Avant d’être adapté au cinéma par Park Chan-wook, Old Boy était un manga. Ceux qui connaissent le fameux long métrage coréen risquent d’être surpris à la lecture de cette série. Si le scénario de base reste le même (l’histoire d’un homme emprisonné durant un paquet d'années qui, une fois dehors, cherche à comprendre qui lui a fait ça et pourquoi), de nombreux points diffèrent.
Ici, pas de violence extrême, tout simplement parce que le désir de vengeance du héros n’est absolument pas au cœur du manga. Gotô cherche simplement à comprendre les motivations de celui qui l’a enfermé. Si le film relève presque de la tragédie antique avec son déluge de passion, de meurtres et de coups de théâtre, le manga est bien plus sage. Rapidement, le scénario diverge et prend la forme d’un thriller relativement classique. Gotô mène l’enquête, creuse son passé, accepte l’aide de certains personnages, en protège d’autres… et rencontre finalement son « ennemi ». Pour autant, le jeu du chat et de la souris se poursuit, parsemé d’indices et de découvertes, jusqu’à ce que la vérité refasse enfin surface. Et là, le soufflet se dégonfle : la fin est archi-décevante, sans doute plus crédible que celle du film (et encore), mais complètement ridicule en comparaison du châtiment infligé en retour. Le fameux « tout ça pour ça » mérite une nouvelle fois d’être cité.
Old Boy reste cependant plaisant à lire, le rythme étant entretenu par de fréquentes avancées de l’enquête. Cependant, force est de constater que le manga fait pâle figure à côté de sa version filmique, bien plus enlevée et audacieuse. Terminons après un petit mot sur le dessin. L’efficace découpage des planches assure une certaine fluidité et les décors apparaissent comme plutôt soignés. Reste le chara-design, juste hideux, avec une mention spéciale pour les pifs masculins, sortes de grosses patates informes.