Ce soir, je souhaiterais vous parler d'une histoire d'amour.
D'habitude, elles ne retiennent pas mon attention plus que ça. Mais celle-ci est particulière.
A mes yeux, c'est l'histoire d'une solitude. Au début de cette histoire, les personnages sont seuls et isolés, avec tous au fond d'eux mêmes cette foutue soulitude qui nous prend aux tripes. Certes, l'otaku qui est mis en avant est un exemple de solitude ; mais ce n'est qu'une façade, car, à mes yeux, chaque personnage est aussi seul que lui, aussi bien intégrés dans la vie qu'ils le soient tous. Ils parlent tous sans s'écouter les uns les autres, rongés par ce vide qui les entoure et que rien ne peut combler. Derrière l'apparence du phénomène otaku et de l'explosion des chan internets, l'auteur camoufle la réalité encore plus mélancolique de cette solitude que rien n'arrête, celle d'un être humain qui ne sait plus comprendre ni exprimer ces sentiments dans une société où le bonheur apparent est une règle de vie.
Mais.
Un jour, il y a ce train. Lui et elle, la rencontre par excellence, le lieu commun qu'on a tous lu au moins dix fois, l'espèce d'otaku complètement ringard qui on ne sait pas pourquoi fait soudain preuve d'héroïsme pour sauver la jolie fille. Rien de bien surprenant. Sauf que ce grain de sable scénaristique, ce néant d'originalité entraîne la rencontre de tous les personnages autour de cette histoire d'amour qui va se construire.
L'héroïne n'est pas clinquante, elle est d'une simplicité extrême, un peu naïve, d'une gentillesse absolue et qui goûte la vie sans se presser. Le héros est un paumé qui apprend à vivre. Mais tous les autres personnages sont aussi un peu les héros de cette histoire : le temps d'une romance, ils apprennent en même temps que les deux amants
à apprivoiser leurs sentiments. Tantôt mélancolique, tantôt humoristique, tantôt poétique, c'est une progression vers l'humanité qui s'accomplit au fil de l'histoire, et les personnages de papier sont bien plus vivants pour moi par la tendresse avec laquelle ils sont dessinés que la plupart des gens qu'on peut croiser dans la rue.
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Si j'étais objective avec moi même, je dirais que la description que j'en ai faite peut lui donner l'apparence d'une poésie douce amère sur les relations humaines, lui donner plus d'importance qu'il n'en a.
Car, somme toute, c'est un bon petit shôjo bien fait, de très jolis graphismes (ça j'insiste, rien à dire là dessus), une histoire sympa mais ça s'arrête là.
Je m'en fous. Il prend 10. On a tous un Garçon du train ou une Hermès dans notre entourage. Et ces trois tomes ça vaut bien un petit rayon de soleil sur notre étagère.