L'idée de base de ce manga rappellera à beaucoup le film : L'histoire sans fin. De fait un point fort que Watase a su développer dans ses mangas est l'alliance d'une histoire somme toute banale et d'évènements surnaturels. On suit ainsi une jeune fille qui dans la vie réelle a des problèmes de collégienne ( préparation des examens, conflits parentaux, amitiés) mais qui va s'épanouir dans un univers fantastique où ses responsabilités et ses sentiments seront moins futiles. L'intrigue est aussi assez bien documentée. Elle s'inspire notamment de la très ancienne légende chinoise des 4 dieux du ciel et de la terre et une bonne partie de l'intérêt vient de là.
A la première lecture, le traitement de l'histoire est très agréable. L'humour est omniprésent : les personnages sont souvent dessinés en SD (Super deformed : se dit des personnages représentés en tout petit avec des expressions exagérées) et certains d'entre eux, par leurs remarques idiotes et rigolotes (qui peuvent devenir lourdes) jouent le rôle de boute-en-train. De plus, les dilemnes cornéliens font aussi pour beaucoup l'attrait de l'histoire quand les personnages sont confrontés à des choix entre leur devoir et leurs désirs. Surtout qu'ils ont tous un passé qu'on nous dévoile par flash-back en un suspense qui sait se ménager.
Les dessins de Watase sont plutôt soignés mais je conçois qu'on puisse ne pas les apprécier. Ils sont en effet typiquement shojo et ont une tendance outrancière à mettre en scène les garçons soit en égérie yaoï soit en petit comique. La personnage principale : Miaka est elle-même une héroïne très classique c'est à dire gaie, franche, romantique, naïve, paresseuse, gourmande et un peu ronde. A la décharge de Watase, on peut dire qu'elle a été une initiatrice du genre, donc qu'elle a créé ces caractères binaires et ce n'est qu'ensuite que à visée démagogique, d'autres mangakas les ont réutilisés et qu'ils sont devenus des topos.
Simplement et c'est un avis que je partage avec d'autres amateurs de mangas, Fushigi Yugi ne souffre pas de 2° lecture. Le style Watase s'essouffle apparemment trop rapidemant et les éléments qui avaient fait battre mon coeur la 1° fois, sans que je puisse m'arracher à l'histoire, je les ai contemplés froidement et avec recul en m'essayant à une relecture. Désolé pour les fans, la magie n'a pas opéré deux fois sur moi et le jeu étrange révèle ses ressorts au nostalgique...
On finit par trouver plus affligeant que drôle le total de 10 expressions employées par l'auteur pour tous les personnages surtout pour une série si longue. On n'a plus la larme à l'oeil à la lecture de péripéties devenues exagérément donc grossièrement tragiques. On est lassé des lamentations de l'auteur dans ces mots de fins de chapitre à propos de son manque de confiance. D'autant que Watase manque de tempérance et ne sait pas s'arrêter à temps. Elle avait conclu une première fin au bout de 13 volumes et a fait l'erreur de jouer les prolongations en ressortant les mêmes ingrédient pour une tarte à la crème comptant 5 volumes de plus.
Ce que je dis est aussi valable pour certaines de ses séries plus récentes. Alice 19th et Appare Jipangu utilisent exactement les mêmes ficelles que Fushigi (que dis-je ! à ce niveau-là, ce sont des cordages) pour son intrigue. Le chara-design est à peine modifié et on a une impression nette de déjà vu qui se confirme quand on se rend compte qu'on arrive à deviner la suite des évènements.
Bon, j'ai dit beaucoup de mal de cette série. Restons lucide, Fushigi Yugi est quand même le manga à partir duquel Tonkam a bâti sa collection shojo. Ca reste une référence : un manga à lire (au moins jusqu'au 13° volume<_<). Du même auteur, j'aurais tendance à préférer Imadoki et Ayashi no Cérès.
Pour parler strictement de l'édition française, disons que la qualité d'impression pourrait être meilleure, mais on ne va pas chipoter alors que cet éditeur pratique les prix les plus honnêtes du marché (5 euros seulement par volume, ça soulage le porte-feuille quand on se lance dans une série en 18 volumes). A priori vous ne trouverez plus les couvertures bleues cartonnées de l'image ci-dessus que dans les boutiques d'occasion, cette originalité ayant été supprimée avec les rééditions.