L’héroïc fantasy possède de nombreux sous-genre dont le dark fantasy. C’est un genre peu traité et qui pourtant ouvre de grandes possibilités scénaristiques. Dans le manga le représentant de ce sous-genre est Berserk, une œuvre mâture qui a su perdurer de sa création en 1988 à nos jours. Qu’en sera-t-il pour Claymore ?
Comme le sous entend la catégorie, Le dark fantasy ou fantaisie noire est un genre sombre et proche de l’apocalypse. Cela se remarque très rapidement notamment par l’aspect réaliste des personnages -à contrario des shônen plus classiques- de l’atmosphère oppressante et par la violence des combats. Il faut dire que depuis l’antiquité les humains sont dévorés par les démons et seule une organisation secrète a trouvé le moyen de leur tenir tête en envoyant des femmes mi-humaines mi-démones surnommées « Claymore » en échange d’une forte rémunération (aucun service n’est gratuit ; même pas pour le bien de l’humanité).
Si les premiers démons rencontrés ont une forme humanoïdes et sont faibles, très rapidement des démons plus puissants feront leur apparition. Chacun d’entre eux ayant une forme bien spécifique. Cependant Nohiriro YAGI semble très portée sur les tentacules en tant que membres ou en tant qu’attaques lorsqu’une partie du corps des démons s’allonge pour devenir une arme. (Est-ce dû à une phobie ? Un traumatisme ?) Même s’il y a une overdose de tentacules, la mangaka fait preuve d’un peu plus d’originalité avec des démons ressemblant à des animaux ou bien s’inspirant de la mythologie occidentale.
Toutes les Claymores portent en elle une tragédie les ayant poussée à rejoindre l’Organisation et devenir un être mi-humain mi-démon. Seulement la partie psychologique n’est pas le point fort de cette œuvre. Du fait qu’il y ait de nombreux personnages et que la plupart meurt ou ne font que passer, la mangaka ne prend pas la peine de les travailler. Ainsi on se retrouve avec des stéréotypes classiques comme la manipulatrice, la stratège, le duo inséparable… ; mention spéciale pour Claire qui regroupe à elle seule toutes les caractéristiques d’un héros de shônen (une tête brûlée se jetant corps et âme dans la bataille sans réfléchir aux conséquences ni à une stratégie et cela au détriment de ses coéquipières car, même si les Claymores travaillent généralement seules, elles peuvent aussi travailler en équipe quand le démon est jugé très puissant. On aurait bien aimé que le scénario s’arrête un instant afin de nous faire découvrir plus en détail la vie des protagonistes avant leur entrée dans l’Organisation ou leur ressentit en tant qu’être à moitié démoniaque. Dans ces conditions il est difficile, mais pas impossible, de s’attacher à un personnage en particulier. L’auteur parvient à mettre en avant tout ce petit monde grâce à de somptueuses illustrations, faisant une ou deux pages.
Le monde n’est pas blanc ou noir. Si certains démons prennent un malin plaisir à chasser les humains, d’autres ne font que se nourrir. Ils ont même une conscience et des sentiments. Ils sont loin de l’image véhiculée par les humains et l’Organisation qui n’a pas hésité à jouer les apprentis sorciers en transformant de jeunes femmes en « monstres ».
Au milieu d’une avalanche de combats, des informations sur l’Organisation et les démons sont distillées petit à petit. Malheureusement ces combats, bien trop nombreux et dantesques souffrent d’un manque de compréhension donnant aux lecteurs l’impression qu’il manque une image afin de comprendre l’action ; il faut donc faire preuve d’imagination afin de recoller les morceaux, ce qui peut être déstabilisant pour les premiers tomes et pourtant permet aussi une grande lisibilité. Par la suite le trait de l’auteur se perfectionne donnant des combats plus complets mais tout aussi fouillis (ce qui est le cas de nombreuses productions shônen).
Claymore ne sera sûrement pas un best seller. Il offre tout de même une œuvre plaisante à lire qui plaira certainement aux fans de Berserk et à ceux qui souhaiteraient découvrir une œuvre plus sombre. Toutefois à réserver à un public mâture.