Barakamon T10 : L’humour est dans le pré
Entre deux combats épiques pour le destin de l’univers, n’en feriez vous pas un peu trop ? Pensez à vous de temps à autres. Pourquoi ne pas vous reposer un instant, apprécier le temps qui passe les doigts de pieds en éventail, avec un verre de saké doux en terrasse, pendant qu’un vent frais venu de la mer viendrait rafraîchir une fin de journée plutôt chaude.
Barakamon, le manga de Satsuki Yoshino, n’a jamais eu d’autres buts. Depuis le premier article paru dans nos colonnes, le manga a bien avancé, dépassant de loin son adaptation animée, et j’aimerais du coup vous glisser quelques mots sur le tome 10. Vous n’avez pas pu prendre le train au départ de la série ? Pas de stress : ce n’est pas vraiment le genre. Ce manga s’apprécie comme l’apéro : En se posant dans le fauteuil après une dure journée.
Précédemment dans le tome 9, le sympathique lycéen Hiroshi quittait pour la première fois la petite île afin de se rendre à Nagasaki pour un entretien d’embauche. Plutôt que de laisser cette opportunité scénaristique se flétrir, Yoshino fait converger délicatement le personnage au centre de son manga avec une longue parenthèse lui étant consacrée. Hiroshi est beaucoup trop normal à son goût. On sait que c’est plus fort que lui, mais jusque là, on avait jamais abordé ses nombreuses qualités, et qui pourrait les décrire mieux qu’un personnage externe encore inconnu ?
Par ce biais, non seulement on continue d’élargir le cercle des habitants de l’île, mais en plus, on sent le futur du lycéen s’enrichir et se développer, tout ça de façon naturelle. Même si le moment n’est pas encore venu, il faudra un jour déployer ses ailes. C’est aussi l’occasion d’aborder l’amour dans ce tome, mais on y reviendra.
On sent d’ailleurs la trame prendre de l’ampleur, avec un événement attendu de longue date: l’arrivée des tokyoïtes sur l’île. Les parents de maître Handa sont venus lui rendre visite, et amènent avec eux son agent et celui de son père . C’est l’occasion de revoir ce bon vieux Kawafuji et ses stratagèmes destinés à faire prendre de la bouteille à son ami d’enfance, mais aussi de découvrir son père, un travesti désagréable qui méprise le fils du célèbre Seimei Handa dont il est justement l’agent. Heureusement, Seishû peut compter sur Kawafuji qui continue à voir en lui un prodige pas encore tout à fait accompli, et sur sa mère qui n’hésite pas à verser sang et larmes en abondance pour défendre son fils chéri. Les hurluberlus de Nanatsutake ont trouvé leurs maîtres; et ils le reconnaissent.
Ce père, parlons-en. On en avait appris un peu plus au fil des tomes, mais c’est l’occasion pour la première fois de le voir en action. Le « Grand Maître », comme l’appelle au débotté l’instituteur, n’a pas volé son titre : entre charisme tranquille et maîtrise virtuose de son pinceau, qui virevolte entre rigueur inattaquable et inspiration fantasque, le disciple n’est pas près de dépasser le maître. C’est oublier un peu vite que Seimei Handa est aussi bien père que calligraphe, et que sous son impassibilité se cache une affection tenace pour son vilain petit canard de fils. L’occasion aussi pour Satsuki Yoshino d’émouvoir une nouvelle fois le lecteur avec une très belle scène père-fils, surtout après le passage magistralement touchant et juste survenu en fin de volume 8.
Barakamon est un slice of life, et la vie en dehors de buller l’été en attrapant des cigales avec les garnements du village, c’est aussi des hauts et des bas…
Le tome se finit sur un coup de théâtre familial et ceux qui pensaient que Barakamon ne ferait que décrire l’insouciance et la joie de vivre d’une campagne ensoleillée pleine de joie et de petits riens savent depuis le tome 8 qu’ils avaient tort : Satsuki Yoshino s’apprête maintenant à leur délivrer l’estocade. Ce que décrit Barakamon, c’est la vie, certes différente de celle effrénée de la ville japonaise habituelle, mais la vie tout de même. Et je ne doute pas que la mangaka s’attachera à ce nouveau défi avec autant de d’humour que de sérieux et de justesse, même si elle prendra probablement son temps…
Après tout, c’est le manga qui veut ça !
Barakamon T10, publié aux éditions Ki-oon, 7,65€
Un commentaire
J’ai pas pu lire tout l’article, je me suis arrêtée au début du troisième paragraphe de car j’en suis qu’au premier tome mais c’est suffisant pour faire une petite piqûre de rappel et me donner envie de continuer ce manga. A ajouté à la liste du père Noël. Merci le Z !