On pourrait croire qu'avec seulement 3 volumes, ce manga se lise vite, et il n'en est rien.
Ayako, évidemment c'est l'histoire d'une femme, sur 23 ans de sa vie, de 4 à 27 ans. Mais c'est aussi une plongée dans le Japon de l'après 2ème guerre mondiale avec l'occupation américaine du Japon, la difficulté des vieilles familles japonaises à s'y adapter, la montée des partis politiques etc...
Donc voilà c'est l'histoire d'une injustice sous fond d'histoire, seul hic pour moi cela a été de savoir discerner les faits réels des faits inventés. Car dans ce manga, Tezuka utilise aussi bien des personnages ou faits réels, que d'autres fictifs ou encore des inventions qui servent à représenter des faits, personnages ou organisations réels etc... Il y a donc de quoi s'y perdre et ainsi ne plus savoir ce qui dans ce manga fait réellement parti de l'histoire du Japon. Cela est quand même un peu gênant vu que c'est un élément majeur de la trame.
Il y a donc Ayako, enfant puis jeune femme qui va servir à nous montrer une satyre du Japon et de ses grandes familles traditionalistes, ainsi que des mauvais côté de l'homme. C'est sûr que cette petite n'a vraiment pas eu de chance, mais je n'ai quand même jamais réussi à la prendre en pitié, voilà pourquoi la fin, même si je la trouve totalement légitime et qu'il n'y avait pas d'autre exutoire, ne me plait pas. Surtout pour la cas d'Hanao Gêta en fait.
Je trouve aussi que la psychologie d'Ayako n'est pas vraiment trop développée, elle ne parle pas, s'enferme au moindre obstacle, bien sûr que c'est compréhensible face à ce qu'elle a subi, mais je l'aurais pensé plus curieuse en fait.
Pour ce qui est du dessin, ce n'est pas tout jeune évidemment, 1972-1973, donc bien sûr le dessin peut choquer certains, pour moi Tezuka a un trait de dessin qui ressemble fortement au style des bandes dessinées belges et françaises, il est très réaliste dans son dessin. Lorsque ses dessins prennent un peu d'écart c'est pour nous montrer un sentiment fort ou pour imager. De plus j'ai beaucoup aimé un passage du 3ème volume dans la maison d'Ayako où il y a un défilement de personnes dans la chambre avec des cases qui s'étendent sur toute la largeur. Je trouve ça superbement fait, comme si on pouvait s'imaginer cette scène en animation, on pourrait même découper les cases et les faire défiler pour voir bouger les personnages, enfin presque, cela reste une image. Toujours est-il que ce traitement m'a vraiment enthousiasmé.
Donc Ayako, un manga "adulte" de Tezuka qui ne m'a pas forcément trop passionné au niveau de l'histoire vu que le personnage principal ne m'a pas trop plu. Par contre la critique sociale m'a bien touchée et au niveau dessin j'ai vraiment été régalée.