Des trois premiers Layton, Le Destin Perdu est pour moi sans conteste le meilleur.
Je l'ai fini après un peu moins d'une quinzaine d'heures de jeu (une durée de vie qui bat donc les deux précédents, respectivement 10 et 12 heures pour moi). Enfin, "fini" est un grand mot, j'ai encore des extras à débloquer, quelques énigmes en rab et les mini-jeux à boucler (donc il y a de quoi tirer encore quelques heures...) mais l'intrigue principale, elle, est terminée.
Chaque épisode me semble meilleur que son prédécesseur, tout en restant toujours dans la même lignée (niveau tonalité, atmosphère et énigmes) et ce 3e opus, c'est vraiment l'apothéose. D'abord, parce qu'on s'intéresse à une histoire qui concerne enfin de près notre archéologue préféré, ensuite parce que je trouve qu'on a le parfait dosage au niveau des énigmes. Celles de L'Etrange Village étaient souvent trop orientées mathématiques à mon goût, ce qui fait que j'admets avoir eu plusieurs fois recours à la soluce tellement je galérais. Sur La Boîte de Pandore, c'était déjà mieux, plus éclectique, voire parfois trop facile, mais les dernières étaient quand même particulièrement redoutables - trop, peut-être. Là, j'ai trouvé mon juste milieu. J'en bavais suffisamment pour que ça soit du défi, mais pas trop au point de me décourager ou que ça soit impossible. J'y ai parfois passé de longues minutes, mais je sentais que je pouvais y arriver et cela m'a permis de toujours aller au bout, au prix parfois de quelques pièces mais sans jamais allumer mon ordinateur, et on est d'autant plus fier de soi quand on trouve enfin!
Et puis j'ai trouvé le décor exceptionnel, avec une inspiration à fond steampunk: horloges géantes, voyages dans le temps, décor tantôt vintage, tantôt industriel, couleurs sépias propres à l'unviers, etc. La musique est toujours aussi belle et les cinématiques se font toujours plus nombreuses, pour le plaisir de nos yeux car l'animation est vraiment excellente. Même les passages doublés sont plus importants et même si j'ai toujours eu un peu de mal avec l'idée d'un doublage français sur un gentleman anglais je dois reconnaître que globalement le doublage est excellent - Martial Le Minoux rend vraiment honneur au professeur en l'interprétant, il a une voix calme et posée, mais classe et sympathique à la fois, bref, parfaitement à l'image du professeur. Les autres doublages sont globalement très bons même si j'ai eu parfois plus de mal sur certains, mais ça reste très anecdotique.
Les relations entre personnages sont plus creusées (en particulier l'amitié qui lie Luke au professeur, très travaillée et très touchante) et on apprend beaucoup sur Hershel Layton lui-même et notamment sur l'amour de sa vie. Là, on adhère ou pas mais moi j'ai adoré découvrir ce Layton là, particulièrement touchant. En regardant le trailer du jeu j'avais été bouleversée par la cinématique où on le voit pleurer. La dite cinématique qui est bien évidemment la dernière du jeu, est vraiment poignante. Je l'avoue, j'ai versé ma petite larme, car si les précédentes fins avaient du potentiel et étaient sublimes, elles concernaient de trop loin notre héros pour réellement me toucher (c'est bien connu, plus on passe de temps avec quelqu'un, plus on s'y attache et c'est là que l'empathie intervient). Là, c'est tout le contraire et à voir notre gentleman si désarmé, on le devient nous-même. Je ne dirais rien, sinon que c'est vraiment de toute beauté. De la même façon, Don Paolo se voit affublé d'un rôle plus important que d'habitude et j'ai bien aimé ses interventions. Flora résout quelques énigmes dans l'histoire, bref, tout le monde a son petit moment de gloire.
Je me souviens avoir été assez perturbée en découvrant que l'univers de Layton jouait souvent aux limites du possible et du rationnel, et ce, dès le premier mais aussi tout particulièrement dans le film. Au final, on s'y habitue, surtout qu'il y a souvent une explication qui nous vend le tout pour plausible et que ça ajoute un petit charme au jeu. Mais c'est aussi un bon gros prétexte pour mener le joueur en bateau une bonne partie de l'histoire et s'assurer que nous ne connaîtrons pas le fin mot de l'histoire avant d'avoir fini le jeu, je l'avoue. Certaines ficelles peuvent paraître prévisibles, mais elles le sont rarement. Oui c'est vrai, dans chaque épisode je savais au moment où Layton prononce son fameux "C'est vous!" supposé nous estomaquer, quelle était la personne qu'il allait désigner, et je ne me suis jamais trompée. Mais je connaissais rarement toute la vérité derrière, c'était plutôt de l'intuition!
Avec le recul, l'histoire met du temps à se mettre en place mais ce qui est agréable c'est qu'on ne se rend pas du tout compte sur le coup. Très vite les mystères s'accumulent mais ce que nous pensons être les premières réponses arrivent très vite aussi. Bien sûr, on est happés par l'envie de découvrir Luke 10 ans plus tard, de comprendre pourquoi Layton est devenu si maléfique dans ce futur, et comment Londres est devenue une ville chaotique, sans règles ni lois en seulement une décennie. Et puis, les premiers flashbacks, les découvertes s'accumulent et on est vite happés par l'histoire...
Petit bémol cependant: je trouve qu'on passe beaucoup plus à côté des énigmes qu'avant. Là où à chaque chapitre j'avais pour habitude de n'avoir oublié qu'une ou deux énigmes, j'en avais là souvent 7 ou 8. Autre chose à ce sujet: il y a du nouveau du côté de Mamie Mystère. Sans rien révéler, j'ai trouvé cette nouvelle idée un peu lourde sur le coup, c'est drôle, mais assez lassant. Enfin, rien de très grave rassurez-vous!
Je conclurais en disant que c'est quand même assez dur de finir sur ce jeu. La fin est très frustrante, et d'autant plus que le jeu suivant, L'Appel du Spectre, n'est pas une suite mais un préquel. Alors certes, c'est sympa mais il est vrai qu'on reste sur notre faim et qu'on aurait sûrement préféré avoir la suite directe de cet épisode, sans parler de tous les personnages auxquels nous devrons dire aurevoir, faute d'être intervenus plus tôt dans la vie de Layton.
Quoiqu'il en soit, je le recommande chaudement (après avoir fini les deux premiers bien sûr - même si les épisodes sont relativement indépendants, ça reste une trilogie avec bon nombre de références qu'il serait dommage de rater, d'autant que c'est le fait d'avoir joué aux autres qui rend ce troisième opus si puissant - du moins, en partie) et je l'orne d'un 9,5 bien mérité.