Une très bonne surprise que ce one-shot classé shojo, mais qui en fait touchera tout le monde également. Certes le dessin est typiquement shojo, mais l'histoire est assez crue, le réalisme est de mise, adouci par le trait arrondi de cette toute jeune mangaka.
C'est avant tout l'histoire d'un cauchemar que Suenubo Keiko nous raconte : comment, partant apparemment de rien, une histoire devient un sombre engrenage capable de briser une fille comme les autres, qui n'a jamais eu de problèmes tant familiaux que sociaux. C'est une plongée assez effrayante dans le monde cruel de l'adolescence, où les actions de groupe achèvent de déculpabiliser ceux qui s'en prennent à l'héroïne, chacun pouvant s'appuyer sur la culpabilité de l'autre. Certaines planches sont extrêmement dures dans la représentation des traitements infligés à cette pauvre gamine.
Il faut insister aussi sur la description très touchante des rapports familiaux, notamment ceux unissant la mère et la fille, qui ne sombrent jamais dans la caricature, et touchent juste à chaque fois.
La mangaka a voulu dessiner ce manga en s'adressant aux personnes qui avaient subi ce type de brimades, aussi Vitamine porte-t-il bien son nom : c'est une exhortation à ne jamais perdre espoir, à se battre en s'appuyant sur ses proches pour surmonter la peine. De ce point de vue, la fin paraîtra peut-être légèrement idéalisée, seule entorse à une ambiance somme toute maîtrisée de bout en bout. Et puis, cette fin fait tellement plaisir à lire, un véritable exhutoire, plein d'optimisme.
Ce que j'écris est totalement cliché, mais Vitamine ne l'est pas !