antipathique qui sort des standards
Ghibli. La production était impressionnante, mais le découpage en tableau de la narration m’a un peu dérangé. L’autre grosse production, c’était
Suzume de
Makoto Shinkai. Un film que j’ai bien apprécié dans l’ensemble. C’était un sympathique road-trip à travers le Japon qui ne baisse pas de rythme. On dira que c’était mon film de l’année en salle.
A côté, on a eu deux productions plus modestes avec
Le Château Solitaire dans le Miroir et
Le Grand Magasin. Le premier nous parle des difficultés de l’adolescence et son mal-être sous toutes ses formes y compris les plus sombres. Le film met du temps à se mettre en place mais nous offre un final réussi et riche en émotion. Il manque tout de même un peu d'approfondissement et reste trop en surface. Le second est bien plus léger, on est proche des contes de Noël. C’est un film jeunesse, avec une réalisation dynamique, une belle direction artistique et des personnages hauts en couleur.
L’autre point particulier avec 2023, c’est le retour des animes d’actions après une année 2022 un peu plus sage. Au premier plan, nous avons évidemment
Jujutsu Kaisen. C’était impossible d’y échapper cette année. Les scènes de combats étaient tout simplement incroyables pour une production télé. J’ai tout de même été un peu gêné par le manque de consistance des visuels dû au mélange des différents styles d’animation. Cela donne un rendu que je trouve parfois brouillon, comme inachevé. Un peu comme la narration qui n’est pas aidée par la multitude de personnages secondaires qui interviennent dans l’arc Shibuya. On perd un peu trop de vue nos protagonistes alors que ce qu’ils vivent est très intéressant et on aurait pu mieux capitaliser sur les traumas de
Yuji par exemple.
Mais à côté du mastodonte, on n'est pas en reste.
Demon Slayer continue de faire du Demon Slayer.
Tokyo Revengers nous prouve encore qu’il est capable du pire (arc
Black Dragons) comme du meilleur (arc
Tenjiku) et que quand il veut, il peut apporter son lot d’émotions et une animation correcte.
Par contre,
Bungo Stray Dogs, nous a proposé un arc scindé en deux saisons qui était irréprochable. Une fois lancé, c’est difficile de s’arrêter. Cette série sait faire monter les enjeux à un niveau incroyable tout en gardant sa cohérence. On a eu le droit à d'excellents antagonistes, de bons dialogues et des scènes d’affrontements mémorables.
Pour finir sur le segment action, le petit nouveau qui rejoint le groupe, c’était
Hell’s Paradise et son univers unique, son bestiaire particulier et ses personnages charismatiques. C'est plutôt cool à voir cette idée de Survival Game pour des criminels aux prises avec des entités divines et monstrueuses. Elle n’est pas parfaite, son scénario est classique avec quelques facilités, mais j’ai trouvé qu’elle avait du cœur. J’attends la saison 2!
Côté Fantasy, l’année est assez calme.
Danmachi nous a tout de même offert une très belle prestation avec son meilleur arc où l’on est assailli par le désespoir tout du long. J’ai beaucoup aimé l’ambiance oppressante et j’ai apprécié de voir l’équipe de notre héros se débrouiller sans lui. Mais ce que je retiens, c'est surtout le travail sur le personnage de
Lion était un plaisir à suivre, le combo passé tragique, dépassement du trauma, c’est toujours efficace.
Au niveau Isekai, la seule nouveauté que je retiendrais, ce serait
Handyman Saitou in Another World. La série a une bonne production, des personnages attachants et se démarquent par sa narration à tiroir que l’on trouve peu dans la japanimation.
Eminence in Shadow quant à lui, réussi son pari : celui de ne pas se poser de limite, en particulier dans sa saison 2. Le héros est dans son petit monde, surpuissant. Tout ce qu’il dit se réalise. L’anime est là pour qu’on s’amuse sans se prendre au sérieux. Il ne faut pas chercher de cohérence ou de scénario, juste profiter du spectacle. C’est une comédie qui fonctionne et qui proposent de bonnes scènes d’action.
Sinon, je n’ai pas été convaincu par le retour de
Mushoku Tensei, on verra sur la seconde partie. Cela tient en grande partie au fait que la saison se concentre sur
Rudy le détestable et sa quête de la quéquette. On a oublié les aventures pour s’enfermer dans une école de magie.
C’est un problème assez similaire que l’on retrouve dans la nouvelle saison de
The Ancient Magus Bride.
Chise se retrouve à l’université et on y reste pour élucider un mystère qui met du temps à se mettre en place et qui est bien moins passionnant que l’exploration de cet univers et la rencontre avec les êtres imaginaires qui le peuple. Mais, la série reste bonne, j’en voulais juste un peu plus au vu du potentiel.
Non mais en vrai, l’année en Fantasy était cool, il fallait juste plonger du côté des Shojo! On avait le rafraîchissant
Sugar Apple Fairy Tale avec ses confiseurs et ses fées ainsi que
La Princesse et la Bête avec ses conflits politiques et sociaux.
Sugar Apple a de beaux visuels, des drames de tous les côtés, de la romance, un peu de combat, de la politique et surtout un joli charme. Elle a quelques longueurs, des intrigues un peu artificielles mais elle a surtout
Anne, une brave héroïne qui n’abandonne jamais! Avec
Saliphie, la Princesse de la Bête, elles font la paire des protagonistes que l’on veut voir réussir, que l’on veut soutenir et protéger, et qui pourtant n’en n’ont pas réellement besoin tellement leurs convictions leur font surmonter tous les obstacles.
La Princesse et la Bête ne bénéficie pas d’un gros budget, ça se voit. Mais, elle possède une histoire, des intrigues politiques, des personnages attachants et tragiques. Elle traite du racisme, de l'acceptation de soi, de la quête d'identité...
Il est temps d’entrer dans la catégorie qui a brillé cette année, à savoir la science-fiction. C’est là que l’on retrouve les meilleurs titres à une ou deux exceptions. On a eu l’embarras du choix et on se retrouve vite à faire le difficile.
Tsutomu Nihei nous propose
Kaina, une série avec un univers particulier, dépaysant, plongé dans le froid et le vide, mais une histoire forcée et des personnages un peu stéréotypés.
Witch From Mercury, nous a donné une série de méchas au top de la production, mais son univers bancale et ses personnages aux comportements étranges nous sortent de l’histoire. Il y avait aussi
Goodnight World, de la SF qui nous parle d’IA et de monde virtuel qui malgré ses côtés edgy m’a séduit par ses concepts bien développés.
Trigun Stampede est au final une bonne surprise avec son festival visuel, probablement la série japonaise en CGI la mieux réalisée à ce jour. Le boulot sur l’acting des personnages et sur les perspectives est impressionnant. Il est cependant difficile de faire abstraction de la série d’origine quand on regarde ce prequel (oui c’est un prequel!). On a un profond changement de genre, on est dans la SF pure, fini le western et la comédie. Les personnages sont bien différents car ils n’ont pas encore vécu certaines épreuves qui arrivent à la fin de la saison. Pourtant, le résultat est bon. L’émotion est là, le spectacle aussi. La nostalgie nous empêche juste de l'apprécier pleinement parce que ce n'est pas tout à fait le
Trigun qu'on connait.
Continuons sur du Post-Apo avec
Heavenly Delusion. On est clairement sur une des claques de l’année au niveau animation. C’était un régal pour les yeux que ce soit les scènes d'action ou d’acting. Le développement des personnages est aussi un des points forts de cette série. La série se démarque aussi par son ambiance, son univers et son ton particulier. On enchaîne des scènes dramatiques avec des scènes comiques de façons assez abruptes ce qui donne parfois un sentiment de malaise qui colle bien à la série. Mais, on peut aussi se poser la question de la nécessité de certaines scènes volontairement choquantes. La série est aussi pleine de mystères avec ses deux intrigues parallèles. Rien n’est vraiment résolu à la fin de la saison et c’est donc un peu difficile de juger l’histoire et de savoir si l’auteur sait où il va.
Par contre,
Pluto, il n’y a pas de doute,
Urasawa avait des choses à raconter dans cette réinterprétation d’
Astro Boy. Je serais tenté de dire que c’était l’anime de l’année. Celui avec l’histoire la plus intéressante qui renvoie à travers la politique-fiction nous parle de la realpolitik. En effet, nous avons un récit d’anticipation qui se centre sur la ligne floue entre robots et humains dans cet univers tout en abordant en sous-texte l’invasion de l’Irak en 2003. Bref, de la science-fiction comme je l’aime, qui n’est pas juste une excuse à des scènes d'action, mais qui arrive à nous faire réfléchir sur notre humanité et les dérives de notre monde actuel. En plus, Pluto arrive à nous émouvoir sur la disparition d’un robot que l’on finit par percevoir comme humain. Et puis
Gesicht, quel personnage!
Tant qu’à poursuivre dans les séries marquantes et fortes en émotions, il faut parler de la seconde saison de
Vinland Saga. Étant lecteur du manga, j’attendais avec impatience ce tournant majeur de l'œuvre qui se détourne de l’action pour se pencher sur les traumas de
Thorfinn et sa manière de les surmonter (merci
Einar) pour finalement choisir sa destinée. C’était du très beau travail à tous les niveaux pour ce pari risqué. On a eu le droit à une profonde immersion dans la vie quotidienne des paysans danois. Comme toujours, des personnages incroyablement bien écrits amènent des scènes poignantes et puissantes. L’histoire d’
Arnheid, c’était la perfection.
Pour continuer sur la lignée des drames, on aurait pu parler du
Pavillon des Hommes qui a un très bon premier épisode, mais je vais plutôt parler d’une série de bagnoles ou plutôt de formule 4.
Overtake, c’est de l’anime de sport, mais on s’en fout un peu. Le personnage principal, il fait pas de sport et n’en fera pas de toute la série, il est photographe. Il observe, il essaie de se reconstruire après une expérience traumatisante, il a le syndrome du survivant. Le placer dans le milieu de la course automobile où les pilotes risquent leur vie était une bonne idée de cette série originale. Cet anime nous donne l’un des meilleurs épisodes de l’année, le neuvième. C’était d’une justesse, ça prenait au tripes, un des moments de l’année. Par contre, j’avoue que la fin qui se recentre sur le sport était nettement plus convenue et moins intéressante.
On s’est assez fait mal au cœur, repartons vers plus de douceur, parlons romance. Je ne vais pas revenir sur l’excellent
Kaguya qui nous a proposé une petite suite très réussie de 4 épisodes. A ce stade, tout le monde sait j’espère qu’il faut le regarder. Abordons plutôt
My Happy Marriage qui commence comme une très belle guimauve avec sa cendrillon sauvée de sa famille par un prince charmant. C’était mignon, attachant, un petit bonheur pour les cœurs d’artichauts. La série brille quand les jeunes amoureux sont ensemble mais perd un peu trop sa lumière quand ils sont séparés, C’est en particulier le cas sur la seconde moitié où le surnaturel et un scénario forcé se mettent sur le chemin du couple.
Dans la même veine, on a
Kubo-san won’t let me be invisible qui met en avant un joli petit couple très mignon et plein de complicité.
Tomo-chan est une fille! est aussi une réussite avec ses meilleurs amis qui se tournent autour. Gros point fort, l’anime adapte l’intégralité de l’histoire, pas besoin d’attendre une chimérique saison 2 pour avoir la fin. C’était aussi une excellente comédie.
Mais pour moi, la romance de l’année, c’était
Insomniacs After School. Déjà la série nous propose de beaux visuels. Le point fort tient dans la relation entre nos deux protagonistes. Tous les deux sont insomniaques, l’une par peur de ne pas se réveiller, l’autre par peur que tout disparaisse pendant la nuit. Ils vont apprendre à se connaître, à se faire confiance, à soulager leurs angoisses et à surmonter leurs peurs. J’ai beaucoup apprécié, le personnage solaire de
Magari qui malgré sa maladie ne se laisse pas abattre et entraîne les autres vers des moments de joie est une perle.
Au rayon des tranches de vie, j’ai eu plus de mal à trouver mon bonheur, c’était un peu difficile d’en trouver cette année. Heureusement qu’il y en avait un qui se place d'office parmi les meilleurs du genre :
Skip&Loafer. Mitsumi, cette campagnarde qui débarque à Tokyo, est adorable. Elle a un franc-parler naturel, c'est un bonheur à voir dans le cadre surexploité des
School Life. La série sait manier avec subtilité l'écriture des personnages et leurs interactions pour nous offrir des beaux moments de vie.
2023, nous a aussi amené son lot d’animes inclassables. Au premier rang, nous avons
Oshi no Ko. C’est un peu difficile de parler de cette série tellement le point de départ est tordu. Elle mélange les genres en allant du mystère, au tranche de vie, au fantastique jusqu'à devenir un anime d’
Idol. Autant lancer le premier épisode pour se faire une idée. Je vous dirais que c’est une adaptation réussie qui nous plonge dans le milieu du showbiz japonais au sens large, milieu qui n’est pas fait que de paillettes. Chose amusante, l’opening de la chanson est devenue la musique japonaise la plus écoutée au monde.
Pour rester dans l’univers musical, je recommande aussi
World Dai Star. C’est essentiellement un anime d’
idol, même si le cadre se situe dans la comédie musicale. La série a des éléments surnaturels qui enrichissent grandement l’expérience. Le pouvoir particulier de l'héroïne était une belle idée, mais je n'en dirais pas plus.
Dans un genre radicalement différent, j’ai beaucoup apprécié
Undead Girl Murder Farce qui mélange mystères, créatures surnaturelles, action, fantasy et époque victorienne. C’est très appréciable de voir tous les acteurs de l’époque victorienne se retrouver (
Arsène Lupin, Frankenstein, Sherlock Holmes…). On a le droit à de longs dialogues bien écrits et bien interprétés ainsi qu’à un peu d’action agréable à suivre. C’est aussi très coloré, j’aime beaucoup la direction artistique et le design des personnages.
Pour finir, j'aimerais parler de
Zom100. Un anime également riche en couleur. Une série de zombie fun où le héros vit sa meilleure vie depuis qu’il est libéré du travail. C’est un plaisir de le voir heureux et de le voir réaliser ses rêves un peu farfelus au milieu d’une apocalypse. La série bénéficie d’une animation (trop) ambitieuse et de qualité pour un jeune studio. Le requin-zombie de l’épisode 5 était incroyable. La série va un peu dans tous les sens sans but clair, mais on s’amuse bien et on prend autant de plaisir que le protagoniste.
Nous y voilà, il est temps de parler de mon coup de cœur de l’année :
Ippon Again!
Je ne peux pas honnêtement dire que c’est le meilleur anime de l’année, faudrait plutôt aller voir Pluto ou Vinland Saga. Ce n’est pas celui qui m’a le plus ému non plus. Mais c’est celui que j’ai trouvé le plus sincère et qui a retranscrit une de mes passions : le judo. Le studio a clairement un petit budget, mais il sait l’employer. Les combats sont bien réalisés et réalistes. On ressent l’énergie de ce sport. On est pas loin du projet passion. L’histoire est classique, mais on n’est pas dans le
shonen, on est dans le sport passion. On aimerait gagner, mais il y a la réalité. C’était presque un reportage fait rien que pour moi dans le milieu du judo japonais.
On ne va quand même pas se quitter comme ça? Sans parler des bouses de l’année? J’ai un peu souffert aussi cette année. J’ai longtemps pensé que
Liar Liar aurait le titre avec son système de jeu plus pété que tout ceux à quoi a pu jouer
Sunraku de
Shangri-la Frontier. Rien n’allait dans cette série, mais elle était relativement inoffensive, elle était juste nulle en fait. Ce n’est pas non plus
Chouchoutés par l’Ange d’à côté qui aura le titre malgré son sexisme affligeant et sa réalisation sans âme. Non, il fallait un truc qui m’énerve bien plus, il fallait
The Kingdoms of Ruin! Une série pleine de promesses au premier épisode avec un univers où s’affronte la magie et la technologie. Mais, ça ne fait qu’empirer à chaque épisode avec son protagoniste exécrable au comportement très discutable. Le “scénario” aléatoire n’aide pas. Malgré tout, on garde espoir, on se dit qu’on peut encore sauver le bousin, on y croit à cette série, mais on va de déception en déception jusqu’au moment où on finit par le prendre pour ce qu’il est un mauvais nanar avec une mauvais production.
Voilà, conclusion rapide, ceux à voir absolument sont
Pluto,
Vinland Saga,
Ippon Again,
Insomniacs After School et
Heavenly Delusion!