One-shot dont j’ai pas mal vu la pub sur différents sites, la couverture était séduisante.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce manga est une réussite. Dès les premières pages couleur, où le narrateur raconte sa vie comme s’il laissait une trace de son existence, on sent une certaine tension, tension qui monte progressivement au fil des pages. Pourquoi? Parce que l’histoire est noire, dans plusieurs sens. D’abord, on voit un homme commun, à qui tout réussit, dégringoler doucement la pente des enfers pour ne plus jamais s’arrêter. Bien des événements peuvent nous arriver et peuvent changer la vie de n’importe qui. Cette chute lente et douloureuse le conduise à perdre petit à petit tout contrôle de soi jusqu’à franchir plusieurs limites. N’assumant pas du tout ce qui lui est arrivé, Seiichi se laisse progressivement happer par les ténèbres pour finir pratiquement fou. Ensuite, le dessin sombre et agréable accentue cette atmosphère oppressante.
Ce que j’ai aimé, c’est le fait que l’ile semble responsable de l’état de Seiichi. Alors qu’il parait normal sur la plage paradisiaque, il change à mesure qu’il s’enfonce dans les ténèbres de ce petit morceau de terre. Il est certes animé de mauvais desseins dès le début mais Seiichi change également physiquement. D’un homme désespéré, il prend l’apparence d’un tueur en série comme on en croise dans les films d’horreur, à la manière des Jason ou Michael Myers. Mais ce changement s’effectue également à mesure qu’il descend dans la grotte et qu’il affronte le « monstre » qui y habite. Le plus troublant, c’est l’échange de place qu’on peut percevoir. Chaque fois que son adversaire perd un peu plus de terrain, Seiichi gagne en monstruosité. Cette dualité métaphysique se fait parfaitement et naturellement, comme si le narrateur perdait son humanité en même temps que le « monstre » perd la vie. Mais le « monstre » n’est-il pas que le symbole de ce que cache cet homme et qu’il refuse d’avouer? N’était-il pas simplement la manifestation violente des sentiments sentiments refoulés d’un homme qui avait tout et qui n’a plus rien?
Hideout montre donc le changement d’un homme, qui avait tout pour réussir, mais qui perd tout, par négligence, et qui n’assume pas ses actes. Pire, il rend responsable les autres de ses malheurs et s’enfonce un peu plus dans les ténèbres à chaque mauvais choix qu’il fait. A tel point qu’il finit par ne plus pouvoir revenir dans le droit chemin et se condamne lui même à errer comme un fantôme dans le marasme de ses propres sentiments. Mais surtout, il ne se rend jamais compte qu’il sombre dans la noirceur et quand il a enfin un moment de lucidité, il couche ses méfaits sur papier, pour attirer ses proies et refouler sa responsabilité. Et on s’aperçoit que cet homme qu’on déteste, qu’on ne peut pas comprendre et qu’on juge au moindre de ses mouvements, ne cherchait qu’une chose: une famille, celle qu’il a perdu. Finalement, sa culpabilité le ronge silencieusement, inconsciemment, et l’a rendu fou. De bourreau, il passe à victime en quelques secondes, victime de sa nature humaine. On se demande même si cette grotte, où l’action se passe dans sa grande majorité, existe réellement ou si elle n’est pas que la création de l’esprit d’un homme désespéré, dans laquelle il donne libre cours à ses envies.
Hideout est un excellent one-shot, noir, horrifique et triste au final. Seiichi est le reflet d’une société décadente, qui peut basculer à tout moment. Qui est la victime et le bourreau? Personne ne peut le savoir. Ou plutôt, chacun est coupable et victime. A lire de toute urgence.