Tarantino se serait inspiré de Lady Snowblood pour faire Kill Bill et sa très belle mariée vengeresse ? Quand je lis ce manga, je comprends pourquoi.
En seulement trois tomes, trois bons gros tomes je le concède, les auteurs parviennent à créer et à nous faire ressentir une histoire. Plus qu’une histoire, un drame, une vie, le drame d’une vie, d’une manière poignante, prenante, car réaliste.
La vengeance, voilà le maître mot de cette œuvre (oui, n’ayons pas peur des mots). Durant cette série, c’est cette vengeance qui va se faire violence à travers le bras de Lady Snowblood. Le bras, mais aussi la parole, car quiconque sait que les mots peuvent être aussi tranchants que des sabres. La vengeance comme unique motivation. Une très bonne motivation à vrai dire, peut-être même l’une des meilleures qu’il soit.
Et pour arriver à ses fins, tous, je dis vraiment tous les moyens sont possibles. Y-a-t-il un sentiment plus tenace et plus efficace que la haine pour y parvenir ? C’est encore cette même haine, et cette intelligence qui la dirige, qui vont façonner ce manga, de sorte à le rendre haletant et viscéral.
Lady Snowblood est surtout un manga psychologique. Sans aller jusqu’à jouer avec les nerfs du lecteur, il est un parfait indicateur du genre humain. Un analyste des comportements car il transmet avec audace les effets des sentiments sur les personnages. Les sentiments, qu’ils soient bons comme mauvais : envie, jalousie et colère, mais aussi amour, confiance et entraide. L’entraide dans le malheur ou dans la haine mais aussi dans des sentiments plus nobles et moins pompeux (©Scalix) comme l’amitié dans sa forme la plus sincère.
Une série qui joue sur plusieurs fronts donc, du plus au moins terre-à-terre ; de l’affrontement basique et sans arrières pensées à des ruses démoniaques servant toutes un même but. Tout y passe : le vol professionnel, le saphisme déguisé, l’infiltration dans les gangs de yakuzas ou encore les usurpations d’identités, femmes de joie comme bourgeoises – maîtresses de maison.
Les affrontements physiques, bien qu’omniprésents, ne sont donc pas la seule chose que je retienne de ce manga. Ce serait presque la moindre. Non pas qu’ils soient inintéressants mais plutôt éclipsés par tous les éléments qui en font le contexte. Un manga mature, intelligent, et qui n’a à mes yeux, pas subi le moins du monde les dommages du temps.