Il était une fois une princesse d'une grande beauté qui aimait se promener au milieu des champs en chantant "Un jour mon prince viendra, un jour il me dira: désolé, tu ne m'intéresses pas, ta poitrine est trop petite, dégage..." C'est en tout cas ce que lui répondit le prince Ludwig le jour où il la croisa par hasard au détour d'une sombre ruelle, alors qu'elle tapinait pour combler les dettes de son royaume suite à de trop fortes dépenses en produits de beauté...
Fans de Shrek et autres parodies délirantes des contes qui ont bercé notre enfance, ce manga est fait pour vous. En seulement 4 tomes, Kaori Yuki revisite les plus célèbres histoires de princes et princesses, en cuisinant le tout à sa sauce personnelle.
Délicieux mélange entre humour trash, blagues salaces et séquences gores, ce manga n'est pas à mettre entre toutes les mains, à moins de souhaiter traumatiser son/sa charmant(e) jeune fils/fille/frère/sœur (rayer les mentions inutiles) pour les dix prochaines années...
Commençons les présentations par le personnage principal, à savoir le prince Ludwig dont la beauté n'est égalée (voire dépassée) que par son égoïsme et son arrogance extrêmes. Bien loin des princes des contes de Grimm, il écrase ici les autres par son omniprésence, ses raisonnements légèrement tordus (mais pas dénués de logique) et sa capacité innée à se montrer odieux quel que soit son interlocuteur. Toujours accompagné de son pauvre valet (lequel doit creuser le trou de la sécu en calmants, vitamines et autres antidépresseurs), il parcourt le monde à la recherche d'une épouse qui réponde à ses critères de sélection assez rigoureux (et variables selon son humeur à une constante près: le tour de poitrine), ce qui est loin de faciliter la vie de son entourage.
Pourtant, plus on avance dans les chapitres, plus on découvre à quel point il sait se montrer humain et compréhensif vis à vis de ses semblables (même si c'est de manière détournée et imprévisible). Dans le même ordre d'idée, il serait également malvenu de croire que seules les demoiselles à fortes poitrines son capable de secouer son cœur (sans pour autant tomber amoureux, restons sérieux).
Qui dit conte dit princes et princesses. Ces dernières sont ici bien éloignées de l'image pure et naïve livrée pendant des années par Walt Disney et compagnie: elles sont plus matures et vicelardes que jamais. On en trouve d'ailleurs pour tout les goûts: de la nunuche à la psychopathe sadique en passant par la masochiste tarée, chacune possède un caractère bien à elle, qui détonne avec l'image habituelle qu'on se fait des héroïnes de conte de fée. Seul un personnage comme Ludwig peut espérer sortir sans mal de ces différentes rencontres plus explosives les unes que les autres.
Les personnages secondaires (peut-on encore les désigner ainsi, étant donné qu'ils finissent tous par jouer un rôle important dans les instant critiques) sont bien développés, intéressants à suivre dans leur propre évolution et suffisamment résistants et tenaces pour soutenir le héros jusqu'au bout de ses frasques, et pourtant, Dieu sait si c'est difficile.
Concernant le graphisme, il est sans surprise de type shojo, avec une importante tendance pour le look gothique qui permet de trancher (de manière violente) avec l'univers merveilleux des contes de fée.
La fin tout en restant dans la suite directe de la série est moins originale que ce qu'on aurait pu attendre après un tel départ, mais les surprises sont tout de même au rendez-vous, et c'est l'essentiel. Elle est d'ailleurs suffisamment ouverte pour espérer une suite avec de nouvelles adaptations toujours plus délirantes.
D'un bout à l'autre du scénario, j'ai conservé l'agréable impression de lire un véritable conte (même si le genre est particulier). Je salue également l'initiative de l'auteur d'avoir systématiquement ajouté un court résumé des différentes histoires adaptées, car si tout le monde a déjà entendu parler de Blanche Neige, Cendrillon et La belle au bois dormant...d'autres comme Rapunzel, Maleen ou La petite gardeuse d'oies sont moins connues du grand public.
En conclusion, LR détruit les derniers doutes qui pouvaient subsister quant à la possibilité de trouver un jour le/la vrai(e) prince/princesse charmant(e) (rayer les mentions inutiles), un must pour tous ceux qui s'ennuient et ont grandi depuis le premier Shrek.
Bien entendu, évitez de laisser ces quatre tomes traîner n'importe où, car les plus jeunes ont (quoiqu'on en dise) encore le droit de se bercer d'illusions et de croire en un monde rose bonbon où tout le monde vit heureux pendant de longues années et a beaucoup d'enfants.
Plutôt 8,5