Dans la grande famille de la Fantasy, il y a une branche, plus adulte et plus sombre, aussi plus élitiste et ambigüe, nommée Dark Fantasy. Cette branche est largement dominée par une œuvre aussi dantesque que violente, aussi dure que le roc et émouvante qu'un coucher de soleil, du nom de B***.
L'autorité naturelle de cette œuvre, que dis-je, de ce chef d'œuvre, a malheureusement tendance à occulter par sa grandeur, tel l'arbre gigantesque de la forêt, les petites pousses qui tente d'émerger.
Je vais donc me pencher sur une de ces pousses, qui semble fragile au premier regard mais en réalité pleine de vie, nommée Claymore, en essayant autant que faire ce peut de ne pas torturer plus cette œuvre qui a tant souffert d'être dans l'ombre du grand B***.
La base de l'histoire
Dans un monde dangereux où l'humanité est constamment harcelée par des démons dévoreurs de tripes, les Claymores, créatures mi-humaines mi-démones, sont les remparts face aux chaos.
Elles font partie de l'Organisation, qui envoie les guerrières à travers les contrées pour tuer les démons, moyennant finance.
Mais on apprend vite que l'équilibre intérieur de ces guerrières peut basculer, en les faisant sombrer dans le Côté Obscur de la Force, ce qui oblige leurs camarades à mettre fin à leurs jours.
Le monde est triste, le monde est dur, l'ambiance est froide et lourde.
Le chara-design
On va parler un peu des humains.
C'est un constat presque drôle, mais en gros pour passer de la Claymore A à la Claymore B, y a juste à changer la coupe de cheveux. Bon, ok, c'est un gros défauts dans beaucoup de mangas en général, mais là c'est flagrant.
Mais le plus marrant, c'est quand même le chara des humains, assez proche de Code Lyoko au niveau des visages. Remarque uniquement valable dans les premiers tomes et qui m'a fait sourire à la relecture.
Les personnages
Malgré qu'ils soient quand même très archétypés, on a des personnages assez attachants, aux destins tragiques, parfois au caractère sombre, effacé, parfois exubérants à la limite de la folie (voir carrément timbrés pour certains).
Il y a beaucoup de personnages, et là où Claymore prend le contrepied sue la Dark Fantasy classique, beaucoup de personnages féminins dont les atouts physiques ne sont pas mis en valeurs.
Et oui, Claymore c'est une histoire de femmes guerrières qui ne sont pas là pour offrir (que) du fanservice aux hommes.
Je vais pas faire un classement de mes préférés, mais Raki par son courage, Claire par sa détermination, Miria par son charisme, Thérèse par sa grandeur, Ophélie par sa folie, Priscilla par sa force, Hélène par son caractère ou Clarisse par son abandon de soi font partie de ceux qui ont parqué le récit.
L'histoire
La base au départ est assez simple, mais au bout d'un moment, ça se complexifie.
Je ne suis pas là pour spoiler ceux qui ne se seraient pas encore penchés sur Claymore et qui lieraient cette modeste critique, donc je vais la faire courte : l'histoire n'est pas si simple qu'elle en a l'air.
Derrière cette chasse aux démons se cache une véritable magouille politico-scientifique.
Les amateurs de titans reconnaîtrons même une source d'inspiration flagrante de la part d'Isayama.
Le scénario ne laisse guère de répit au lecteur, on passe d'un événement à un autre sans trop de transition.
Pas d'interlude, juste l'histoire principale.
Chaque petite pauses ou flashback ayant un intérêt dans la compréhension des événements.
En gros, c'est rythmé.
La baston
Ah bah oui, qui dit guerrière vs démon dit BASTOOOON !!
Et de la bonne baston.
Musclée.
Intense.
Parce que les Claymore c'est pas des faibles donzelles, elles manient mieux l'épée que les soldats, elles n'hésitent pas à se mettre en danger et à pousser les limites pour vaincre, quitte à franchir le point de non retour et à devenir elles-mêmes ce qu'elles combattent.
Le power-up
Parce que c'est un indissociable du shônen de baston et parce que le récit est suffisamment long pour permettre une évolution des personnages.
Ici, pas de power-up à la mord-moi-les-noix-de-coco, c'est assez logique, crédible et bien foutu dans l'ensemble.
Au départ, des ennemis faibles, plus notre protagoniste Claire prend du level, plus on l'envoie sur du monstre plus important. Ensuite quand un élément perturbateur Priscillien vient remuer un peu la mixture, les forces en sommeil s'éveillent, de nouvelles apparaissent, s'affrontent et s'entredévorent, le tout dans un chaos presque sans nom.
Le point négatif, c'est que c'est parfois un peu compliqué à suivre, surtout vers la fin, quand tout commence à se mélanger.
Le monster-design
Parce que pour mieux apprécier un repas, on finit toujours par le meilleur.
Car si on devait relever la qualité principale de Claymore, c'est bien son monster-design.
Ne vous fiez pas aux premiers démons qui semblent tous sortis d'un seul moule, plus on avance et plus l'auteur nous fait découvrir la véritable puissance de son art : les monstres.
Des créatures quasiment inhumaines aux traits effrayants et en même temps presque enchanteurs, la Grâce semble même en avoir touchées certaines tellement le coup de crayon est fin, vivant, détaillé.
Plus on avance et plus les créatures deviennent sublimement infernales.
Eveillées.
Abyssaux.
Destructeur.
Autres créatures inconnues sans noms.
Un véritable régal pour les yeux, du grand art à n'en point douter.
Mention spécial au Destructeur, cette sublime créature.
Je fais un petit détour sur l'adaptation
L'anime ne rend pas hommage au manga, clairement.
Dites vous bien une chose, l'anime finit quand le manga devient intéressant, donc si vous l'avez vu sans lire le manga, courrez lire !!
N'étant pas douée pour les longs discours et les critiques pointues, je vais juste chaudement vous recommander la lecture de cette œuvre.
A celui/celle qui reconnaîtra "l'hommage" à l'auteur dans le titre, je dis : bien vu l'aveugle :P
9/10