Judge, c'est un peu comme un plat passé au micro-onde, quand on est étudiant. Il y a un méchant goût de réchauffé d'une saveur que l'on connaît par cœur; mais c'est bon quand même. Enfin "bon", tout est relatif.
Judge, donc, raconte le destin macabre de neuf adolescents se retrouvant dans un tribunal où chacun lutte pour sa survie en tuant des inconnus. Principe déjà évoquer dans Doubt, du même auteur, Judge commence donc par une série de morts et un respect strict des règles d'une voix, alors que notre héros national essaye, bien malgré tout, de préserver tout le monde. Malheureusement pour lui, et, peut être aussi, pour nous, les personnages présents dans cette salle ont d'autres idées : certains essayent de s'imposer, d'autres suivent le leader, les derniers essayent de s'en sortir coûte que coûte. Malheureusement, les personnes sont trop typé, trop de parallèle peut être fait entre eux et des archétypes de l'histoire d'enfermement. D'autant plus que ces même personnages n'ont aucun charisme et leur mort m'émeut autant que celle du premier tondu qui vient d'un manga aléatoire. Non, je ne fais pas la critique de Doubt et c'est bien là qu'arrive le fameux goût de réchauffé de notre plat étudiant. Ne sortant pas de ces rails, Yoshiki n'est en rien innovant aussi bien sur le fond que sur la forme. Les personnages ne sortent pas des cases, l'intrigue est, à quelques petits détails, similaire à l’œuvre antérieur et la conclusion reste la même : divers chemins emprunté pour un final WTFesque. D'autant plus que l'action subit deux rythmes : lors des trois premiers tomes, nous avons droit aux cas de conscience, aux premiers mouvements de cette partie d'échec à neuf et, au final, à un rythme assez lent.
Puis, au tome quatre et une liste de morts plus tard, vient le moment où l'action se décentralise de ce tribunal et où de nouvelles pièces de puzzle arrivent. Es-ce une des neuf personnes qui a organisé cela ? Ou bien une dixième, les reliant d'une façon ou d'une autre ? Pour dire vrai, là où j'avais démasquer le loup de Doubt dès la fin du premier tome, il m'a fallu plus de temps pour comprendre la logique de Judge, car beaucoup trop éloigné de la dite logique. Si j'en avais l'occasion, je pense que j'expliquerai longuement à Yoshiki ma façon de penser sur ce final et mon classement dans la catégorie "fantastique".
Car, oui, pour moi, Judge est une oeuvre incomplète. Pire encore, j'ai cette forte impression d'une fin modifié en cours de route. Bien évidemment, je n'aborderai pas ici mes arguments pour vous éviter le spoil bête et méchant même si le méchant c'est... Comment ça, j'ai une amende du service anti-spoil ? Depuis quand ça existe ?
Bref, c'est avec un enthousiasme peu dissimulé que j'avais accueilli Judge et je doit m'avouer vaincu, Tonogai Yoshiki m'a déçu et je doute le relire un jour. Les personnages enfermé dans deux lignes de psychologie, cette amère impression de relire Doubt et un final qui déçoit sont les instruments de ma future ignorance.
J'aimerai ajouter un point, en post scriptum, vis à vis de la politique de Ki-Oon. Apparemment, cet éditeur à décidé de lancer une ligne de seinen courts et à rythme soutenu. Je ne pense pas que cette politique puisse être efficace dans la mesure où le lecteur lambda va très vite se lasser de ce genre et se détournera peut être de l'éditeur. Par exemple, l'extrait de King's Game, fourni avec le tome six, montre pour moi une volonté d'inonder le public du même registre de manga. Et à force, ça en devient chiant.