Ce n’est pas une nouveauté, l’Europe a bien souvent été un beau décor pour les mangas. Pour parfaire l’environnement, Virtus se déroule au temps de l’antiquité romaine. L’empereur Commode, régent en place, est violent, sadique, néglige son peuple comme ses collaborateurs, et n’a d’yeux que pour les combats dans l’arène. Evidemment, un tel tempérament n’aide pas à s’attirer les sympathies, ce qui le met bien souvent au cœur de plans d’assassinat, sans succès jusqu’alors.
Marcia, sa femme, est au plus près pour voir de quoi est capable l’empereur, ce qui n’est pas pour lui plaire. Elle se rapproche alors d’une prétendue sorcière, qui se charge d’amener dans cette époque un groupe de prisonniers de notre ère, dont un, Takeru Narumiya, semble posséder le Virtus : une espèce de bonté d’âme dans un corps de brutasse. Après il faut aussi dire que le monsieur est champion du monde de judo et bénéficie de techniques de combat inconnues pour les gladiateurs sans costume de l’époque.
N’ayant absolument aucune idée du synopsis avant de commencer cette série, j’avoue avoir été décontenancée par le mix entre les deux époques et la façon dont le transfert entre les deux temporalités est amené, puisque le tout est bouclé assez rapidement. Finalement, ce choix peut s’avérer judicieux car il oppose des mœurs et des situations diamétralement opposées, mettant en exergue les différences notables entre les personnages, bien que ces derniers aient l’air de plutôt bien le vivre. Le manga rappelle constamment le fait que les romains s’expriment en latin, incompréhensibles donc pour nos prisonniers de la société moderne. Malgré cela, ils ne semblent pas réellement avoir de problème de communication, ce qui aurait pu être un point à soulever, vu à quel point on insiste sur les dialogues, qui sont écrits en latin sous-titrés en français chez Ki-oon (évidemment en japonais dans la version originale).
Le problème de ce manga, réside en son chara-design approximatif, pour ne pas dire affreux dans certaines situations. A première vue, les personnages sont bien dessinés, les traits clairs et semblent tout à fait inspirés des statues romaines, ce qui est en accord avec le temps du récit. Pour autant, et bien souvent lors de phases de combat, qui sont légion, les proportions ne sont absolument pas respectées et on se retrouve face à des humains en pâte à modeler. L’histoire est également parsemée d’actes de violence, voire de barbarie (tentatives de viol, énucléation, nez brisés…), et essaye la plupart du temps de faire comprendre ces situations sans les montrer (je vous rassure on en voit quand même suffisamment). En ressortent des images incompréhensibles, également quand les situations sont trop rapides qu’elles sont suggérées, qui ne facilitent en rien la bonne compréhension des actions.
Virtus est une série avec un bon postulat de départ, mais qui s’embourbe dans des considérations mal à propos et possède un design qui porte préjudice à l’histoire. Bénéficiant seulement de cinq tomes, on ne se perd néanmoins pas dans une série fleuve à multiples rebondissements, ce qui a le mérite de clôturer l’affaire en un laps de temps assez court.