Evil Heart est un pamphlet contre la violence et une promotion d’un sport peu prisé : l’aïkido. Le héros a subi une crise familiale à la fois réaliste et alarmante et s’est peu à peu refermé sur lui-même. Il a ainsi développé un caractère quelque peu asocial à l’égard de camarades qui médisent dans son dos. Plus grave, Umeno a une tendance marquée pour la réaction violente et ne parvient souvent pas à maîtriser sa force.
La violence est très bien esquissée par l’auteur qui élabore une véritable problématique. Comment comprendre les sources de la violence chez l’individu ? Comment répondre à la violence ? Le comportement d’Umeno fascine, provoque stupeur et impuissance chez son entourage tellement il dépasse tous les standards en matière d’impulsions agressives. Il est perçu comme un véritable démon par ceux qui ignore tout des ressorts psychologiques ayant engendré son état. L’auteur essaye convaincre le lecteur des bienfaits du sport sur le comportement : ses effets de socialisation, de connaissance et maîtrise de soi, etc.
J’ai beaucoup accroché au dessin des personnages et à la manière dont les planches sont agencées avec jusque ce qu’il faut de texte. Si le style est d’apparence enfantin, Taketomi sait très bien durcir son trait pour représenter la haine dans le regard du héros et Evil Heart se trouve ainsi magistralement balancé entre deux ambiances : un peu d’humour, un peu de romance, de la violence pour beaucoup de tranche de vie.
On pourrait reprocher au scénario de de ne pas suivre le programme mis en place mais si rien n’est finalement résolu, on sait que le héros a désormais les armes pour y arriver. Dans la veine d’un Ki-itchi, Evil Heart est une expérience à tenter car on en ressort avec des rudiments essentiels pour contrer l’un des pires fléaux de la société… et des notions d’aïkido!