Il est extraordinaire de constater à quel point Kazuo Umezu maitrise son sujet quand il est question de psychologie humaine, à quel point la terreur exprimée au travers des dérives de ses personnages paraît physique, presque palpable. Lire un manga de K. Umezu, c’est ouvrir une porte sur ses propres cauchemars, comme il en fera un jour lui-même l’aveu après le succès de « L’école emportée », une autre de ses œuvres, la plupart des adultes tirent un trait sur leurs cauchemars infantiles, lui a gardé les siens, et il leur donne vie dans ses histoires.
Baptism, c’est avant tout un thriller diablement efficace, une sorte de lente descente aux enfers du personnage principal, jusqu’au dénouement final. D’ailleurs, Izumi est particulièrement intéressante de par le fait que c’est la première fois que je vois un personnage de fiction aussi narcissique, machiavélique et destructrice ! Ce sera également pour l’auteur l’occasion, en passant, de distribuer une volée de claques à l’industrie de cinéma et à ses vedettes auxquelles on attribue un culte de la beauté au point de les transformer en narcissiques pathologiques. Un sujet d’actualité aujourd’hui, alors que Baptism date de 1974 !
D’ailleurs, pour un manga de presque 40 ans, je trouve que le dessin s’en sort bien. On retrouve la patte de l’auteur, avec une très nette amélioration par rapport à « L’école emportée » au niveau de certains détails, notamment de l’expression des émotions. En outre, je ne pense pas qu’il faille juger le dessin de Baptism selon des critères actuels. Au final, il s’agit plus d’une question d’habitude à prendre, mais pas d’inquiétude, la transition est loin d’être rude, tant on est absorbé par l’histoire, et ce dès les premières pages.
En conclusion, une excellente histoire, véritablement captivante, qui entraîne le lecteur dans la spirale de l’actrice Izumi Wakakusa et ne daignera le libérer qu’une fois les quatre tomes achevés.