Tiré d’un fait divers depuis devenu célèbre au Japon (et notamment sur le net), ce manga sans prétention nous narre avec brio la romance entre Densha, otaku anonyme et la belle Hermès, suite à une rencontre pour le moins mouvementée dans une rame de métro Tokyoïte.
Densha Otoko, c’est avant tout une « love-story » entre deux jeunes personnes que tout (en apparence) sépare et qui n’auraient jamais du finir ensembles. Lui est un otaku pur et dur, qui s’intéresse davantage aux images et productions 2D, possède une collection complète de figurines, s’inquiète peu de la mode ou de son allure en général, préfère passer son temps libre sur les chats et forums du net et est loin d’être riche comme Crésus. Elle est une belle jeune femme d’un rang social vraisemblablement élevé, possède une maison et une voiture, voyage régulièrement à l’étranger, parle plusieurs langues va régulièrement dans des restaurants de grand standing et achète régulièrement des produits de marques de luxe (comme des tasses Hermès par exemple). Autant dire qu’il fallait un sacré concours de circonstances pour qu’il se passe quelque chose entre ces deux là…
Seulement voilà tout arrive et très vite on sent qu’il s’échangera plus que des politesses entre eux. Particulièrement chez Densha, de grands changements vont avoir lieu dans leur style de vie, ainsi le jeune homme va apprendre à davantage se soucier de son allure et de ses tenues, et surtout va devoir s’émanciper de tous ses trésors patiemment acquis au fil des années (figurines et éroges en priorité), même si cette épreuve lui sera comme on s’en doute assez douloureuse.
L’histoire et son évolution sont relativement classiques une fois que Cupidon commence à s’inviter dans la fête, mais on est quand même loin des productions à l’eau de rose pour adolescentes. Ici, tout se fait en douceur, sans surenchère de sentiments, avec un réalisme déconcertant et une bonne dose d’humour.
Car si l’histoire entre Densha et Hermès reste le thème principal du manga, elle ne serait pas aussi vivante s’il n’y avait pas toutes les connaissances du jeune homme croisées sur le net, qui suivent avec assiduité l’évolution de cette relation pas comme les autres et l’encouragent régulièrement en lui donnant de bon conseils pour que tout se passe bien. Véritables anonymes issus de toutes les couches de la société (il y a bien sûr des otakus, mais aussi des salarymen, de jeunes couples fraîchement mariés, des retraités, hommes ou femmes…), on ne sait pour ainsi dire rien d’eux hormis ce qu’on peut voir de leur appartement. Sans le savoir plusieurs d’entre eux se croisent peut-être même régulièrement dans leur vie de tous les jours, d’autant que la communauté de fans suivant cette histoire et participant avec assiduité au chat sur lequel se rend le jeune homme ne cesse d’augmenter tout au long des épisodes (on passe ainsi d’une dizaine de personnes à un véritable rassemblement national en quelques semaines).
Graphiquement le manga déroute car avouons le, de prime abord, c’est moche. Mais plus on avance dans l’histoire, plus on se dit qu’un graphisme plus abouti aurait desservi l’histoire, empêchant le lecteur de se concentrer sur les sentiments des protagonistes et les mimiques des participant au chat. D’ailleurs, ces sessions de discussion sur le net sont régulièrement ponctuées d’une foule d’expressions et de smileys particulièrement réussis et souvent originaux, permettant de parfaitement retranscrire les émotions des personnages.
Si j’avais malgré tout un léger reproche à faire concernant le manga, c’est que l’histoire tourne exclusivement autour de Densha. Au final, on ne sait pas grand chose sur Hermès, et l’on ne peut faire sur elle que des suppositions au vu de ce qu’on peut voir lors des rendez-vous de nos deux tourtereaux…
Densha Otoko, une « love-story » somme toute classique, mais traitée de manière réaliste et mature, utilisant des ficelles originales notamment grâce à la communauté Japonaise du net, et qui a en plus l’avantage de ne pas traîner en longueur puisqu’elle tient sur 3 tomes. A lire absolument.
Je lui mets 8,5/10.