Après être tombé sous le charme de l'Asie Mineure avec Bride Stories, il était temps de revenir sur le premier manga de Kaoru Mori que j'avais survolé autrefois: Emma.

Celui-ci conte l'histoire d'amour entre un jeune noble et une servante à l'époque Victorienne évidemment mis en difficulté par les (très) lourdes conventions sociales de l'époque, pour ceux qui connaissent la période et le contexte.
Très vite, bien que le trait de Mme Mori soit à l'époque encore relativement peu sûr, on retrouve ce qui fera son succès plus tard: Ce que Kaoru Mori raconte donc à l'époque pour la première fois, ce n'est pas une histoire. C'est une époque. Une société.

Seules des recherches impressionnantes sur le sujet et un grand intérêt pour la période ont pu ainsi aboutir à une telle fresque traversant toutes le couches de la population de l'époque et vous faisant ainsi le temps des 8 tomes changer de temps.
Avec Emma, on ne lit pas l’Angleterre Victorienne: on la vit. les usages, les conventions, sociales, la vie du petit peuple, le début des grands magasins et de l'industrialisation... Tout y est.

Mais voilà, l'ennui aurait pu vite s'installer: après tout, sans narration ni scénario, un manga, si intéressant soit-il ne peut vous garder accroché.
Et c'est là que réside donc le deuxième talent de Kaoru Mori: esquisser puis peu à peu décrire des personnages crédibles et attachant. L'histoire a beau avancer à un rythme assez lent et ne présenter que peu de péripéties, ses protagonistes sont tellement sympathiques qu'on se prend vite au jeu de découvrir s'il parviendront à vivre leur amour interdit par la société, à une époque où l'on couvrait les jambes de pianos pour éviter de donner des idées érotiques aux gentlemen!
Pour finir, tout en collant à son contexte, la mangaka ne se laisse pas pour autant engloutir par lui: quelques petites touches d'originalité, surtout parmi certains personnages parachèvent l’œuvre et permettent à l'auteur de laisser s'exprimer sa touche.

De mon côté, ce manga m'a démontré avec brio que quels que soient les couches de vêtements et de conventions sociales dont on les recouvre, un homme restera toujours un homme et une femme toujours une femme.

Des personnages secondaires hauts en couleurs, des protagonistes crédibles et attachant, tout un monde et une époque qui (re?)prend vie pour une histoire touchante. Voilà de quoi assurer le succès d'un manga comme vous en lirez peu.