Saru Lock : le croisé improbable entre Detective Conan, GTO et le serrurier à côté de chez vous.

Avec son postulat de base fort étrange, c'est-à-dire les mésaventures d'un serrurier qui arrive toujours à se retrouver dans les situations les plus inimaginables, Saru Lock fait partie de ces coups de coeur que l'on ne voit pas arriver.

Dans le but d'en faire une critique potable, l'analyse de ce manga sans prétention se doit d'être scindée en plusieurs parties. D'abord l'aspect déconne. Le premier point fort de cette histoire qui part très souvent dans tous les sens, c'est son humour. Hautement porté sur le c*l, il ne plaira pas à tout le monde. Les vannes en dessous de la ceinture, remarques cinglantes, fantasmes instantanés sont autant de récurrentes qui viennent décomplexer une oeuvre qui se veut bien plus sombre (et pas profonde, nuance) que ce qu'elle essaye de faire croire.

En effet, au-delà de ce retour au sexe permanent, il y a une ambiance, un cadre dans lequel s'inscrit Saru Lock à des lieux de ce que laissait présager le synopsis. L'ami Saru se retrouve constamment à devoir bosser pour un gang au passé lourd. Deals, drogues, groupes mafieux, trafic d'armes sont les principales composantes de l'aventure à laquelle nous convie le manga. Tout est loin d'être rose, le leader des corbeaux n'est pas qu'un joyeux loufoque, au fur et à mesure des tomes s'installe ce climat d'insécurité. Saru n'est qu'un serrurier, s'il arrive à se débarrasser de toute forme de cadenas, il ne peut pas grand chose devant un flingue et s'en rend très bien compte : il n'est pas invincible et joue très souvent avec la mort. Ca reste évidemment du shonen, on se doute bien qu'il finira par trouver un moyen, mais cette sensation de fragilité de la part du personnage principal, peu de mangas dans le genre l'ont expérimentée.

Vient enfin l'aspect enquête. Saru Lock ne bénéficie pas de trame principale à proprement parler (il y a bien cette volonté de se faire dépuceler, mais je ne pense pas qu'on puisse voir ça comme le fil conducteur...), ce sont en fait une succession de petites histoires avec à chaque fois des nouveaux personnages qui composent la vingtaine de tomes sortis aujourd'hui. On retrouve certes quelques têtes, mais à la façon d'un Detective Conan chaque chapitre présente une nouvelle affaire. D'ailleurs on peut aisément dire que Saru Lock penche sans vergogne sur un côté très policier avec une phase de découverte de la situation, analyse des éléments et conclusions. Nettement moins poussé que dans d'autres séries du genre, cet aspect reste cependant fort appréciable et ajoute à la diversité qu'on aura tôt fait de reconnaitre à ce manga.

Pour ce qui est du dessin, pas de quoi ébahir ou subjuguer, mais une certaine qualité et fluidité dans le trait. Quelques planches réussies (qui sont souvent réutilisées pour les couvertures) permettent de satisfaire le lecteur. Ajoutons un chara-design peut être un peu trop "dans le vent" mais réussi et nous voilà avec quelque chose au dessus de la moyenne sans atteindre l'excellence graphique d'un Enfer et Paradis et autre Berserk.

Bref je n'ai quasiment rien à reprocher à ce Saru Lock. On y va sans en attendre grand chose et on prend son pied avec ce savant mélange d'humour lourd et d'enquêtes. On pourrait éventuellement pointer du doigt le fait que le rythme soit assez saccadé, que les histoires ne se valent pas toutes, mais ce serait renier son plaisir.