CLAMP : Les Reines du manga à Paris – Compte rendu de l’exposition
2009, année CLAMP ? C’est ce que l’on serait tenté de penser lorsque l’on voit l’omniprésence du studio au cours de cette année. 20 ans d’existence célébrés dans notre beau pays avec la parution de leur dernier manga (Kobato), la présence du studio à la Japan Expo 2009, et surtout avec une exposition à la Galerie des Bibliothèques de Paris, qui s’est déroulée du 3 juillet au 27 septembre 2009. Et c’est de la dite expo dont il est question ici, vu que quelques membres du staff d’Anime-Kun se sont rendus sur place pour vous en faire le rapport. Mesdames, messieurs… suivez le guide.
Après avoir aligné quatre malheureux euros pour obtenir notre droit d’entrée, nous voici sur place pour voir ce que l’exposition nous réserve. Mais avant de découvrir cette dernière, nous notons la présence de nombreux lecteurs au premier niveau de la Galerie (l’exposition se trouvait à un niveau inférieur). En effet, un coin lecture, massivement sponsorisé par Pika Edition (qui doit avoir la licence sur bien 90% du catalogue CLAMP…), s’était installé sur une surface confortable, permettant à chacun, si l’envie était là, de se taper l’intégrale de Chobits ou de GTO (oui, il y avait pas que du CLAMP). Un petit plus intéressant que tout fan de mangas ne peut que saluer : les mangas de chez Pika n’étant pas vraiment donnés, c’était le moment ou jamais de lire xxxHolic pour mieux comprendre Tsubasa Reservoir Chronicle…
Mais ne nous égarons pas. Nous sommes ici pour l’expo, pas pour bouquiner pendant des heures! Faisant abstraction de l’atelier manga qui n’était pas ouvert le jour de notre visite, nous descendons un étage plus bas pour arriver dans une pièce sphérique, dans laquelle nous sommes invités à suivre un sens de visite qui se veut chronologique.
Du Voleur aux 100 Visages jusqu’à Kobato
L’exposition était très cadrée et réglée comme du papier à musique : illustrations couleurs sur les murs, planches originales sous vitres, des panneaux géants traitant des différents thèmes abordés dans les mangas du collectif… Aucune oeuvre n’est oubliée (ni même les méconnus Rex ou J’aime ce que j’aime) et le néophyte peut ainsi découvrir l’ensemble du travail de CLAMP sans s’y perdre. Le connaisseur, lui, sourit en reconnaissant des illustrations connues et s’émerveillent devant la qualité du travail. Car ça, même un hermétique à CLAMP est obligé de l’admettre : qu’importe le style, on reste scotché devant la taille et la qualité des planches originales et des illustrations couleurs.
Pas à pas, nous passons rapidement les années 90 pour nous attarder surtout sur les oeuvres récentes du studio. Succès oblige, Tsubasa et xxxHolic sont très présents, et dans une moindre mesure X. La moitié de l’exposition est consacrée à ces trois blockbusters des CLAMP et même Kobato, leur dernier manga, se veut assez discret. xxxHolic s’illustre avec des planches aux couleurs magnifiques aux côtés de X qui bénéficie du même traitement. Tsubasa Reservoir Chronicle est de son côté surtout présent au travers de planches originales en noir et blanc.
Ce dernier est également le manga choisi pour illustrer, toujours au travers d’originaux, toutes les étapes de création d’une planche de manga, du brouillon jusqu’à l’encrage et la pose des trames. Ici encore, on reste très impressionné par le cheminement de construction d’une page (surtout une de Tsubasa Reservoir Chronicle où souvent, ça part dans tous les sens !) et par le travail effectué (la page brouillon ne ressemble vraiment à rien…).
La qualité était donc vraiment au rendez-vous. Bien que les illustrations n’avaient rien d’inédites (avec Internet, rien n’est inédit bien longtemps), le fan de la première heure ne pouvait qu’être comblé de voir des ses propres yeux des dessins originaux et d’une qualité vraiment exceptionnelle. Sur la route de la sortie, un mur entier était dédié aux différents membres du collectif, expliquant le rôle de chacune dans la conception des différents mangas, ainsi que quelques photos de leur lieu de travail. L’exposition se clôturait par un petit coin télé où des épisodes des séries TV made in CLAMP étaient diffusés (en VF par contre… argh!). Un livre d’or et un petit sondage nous attendaient enfin à la sortie, histoire de laisser au musée nos impressions sur cette exposition assez unique en son genre.
Quoi ? Tu connais pas Mokona ?
Notre visite est terminée. Cependant, au delà du fait de venir voir des illustrations originales, cette exposition avait pour nous un autre intérêt : voir quelle catégorie de personnes était présente à cette exposition. A notre grande surprise, le public était plus que diversifié. L’exposition a visiblement attiré les curieux, vu que l’on y croisait des personnes de tout âge, dont tous n’étaient, à mon avis, pas de grands connaisseurs (ou alors CLAMP a plus de fidèles que je l’aurais cru…). On notera tout de même, il faut bien l’admettre, que la majorité des visiteurs étaient de sexe féminin. Les bishônens ont visiblement toujours autant de succès.
La lecture du livre d’or fût édifiante également : des mots de fans, de purs néophytes ou encore des simples curieux… Au delà de l’image « manga », CLAMP a visiblement réussi à attirer un public éclectique. Le manga deviendrait-il un art à part entière, capable d’attirer le visiteur lambda comme n’importe quel autre ?
En tout cas, cette exposition clampienne semble avoir remporté un petit succès : alors que nous étions en septembre (autant dire, la fin de l’exposition), la salle n’a, à aucun moment, dégorgé. Pas la foule non plus, mais bien plus de personnes que l’on aurait pu le croire. Je n’ose imaginer le nombre visiteurs cet été, surtout début juillet, effet Japan Expo oblige.
De plus, nous avons eu la chance de voir la jolie pile de sondages (dont les informations, qui resteront en interne, ne seraient pas du luxe pour se faire une véritable idée du genre de visiteurs…) qui laissait sous entendre un nombre honorable de visites, pour une exposition sur un collectif célèbre pour les connaisseurs mais pas forcément pour le commun des mortels.
Le manga aurait-il donc de beaux jours devant lui dans les galeries de nos musées francophones ? Difficile de le dire sans de vrais chiffres entre les mains. Cependant, on ne peut qu’être enchanté de voir de telles expositions germer sur notre territoire. Cela permettra peut être, avec le temps, de redorer l’image du manga dans l’opinion général, et de lui rendre ses lettres de noblesse.
En tout cas, que l’on soit fan ou non des CLAMP, cette exposition était un véritable régal pour les yeux. Aucune grande découverte pour les connaisseurs, mais une agréable balade à effectuer dans la pièce ronde de la Galerie des Bibliothèques. En croisant les doigts très fort pour espérer voir d’autres expositions de ce genre d’ici quelques années, le monde du manga cachant de véritables talents qui ne demandent qu’à être découverts par tous.
Un grand merci à la Galerie des Bibliothèques de Paris pour nous avoir fourni les images officielles de l’exposition afin d’illustrer cet article.
Toutes les images de cet article sont sous copyright.
5 commentaires
Objection ! (avec un bruit de tonnerre en fond) Et puis "reines"... mouhahah !
Ceci, troll à part (avec du CLAMP c'était obligatoire), l'exposition avait l'air vraiment sympa et même moi (c'est dire) j'aurai bien aimé aller la voir, ne serait-ce que pour découvrir l'évolution d'une planche comme tu le dépeins Angel. J'en découvre un peu plus avec Bakuman mais j'avoue que j'aimerais observer ces différentes étapes d'un dessin pour un mangaka.
Tout comme il fut en effet interessant de voir la pluralité du public de l'exposition, même s'il est vrai que CLAMP n'est pas le studio le plus connu auprés des jeunes ados, d'ou des spectateurs plus agés que la moyenne .
PS: A bas les Mokonas (ça c'est dit)
Sinon ils avaient arrêté de passer le documentaire au coin télé en bout d'expo? Dommage vous avez raté quelque chose! C'était bien fait et plus compréhensible que l'explication images par images présentes avant sur les murs! Et voir tous les CLAMP dans leurs lieux de travail est choses rare!
Bien sûr que voir une image en vrai et une image sur Internet, ce n'est pas comparable (comme n'importe quel tableau ou photo d'expo...). Je reproche surtout à Internet de détruire le côté "exclusif" de certains dessins qui pourraient être un vrai prétexte à voir une expo. C'est dommage mais on n'y peut strictement rien.
Les illustrations originales étaient à tomber à la renverse ! Quand bien même la plupart d'entre elles figuraient dans mes artbooks, j'avais presque l'impression de les découvrir sous un autre jour tant le dessin et la colorisation étaient sublimés.
L'agencement de la visite était d'ailleurs astucieux : après s'être émerveillé devant le travail du studio, on prenait l'entière dimension du travail requis pour réaliser tout ça. Probablement la partie la plus intéressante car dévoilant l'envers du décor.
On pourrait regretter la place plus importante accordée aux titres à succès des CLAMP mais il auraît sûrement été difficile de mettre toutes les productions sur un pied d'égalité. Au moins, chacune était représentée, ce qui n'est déjà pas si mal.
En tout cas, ça valait franchement le détour. Ce compte-rendu m'aura permis, l'espace d'un instant, de me remémorer l'agréable moment que j'y aie passé.