Blue Heaven, c’est l’histoire totalement gratuite d’un massacre. L’affrontement entre des hommes qui n’ont plus rien d’humain dans un navire qui part peu à peu à la dérive. Une bête lâchée dans un espace où elle se sent obligée d’abattre chacun pour survivre. Encore une œuvre de Tsutomu Takahashi qui semble vouloir présenter la soif de sang en l’homme de la manière la plus désintéressée, brutale et macabre qui soit. Y a-t-il quelque chose qui justifie l’expérience ?
En fait dans l’immédiat je serai tenté d’affirmer que non : l’œuvre ne serait qu’un brouillon dépourvu de scénario véritable et esquissant tout bêtement des personnages complètement pervertis dans leur conception du bien du mal et ce qu’il en découle. Il faut cependant avouer qu’il a un quelque chose d’expérimental derrière ce petit récit qui plonge le lecteur dans un espace clos et oppressant grâce au style unique de Tsutomu Takahashi qui nous offre à nouveau des planches superbes.
Ce qui est intéressant, c’est l’idée de penser le Blue Heaven comme un micro-monde avec ses européens, américains et asiatiques et surtout une bombe nucléaire à bord : Le héros est une arme, un animal aux instincts et pulsions meurtrières qui ne pense qu’à sa survie et rit complaisamment devant le massacre. Que faire dans un tel contexte ? Rapidement la situation tourne au carnage.
Un thriller totalement décousu et surréaliste mais décrivant le plus simplement du monde la bête humaine, caricaturée à l’excès, et sa destinée. Pour arriver à cette fin, nul besoin d’un récit ficelé : il suffit de représenter la chose avec style et efficacité.