Je le dis déjà dans la critique de l’anime, l’histoire que nous conte le mangaka Shin Takahashi dans Larme Ultime (aka Saishu Heiki Kanojo, aka Saikano) représente une référence pour moi.
Takahashi allie avec génie des émotions extrêmes dans un récit d’une cruauté et d’une tristesse inimaginables. Les personnages, et par conséquent le lecteur, ne bénéficient d’aucun moment de répit. Les souffrances physiques et psychologiques que subissent continuellement chacun des personnages sont communicatives jusque dans la démesure. Larme Ultime est un manga absolument dépressif que je vous déconseille de lire si vous avez le moral fragile.
Le récit est d’autant plus dur qu’une dizaine de pages seulement suffit pour s’attacher aux personnages. Difficile de ne pas craquer pour la mignonne et attendrissante Chise. Difficile également de ne pas s’intéresser au destin du narrateur, Shuuji, dont les pensées contredisent en permanence le comportement. Enfin, difficile de ne pas s’attacher à toutes ses petites vies, ces personnages secondaires tous plus sympathiques les uns que les autres, qui gravitent autour de nos deux héros.
Au début du manga, alors que la guerre fait rage, tout ce petit monde semble vivre à l’intérieur d’une bulle. Les personnages ne voient pas, ou plutôt ne veulent pas voir la guerre en face et agissent un peu comme s’ils n’étaient pas concernés. La souffrance sera alors d’autant plus dure lorsqu’ils seront directement et personnellement confrontés aux atrocités de la guerre. Et faites moi confiance, ils le seront… d’une manière ou d’une autre…
Pour en venir à des considérations techniques, il est indéniable que le style de dessin de Takahashi est particulier et je conçois tout à fait qu’il puisse déplaire. Un temps d’adaptation peut s’avérer nécessaire. Mais, l'effet de surprise dissipé, on tombe sous le charme. J’aurais tendance à dire que le dessin se concentre principalement sur les yeux et ce qu’ils expriment. C’est déjà le cas dans la plupart des mangas mais c’est encore plus flagrant dans Larme Ultime. En fait, l’ensemble bénéficie d’un style et d’un esthétisme unique qui transgresse les canons du genre. En outre, tout comme l’anime, l’aspect crayonné du dessin donne aux pages un caractère particulièrement chaleureux.
Il est difficile de cloisonner Larme Ultime dans un genre particulier. Le shôjo est sans doute la catégorie qui le qualifierais le mieux. Il va cependant beaucoup plus loin que les shôjo habituels. C’est un manga choc, tragique, émouvant et cruel. L’anime l’était déjà démesurément. Le manga l’est encore davantage... Vous l’aurez aisément compris, je suis plus que fan. Indispensable.