Detroit Metal City se moque tendrement des codes du metal et plus particulièrement de sa mouvance black. Vous savez, ces gugus amateurs de déguisements grotesques et de mises en scènes morbides, ces brutes qui incitent les gamins à trucider leur père et à brûler leur mère. Sans véritable trame, DMC opte souvent pour l'équation "un chapitre = un sketch". C'est irrévérencieux (cul, bite, chatte, poil), complètement déjanté et, il faut bien le dire, assez hilarant. Le fait que le héros jongle entre deux "carrières" et deux personnalités (musicien de pop acidulée VS frontman d'un groupe de death metal) ouvre la voie à moult quiproquos et retournements de situations improbables.
Si, d'un volume à l'autre, les gags tombent parfois dans le travers de la redondance, quelques historiettes arrivent à nous tenir en haleine, comme l'aventure du festival ou les guerres acharnées entre groupes concurrents. Cependant, il faut reconnaître qu'on est loin du bon trip musical à la Beck et que les relations entre les personnages n'ont que peu d'intérêt en dehors de leurs ressorts comiques. Certes, DMC défend régulièrement son titre de leader de la scène metal indie tokyoïte, mais l'auteur ne maîtrise absolument pas les ficelles du shônen de musique. Pareil pour l'amourette entre le héros et sa vieille copine de fac : elle n'est qu'un prétexte pour nous faire rire.
Detroit Metal City est assez incontournable de par son humour extrême et l'originalité de son propos. Il n'empêche que que l'aventure manque de liant, de fil conducteur, de psychologie... voire d'émotion. Dix tomes de sketchs c'est long ! Sans compter que le dessins restent quand même sacrément moches. Enfin, c'est avant tout une comédie et sa mission principale est parfaitement remplie : on se marre du début à la fin.