Difficile de parler d'un jeu datant de 1999, lorsque l'on voit à quelle vitesse les concepts évoluent, et les graphismes changent. Cela dit, il est indéniable que la série des Final Fantasy recelle de bonnes idées, de bons éléments qui, contre vents et marées, demeurent.
Le huitième opus de la série apparait lors de son explosion. Après un Final Fantasy VI surpassant tout ce qui existait auparavant, et un Final Fantasy VII qui, enfin, permet à la série de s'afficher à l'échelle mondiale comme référence du RPG sur console, le monde entier, en quelque sorte, attendait l'arrivée du huitième volume. Quelle ne fut la déception de tous les hardcore gamers du RPG console, habitués à un challenge de taille et à des codes bien déterminés, losqu'ils virent sous leurs yeux un monde étrange, très moderne et des personnages qui ne ressemblent pas à des héros d'animes. "Mon dieu, Final Fantasy a été tuée par la pensée capitaliste", se dirent-ils tous, hurlant au scandale. C'est à partir d'ici que je prends position, pour défendre mon premier Final Fantasy, celui qui m'a lancé dans le monde du RPG en m'offrant une aventure d'excellente facture.
Plusieurs points méritent d'être étudiés, afin d'évaluer objectivement la qualité d'un jeu : les graphismes, le scénario, la musique, le système et la difficulté.
Commencons par le plus subjectif de tous : les graphismes.
Je les qualifie de subjectif car ce qui, à l'époque, était une véritable tuerie, une bombe atomique, est aujourd'hui lamentable, car une PSP ou une DS sont capables de mieux faire. Quoiqu'il en soit, à l'époque, c'était grandiose, et je dois dire que les cinématiques et les décors précalculés conservent encore un charme indéniable. Pour le coup, Squaresoft ne manque pas d'imagination, et nous propose un monde aux architectures et aux cultures variés, sans jamais perdre sa cohérence. On y croit vraiment.
Les pixels se sont réduis du sept au huit, et c'est avec joie que l'on découvre une multitude de détails que l'on ne pouvait voir auparavant.
Rétrospectivement, c'est à mes yeux indéniable, Final Fantasy VIII est un bon jeu, aux graphismes agréables et aux cinématiques somptueuses.
Le scénario, je l'ai lui aussi adoré. Le personnage principal est tout simplement aussi classieux qu'envoutant. On retrouve le stéréotype du playboy torturé par une adolescence à rallonge et un passé mélodramatique. Vu comme ça, on pourrait imaginer un personnage ridicule, mais non, Squall Leonheart est réellement un excellent protagoniste. Ces accolytes le seront moins, à part la somptueuse Linoa, aussi touchante que délicieuse.
L'histoire évolue dans la logique des RPG de l'époque. Tout commence lors de votre apprentissage au maniement de l'épée (de la gunblade pour être plus précis), et puis, du fait d'un malheureux enchaînement d'évènements catastrophiques gravitant autour de votre humble personne, vous vous retrouvez à devoir sauver le monde. C'est simple, mais efficace, et on s'y croit.
Vous aurez évidemment droit à votre rival, lui aussi assez classe et foutrement balaise. Vous devrez en toute logique croiser le fer avec lui plusieurs fois, et à chaque fois, ce dernier aura appris de nouveau coups, et de nouveaux sorts.
Malgré ma caricature un peu grossière des clichés RPG, je vous assure que l'histoire de celui-ci est excellente, et qu'elle vous fera passé de très bons moments, si vous vous laissez aller.
Les musiques ; je n'ose en parler. Nobuo Uematsu se surpasse en tout point avec cette OST , largement supérieures à toutes les précédentes. Le thème de l'introduction, entièrement en latin, nous fait frissoner de bonheur, s'accordant merveilleusement bien au contexte, et se calant parfaitement sur l'action. La Piano Collection de ce huitième opus est d'ailleurs, à mes yeux, l'une des plus belles de la série. Il existe aussi une réorchestration d'excellente facture que je vous conseille. Le tout s'écoute extrêmement bien en dehors du jeu, et l'on replonge avec joie et délectation dans son univers gracieux
Le système est probablement ce qui a, avec les graphismes, dérouté les puristes de Final Fantasy. En effet, le septième opus bénéficiait du système des matérias, encore aujourd'hui considéré comme le meilleur système de jeu qu'un Final Fantasy ait possédé. Après un tel succès, la déception était évidente, et elle se fit sentir. Le joueur associe des éléments avec des capacités, afin de les monter, de les réduire ; les MP disparaissent pour laisser place à des "sources de magie", dispersées çà et là dans l'univers, et qui vous offrent des quantités bien précises de magie. On passe donc d'un système dantesque à quelque chose de beaucoup plus rudimentaire, de moins élaboré, et surtout, de moins intéressant. Cela dit, cela ne tue pas pour autant le jeu, et au contraire, cela contribue à lui donner un aspect unique, que plus jamais on ne retrouvera dans la série.
Sur le plan de la difficulté, le jeu est tout ce qu'il y a de plus normal. Finit les aventures à rallonge, où l'on est obligé, dès les premières heures du jeu, à faire du level-up pour pouvoir traverser le petit champ séparant l'université du héros de sa ville natale sans mourir. Non, ici, on favorise l'avancée du joueur, afin de ne pas briser l'aspect scénaristique du jeu, très travaillé. Au total : quatre CD Playstation, 60 heures de jeu. Evidemment, les fans tenteront d'obtenir toutes les chimères (relativement nombreuses pour le coup) et de finir toutes les quêtes annexes (peu nombreuses pour le coup), ce qui rallongera un peu la durée du vie du soft. N'ayez crainte, quoiqu'il en soit, ce n'est vraiment pas un jeu difficile, et l'on y évolue sans grandes contraintes.
Pour conclure, je suis dans l'obligation de radicaliser mon point de vue, de cesser de tourner autour de la vérité sans ne jamais la prononcer : j'aime Final Fantasy VIII. Voila.