Entre les draps, c'est un petit yuri qui a su s'imposer comme un modèle du genre sans avoir jamais trouvé le succès qu'il aurait pu/du avoir. Le genre certainement qui rebute bien du monde.
Entre les draps, c'est l'histoire d'un amour impossible entre deux amies, Saki et Minako, un amour à sens unique avant tout. Minako éprouve une passion dévorante tandis que Saki, sans pour autant renier ses sentiments, préfère s'obstiner à enchaîner les conquêtes masculines qu'elle a tôt fait d'abandonner.
Entre les draps, c'est aussi touchant, touchant dans le sens où l'on plaint, où l'on comprend Minako qui ne supporte pas sa situation. Comment montrer encore plus explicitement son désir de créer un vrai couple plutôt que des retrouvailles trop brèves et espacées, telle sera la question qu'elle se posera tout le long de ce court one shot.
Entre les draps, c'est peut être également une vision de la société actuelle. On va en boîte, on couche, et aussi intense fut-ce-t-il, on se lasse, on va voir ailleurs. Mais qui dit voir ailleurs dit passer par le lourd moment de la rupture sentimentale. Une peinture des relations actuelles donc, sans but, sans fond.
Entre les draps, c'est quelques planches dont on se serait bien passé. Représenter le sexe n'est en soit pas un mal, mais quand on retrouve une des deux filles dans une position toute droit sortie du Kamasutra, on se dit que l'auteur, même s'il y a un soucis de réalité, gâche un peu la tendresse, la délicatesse qui émanait du papier.
Entre les draps, ce n'est pas très beau, c'est un dessin irrégulier où l'on peut se dire "Ah ouais pas mal" puis, en tournant la page, se raviser. C'est un style, épuré, très simpliste, mais dont on ne demandait finalement rien. Car on parle d'amour ici, pas de beauté.
Entre les draps, finalement, c'est une île flottante: on savoure sa légèreté et son petit goût sucré qui coule dans la gorge. Rapidement lu mais loin d'être oubliable. On est marqué par cette idylle, tendre et impossible.