Pretty Face, c'est le genre de manga où arrivé au bout, je n'ai qu'une envie c'est d'en lire un autre dans le même genre. Autant ne pas tourner autour du pot, ce manga c'est d'la balle, en voici les raisons (contrebalancées).

Question scénario bancal, on aura rarement fait mieux et l'expression "concours de circonstances" n'aura jamais trouvé meilleur représentant. Un accident, une chirurgie loupée, quelques coïncidences et voilà que l'ami Randou se retrouve à habiter sous le même toit que la fille qu'il aime, Rina, et cela avec l'apparence de sa soeur jumelle, Yuna. Dit comme ça, on dirait un bordel monstrueux, et ça l'est. Pourtant, manga en main, tout paraît presque normal, naturel et c'est sans problème qu'on pardonne toutes ces bizarreries. Un speech qui donne en tout cas une première impression de ce qu'il nous attend: beaucoup d'humour.

Et question rigolade, ça faisait bien longtemps que je n'avais pas eu droit à une telle tranche de rire. Le manga use de belle manière du comique de situation dû à la posture plus que délicate dans laquelle se trouve Randou, mais aussi du comique de mot et surtout de personnage. Ainsi, parce qu'il n'a en aucun cas perdu sa masculinité dans ses réactions, Randou est à l'origine de moments rudes pour les zygomatiques. Petit exemple sans spoil: alors qu'il vient de tabasser sous sa nouvelle forme une bande de gars malintentionnés, Randou, couvert de sang de la tête au pied, ne trouve rien d'autre à dire à sa mère que "J'ai mes règles". Un humour certes un peu gras, mais bien tordant quand même. Sans oublier le chirurgien aux pratiques et désirs plus que discutables.

Mais Pretty Face, ce n'est pas que du loufoque, et le manga sait présenter un tout autre visage, plus touchant cette fois-ci. En effet, à ces deux protagonistes vient se greffer Rina qui, persuadée d'avoir retrouvée sa soeur, éveille un côté affectif. La relation renaissante entre les deux soeurs assure le cota de petits moments guimauves (à prendre dans le bon sens du terme), "mignons" ce qui contraste grandement avec ce qu'il semblait être une suite de scènes cocasses. Ces changements de cap sont d'ailleurs toujours appréciables.

J'ai pourtant une retenue à émettre: l'histoire est trop longue. L'auteur aurait gagné à la rendre plus courte car il finit par s'installer une certaine routine dans les scènes proposées. On change le cadre mais les réactions, le déroulement, le dénouement reste les mêmes. D'autant que l'intrigue principale ne concerne que le début et la toute fin de l'ensemble. De ce fait on a pas mal de remplissage, remplissage qui n'est même pas l'occasion de présenter un peu plus en profondeur le lot de personnages secondaires. En surnombre, ces derniers n'ont de véritable utilité et sont parfois synonymes d'éparpillement.

Un mot pour terminer sur l'esthétique. Il faut reconnaître un certain talent à Kano Yasuhiro dans le dessin des filles. Un trait fin, épuré qui ne laisse pas la place aux disproportions (les yeux éternellement mis à part). Bref c'est bien fichu. Si on regarde de plus près, là par contre on se rend compte que c'est en fait un peu toujours le même visage auquel on a changé la coupe. Mais bon c'est sans importances et je pardonne volontiers. Quant aux décors, ils ne sont ni beaux ni ratés, juste ce qu'il faut pour remplir les trous. A croire qu'on est prêt à tout oublier et se concentrer uniquement sur les bons points!

Car oui, du plaisir j'en ai pris à la lecture de ce petit manga sans prétention. J'ai ri, j'ai adhéré. Bref ce fut un bon moment. A contraster cependant avec cette longueur lourdingue qui casse vraiment mon enthousiasme, bien que 6 tomes, ça reste raisonnable. A essayer si vous en avez l'occasion, le premier tome étant à mon avis le plus réussi.