L’incident de Sakai est un recueil de sept nouvelles, dont quatre relatent des faits historiques (période Edo et ère Meiji), et qui finissent toutes de façon dramatique, et entre autre par seppuku que ce soit par honte, pour se racheter d’une faute, pour affirmer jusqu’au bout ses idées, pour protester face aux ordres jugés injustes…etc. Vous voilà prévenus, l’ambiance n’a rien de gaie et d’amusante.

À travers ces récits, la compréhension et les motivations du seppuku paraissent plus claires, à nous occidentaux qui pourrions juger de barbare cet aspect de la culture japonaise. L’incident de Sakai, qui est le nom du premier récit et un fait historique bien réel, invite ainsi à la réflexion sur les différences culturelles à travers le point de vue occidental (français, en l’occurrence) et le point de vue japonais. D’autres dénoncent le pouvoir destructeur et perfide de l’argent, la jalousie, la trahison… et ce qui révolte (et c’est une force de ce recueil), c’est que souvent, ce sont des personnes de valeurs qui en font les frais, ce qui rend les histoires poignantes et font réagir le lecteur. Elles ne laissent pas indifférents.

L’autre atout, c’est le style graphique. Plein d’intensité et d’expressivité, montrant ainsi efficacement les expressions/émotions des personnages, le hiératisme n’a pas sa place dans ce style, le mouvement est roi. Toutefois, quelques défauts sont bien visibles : d’une part, la pondération n’est quelque fois pas des plus naturelles, à travers des corps défiant les lois de la physique (mais c’est peut-être un code voulu pour indiquer l’horreur, mais je n’adhère pas du tout), ou des éléments d’arrière-plan dessinés en une perspective étrange… mais tout ceci reste très peu fréquent il faut être honnête, mais ça m’a choqué. D’autre part, il n’est pas toujours évident de distinguer les divers protagonistes, surtout quand ceux-ci sont habillés et coiffés de la même façon. Mais attention, ce n’est pas tant cette ressemblance qui me gène et qui finalement s’explique par un système de classe et de fonctions des personnes dans la société, mais celle au niveau de l’aspect du visage (nez, front, bouche etc.). Ainsi on a souvent l’impression d’avoir affaire à des clones dans certaines des nouvelles. Et là c’est un problème pour l’immersion, et la compréhension du récit, surtout quand il y a beaucoup de personnages ça devient très fastidieux.

Un petit regret concernant les nouvelles, certaines auraient mérité d’être davantage développées, notamment la première, l’incident de Sakai, qui est intéressante de par son aspect historique et ce qu’elle dégage. Il aurait été intéressant d’accorder plus de place au contexte.

Vous l’aurez compris, des nouvelles dramatiques mais intéressantes par les valeurs qui en ressortent, mises en avant par un style vif et évitant de tomber dans la facilité des répétitions des postures et des expressions faciales, bien que physiquement ce soit parfois ardu de distinguer qui est untel, ça n’en demeure pas moins un recueil poignant (avec des scènes "choc"), et qui invite à réfléchir.