Quand on voit Le Monde selon Setchan, ou plutôt à travers Setchan, on se dit que le monde, c'est pas franchement rose.
Ou même coloré.
Mais plutôt en nuances de gris.
Et pas comme dans la trilogie à succès.
Dans cet univers alternatif où la voie de la jeunesse possède un véritable poids, où les idéaux sont forts, la jeune Setchan fait office d'exception, d'anomalie , presque de tare. Atsuchi, dit Akkun, est son opposé. Et pourtant, comme dans le proverbe, les opposés finissent par s'attirer, de manière fatale.
Les traits sont simples, presque enfantins, et font totalement échos au scénario.
On passe les détails et on ne s'attarde que sur l'important. En même temps le format one shot favorise cette rapidité (sans précipitation) du récit.
D'un côté nous avons Setchan, jeune femme désabusée, qui ne semble s'intéresser à rien.
Peu contrariante, elle ne semble accorder que peu d'importance à elle-même, enfin à son intégrité physique, lui préférant les avantages qu'elle peut tirer des hommes. On pourrait la croire vénale, mais on est plus dans le côté laissé allé, blasé, voir carrément dépressif, où le corps ne représente plus qu'une simple enveloppe qui ne revêt que peu d'importances. D'ailleurs elle semble ne pas trop comprendre l'attrait que les hommes ont pour les relations physiques.
D'un autre côté nous avont Akkun, jeune homme plein de vie, qui travail, est en couple, a des amis, des relations sociales et même des affinités politiques. Bref, un jeune homme "normal" et sans histoires, qui cache au fond de lui un lourd secret qui le ronge de l'intérieur.
La rencontre entre les 2 opposés est simple, rapide, hasardeuse, et malgré leurs différences, ils se trouvent attirés l'un vers l'autre. Pas d'un désir ardant, plutôt d'une sorte de curiosité, comme on est attiré par l'inconnu.
Ils se rapprochent, s'apprécient de plus en plus. La relation qui se construit entre eux est basée sur la simplicité, pas de fard ou de faux semblants. Et ils commencent à changer, à évoluer, de concert.
Au moment où ils semblent trouver un équilibre et se rapprocher, la vie finit par les séparer.
Et Setchan est décédée.
Décédée d'avoir vécu le meilleur de sa vie.
On peut se poser plein de questions, mais celle qui me revient finalement c'est : vaut-il mieux vivre une vie courte et intense plutôt qu'une vie longue et ennuyeuse?
L'auteure nous offre ici un tableau aussi éphémère que touchant sur les relations humaines, et ce qu'elles peuvent apporter en terme de richesse intérieure, de développement personnel, de joie, mais aussi de peines, de douleurs.
Un beau et tragique récit, teinté de la douleur et des moments de joie des protagonistes.
18/20