Sayonara M. Désespoir T2 – Les secrets de l’univers
Après un premier volume qui servait à introduire les principaux protagonistes et en particulier la pléiade de demoiselles excentriques composant la classe du professeur Nozomu, on entre cette fois dans le vif du sujet. Le projet de l’auteur est désormais clair : il s’agit de présenter une multitude de tares sociales, réelles ou fantasmagoriques à travers un récit sans queue ni tête où les questions que se pose notre professeur fétiche s’enchaînent en un rythme infernal et incohérent, sans laisser au lecteur le temps de souffler.
Des considérations sur les vœux, une tentative d’ouvrir le cœur de Nozomu, un pamphlet contre l’information, un regard sur de grands personnages restés dans l’ombre, un voyage de classe en situation critique, une cérémonie de mariage arrangé, un exercice de résistance à l’insulte, un discours sur les bienfaits de l’instabilité. Le tout en présentant au passage une nouvelle élève, Fujiyoshi Harumi, qui dessine des mangas amateurs présentant des couples pour le moins douteux. Difficile de voir derrière un tel fouillis le moindre fil narratif et pourtant tout s’enchaîne le plus simplement du monde et la lecture ne souffre pas trop de l’absence de véritable trame de fond. Un pot-pourri d’élucubrations sociales qui partent dans tous les sens mais qui parviennent sans mal à divertir. L’humour touche souvent juste malgré ce sempiternel fossé culturel qui empêche le lecteur occidental de pleinement apprécier l’humour parodique de la série. Le lexique est certes bienvenu en ce sens mais ralentit quelque peu le plaisir de lecture.
Le manga profite de l’excellente inventivité de Kohji KUMETA qui n’hésite pas à nous livrer les grands secrets de l’univers sur une planche diablement étriquée qui arrête le regard du lecteur un bon moment. Ce volume offre aussi l’occasion au lecteur de voir Nozomu habillé en playboy quand il fugue chez ses parents et surtout d’admirer des demoiselles en bikini même si on ne sait pas trop comment ni pourquoi les personnages se retrouvent à la piscine ou à la plage. Ce ne sont pas tant les formes voluptueuses de ces différents cas sociaux que les deux icônes suivantes qui ont attiré mon attention : un panda et un pingouin. Il faut avoir l’esprit diablement tordu pour voir autre chose derrière ces motifs. Avez-vous l’âme dérangée?
Dans ce bas monde, il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir. Dans ce triste monde, les gens qui restent dans l’ombre malgré leurs mérites ne sont peut-être pas les plus malheureux. Dans ce monde désespérant, l’instabilité est garante de l’ordre, de l’épanouissement et de la stabilitié sociale. Les réflexions semblent souvent trop loufoques pour être sérieuses mais il faut avouer que l’on est parfois surpris par la subtilité du propos et qu’un délire se transforme dès lors en véritable leçon.
Un mot finalement sur l’édition de Pika. On est conscient qu’un tel manga demande un gros travail tellement les textes encombrent les planches : bien qu’ils ne comptent que 150 pages, les volumes sont extrêmement longs à lire. L’éditeur a aussi le souci de former un lexique pour expliquer certaines références. Je suis malheureusement obligé de signaler la présence de quelques coquilles : un redoublement de l’article indéfini, une erreur de numérotation du lexique et un « intutile » font grincer les dents dès les trois premières pages. Espérons que l’éditeur se montre à l’avenir plus rigoureux dans ses efforts de relecture. L’oeuvre en vaut largement la peine.
Disponible depuis le 6 mai 2009 chez Pika. Prix : 6,95 €
7 commentaires
Tu es sûr que l'images est dans le bon sens ? :p
Honnêtement j'adore, on sent que l'auteur maîtrise ce qu'il fait. Par contre, je me demande comment il va tenir sur 20 tomes... Wait and see.