Ca faisait un moment que ce manga me faisait de l'oeil soit au travers de mangacaps, soit en voyant tout simplement des gens en parler. J'ai ainsi sauté le pas. D'abord effrayée par la première version non loin d'être immonde de ONE, dont le talent artistique équivaut à celui d'une moule, j'ai été subjuguée par la suite devant la republication faites par Murata Yûsuke. Cette collaboration ne donne que plus d'éclat à une oeuvre dont le récit relève du génie.
L'histoire est presque d'une banalité affligeante. On enchaîne les chapitres où notre héros, Saitama, poutre d'un oneshot tout ennemi se dressant devant lui. On en vient alors à chercher réellement l'intérêt d'une telle lecture, d'un tel personnage. Son indifférence face au danger ou à la puissance du monstre en face de lui, pourrait agacer mais l'on comprend au fil des pages que c'est justifié. Comment apprécier ce loisir de superhéros quand on terrasse son ennemi en un coup ? Saitama est un paradoxe à lui tout seul. Sa force surhumaine contraste avec sa personnalité simplette. Alors que sa ville se fait attaquer, il n'aura qu'une idée en tête : le terrasser vite fait pour pouvoir profiter de la promotion sur les légumes dans le supermarché d'à côté. Plus l'intrigue avance, plus Saitama fera des rencontres inédites. La première que l'on retiendra surtout est celle avec Genos. Un ancien humain devenu cyborg. Tout comme notre héros, Genos bénéficie d'une personnalité particulière et d'un but ultra-cliché. Ce grand bavard ne laissera pas indifférent. Devenu, non sans mal, le disciple de Saitama, il veut acquérir une force rivalisant avec celle de son maître afin de se venger d'un vilain cyborg. Ils forment un duo exceptionnel dont la bêtise ne cessera de nous surprendre. A ce binôme, on pourrait rajouter Speed of Sound Sonic, Sonic pour les intimes, un ninja un soupçon psychopathe dont chaque apparition est tournée au ridicule.
Au travers de ce panel de personnages atypiques, dont une classe incommensurable suinte de tout leurs pores, ce manga est un condensé d'humour et d'action. Si l'on est réceptif à l'humour bête, on se prend aisément au jeu. Certaines scènes et répliques sont totalement à côté de la plaque mais arrivent à vous décrocher un sourire. Murata Yûsuke s'amuse à nous balancer des dizaines de double-pages dans la face, chacune étant plus épique que la précédente. Son trait s'adapte aisément à l'histoire que l'on nous présente. Les gros plans et perspectives sont superbes. Il y a un réel souci du détail, tant dans les décors, que les personnages ou encore la mise en scène où Murata manie parfaitement le jeu de profondeur.
Bref, One Punch-Man c'est un manga où les méchants sont des gros méchants bien clichés, où les héros se déclinent de mauvais - Coucou Licenceless Rider - à badass. C'est une lecture facile où l'on ne s'encombre pas de dialogues inutiles, où l'on dévore les chapitres sans rechigner. On ne peut rester indifférent devant le contenu de cette oeuvre dont rien que le titre est évocateur de classe.