Sayonara M. Désespoir T1 – Desperate Teacher?
Pika aurait-il l’intention d’obtenir toutes les bonnes licences de l’archipel nippon ? Après Nodame Cantabile, l’éditeur ajoute une nouvelle série à son catalogue, cette fois dans la collection Seinen. Et pas des moindres puisqu’il s’agit de Sayonara Zetsubô Sensei (Sayonara Monsieur Désespoir pour notre version française), un manga dont beaucoup connaissent déjà l’adaptation animée, qui avait déjà eu droit à un dossier dans notre webzine, et dont on faisait déjà les louanges. Et bien on peut dire que l’anime n’a rien à envier au format original, car on ne s’y trompera pas, ce manga semble être d’une qualité similaire, si ce n’est meilleure.
Petite piqûre de rappel pour ceux qui seraient passés à côté du phénomène. Sayonara M. Désespoir nous raconte l’histoire d’un professeur de lycée, Nozomu Itoshiki, au pessimisme exacerbé. Tentant de se suicider à la moindre occasion, il est en charge d’une classe ne contenant que des cas sociaux : recluse, stalker, schizophrène, maniaque…
A son opposé, une jeune lycéenne, Fûra Kafuka, dont l’optimisme extrême laisse parfois perplexe. Sauvant son professeur d’une énième tentative de pendaison au début du volume, sa personnalité va se confronter à celle du sensei désespéré, ainsi qu’à celles de ses camarades de classe…
Si le synopsis peut paraître un peu léger, c’est sans compter sur le talent de son auteur, Kohji Kumeta. Sayonara M. Désespoir, malgré les thèmes graves abordés (dont principalement celui du suicide), est en réalité une comédie à l’humour aussi noir qu’acide. Sans jamais tomber dans le vulgaire ou le potache, l’auteur caricature de manière extrême les maux de la société japonaise (mais qui peut se retrouver également dans notre société occidentale) et nous propose d’en rire.
Et ça marche ! Car aussi incroyable que cela puisse paraître, la sauce prend immédiatement. Il faut dire que même visuellement, la série est irréprochable. Le trait de l’auteur est très doux et précis, donnant des personnages au design épuré, mais à la fois très attachant. On semble donc plus proche d’un graphisme cartoon, alors que la série joue clairement dans la catégorie Seinen de part les thèmes traités. Ce côté rondouillard a alors pour but d’adoucir les propos des personnages qui, présentés autrement, ne nous fourniraient aucune raison de rire.
Ce premier tome a pour principal objectif de nous présenter chacun des personnages de la classe du professeur dépressif, moyennant un personnage par chapitre. A chaque fois, on a droit à un personnage caricaturant une névrose poussée à l’extrême avec du classique (stalker, hikikomori…) et du plus original (maniaque des queues (!), personnage ne communiquant que par des mails d’insultes…). On est donc clairement dans une phase introductive qui devrait encore s’étaler sur le prochain tome.
Le but du manga semble d’ores et déjà claire : l’objectif est de dénoncer au travers de la caricature et de l’ironie des névroses plus ou moins communes d’une société japonaise qui, pourtant, joue beaucoup sur les apparences. L’auteur n’y va en effet pas de main morte, mais sans jamais franchir la limite de l’inacceptable, véhiculant presque, au travers du grand pessimiste de son principal protagoniste, un message plus optimiste que l’on pourrait le croire…
Sayonara M. Désespoir s’annonce comme une série prometteuse de part son graphisme charmant et sa thématique audacieuse. Et ce serait vraiment un crime que de passer à côté de cette édition française aux petits oignons, qui assure autant côté traduction (et du lexique très complet en fin de volume) que du volume en lui même (couverture ultra fidèle à la version originale, ainsi qu’un papier et un encrage de qualité).
Disponible depuis mars chez Pika Edition. Prix : 6,95 €
La couverture provient du site de Pika Edition
5 commentaires
Je ne suis pas allé jusqu'au bout de l'anime mais ce dernier contient beaucoup plus de clins d'oeils et de réflexion que dans le manga (par exemple, tous les éléments sur le tableau noir ne sont pas aussi présents dans le manga).
@ Viral : le manga est à l'origine de la série TV, et non inversement...
Et une édition qui soigne bien son sujet avec un lexique et un dossier sur l'onomastique, un blog sur papier (?) et les plaintes de Kimura... Du beau boulot Pika!