SPY X FAMILY – Et si Lupin avait adopté Yotsuba ?

Oh bonjour. Est-ce que je vous ai présenté mon papa Loid Forger ? De vous à moi ce n’est qu’un prête nom. Il est plus connu dans les couloirs des palais comme Twilight : le meilleur espion de l’ouest envoyé dans le pays de l’est pour déjouer ses tentations bellicistes en démantelant les trafics et en faisant tomber les politiciens véreux. Enfant de la guerre, il s’est juré de faire la paix. La charmante jeune femme à son bras est son épouse, maman Yor. Là encore elle cache sa double vie. Nom de code : Princesse Ibara. Du jeu de mot sur bara, rose en japonais, car ses épines sont dangereuses. Assassin de l’état de l’est pour purger le pays de ses éléments qui se sont cru un peu trop chez Poutine. Leur mariage n’est bien sûr qu’une façade mais le plus drôle c’est que chacun ignore le travail véritable de l’autre. Quant à moi, je suis bien décidé à garantir l’unité et le bonheur de ce foyer familial. Je m’appelle Anya et je suis la seule à connaître les secrets de mes deux parents adoptifs grâce à mes talents de détective et dans une moindre mesure de mes pouvoirs télépathiques. Je peux lire dans l’esprit des gens mais j’ai appris à le cacher car sinon je suis baladée d’orphelinats en familles d’accueil. Aujourd’hui j’ai enfin un endroit à moi. En plus ils sont tellement cools entre leurs pistolets qui ne font pas de bruit et leurs mouvements de ninja comme à la télé. *_*

Spy X Family est une sorte de Frankenstein sur le papier. Ne vous y trompez pas : cette ambiance d’espionnage et d’assassinats tient plus du décor en papier mâché. Oui des gens meurent mais c’est presque en dehors de l’écran. On garde les codes du cool mais on se creuse pas trop la tête sur le reste. Techniquement Loid et Yor sont des agents de puissances ennemies mais ne vous attendez pas au moindre climax dramatique. James Bond période Roger Moore plus que Daniel Craig. Et si une partie du public a été hameçonnée par cet univers nostalgique, nous sommes tous restés pour la mignonne Anya. C’est l’archétype du personnage attachant et drôle dans sa méconnaissance du monde qui fait tourner en bourrique les adultes qui le lui rendent bien. Il faut quand même reconnaître une trouvaille géniale. Vous devez être familier avec l’ironie dramatique ; quand les spectateurs savent quelque chose que les personnages ignorent. Anya est l’incarnation à l’écran de ce principe, ce qui renforce d’autant plus notre identification à elle et l’envie de l’aider. Le moe en version new game plus, brillant.

Le manga a connu un vrai succès. Prépublié dans le Shonen Jump+ (une plateforme en ligne), il a aussi commencé dans l’année le démarrage de MANGA Plus qui assure la distribution internationale et en simultané des titres majeurs de la Shueisha. Il a bénéficié à plein de ce coup de projecteur et sa popularité sur les internets garantissait une adaptation dans la petite lucarne. Cloverworks a fourni un travail très propre quoique presque un peu trop sage. J’attendais peut-être un peu trop du réalisateur Kazuhiro FURUHASHI qui sort quand même d’un Gundam Unicorn et d’un Dororo très plébiscités. Un choix que je trouvais surprenant et in fine il se contente de faire le job. Mais je suis plus sévère qu’il ne le mérite car il faut gérer cette rupture de tons entre la comédie et les tronches impayables d’Anya qui ont déjà été tournées en memes, l’action très pyrotechnique des scènes de bagarre ou la tension des scènes d’espionnage propres aux thrillers. Les trois aspects sont très bien traités et la transition de l’un vers l’autre passe crème. Honnêtement une performance pas si évidente que ça et réussie avec brio.

Un dernier mot sur la version française qui rappelle les heures de gloire de la Kaz. Comme la plupart des nouveautés, la série est disponible en simulcast dans nos verdoyantes contrées, chez Crunchyroll mais mieux encore comme c’est de plus en plus souvent le cas, elle est même disponible en simuldub. Si je suis parfois déçu de l’adaptation (j’aurai aimé voir Benjamin MORO essayer de traduire Princesse Ibara) la traduction reste de qualité mais surtout le doublage est 3 étoiles. La direction artistique est de Enzo RATSITO. Cet habitué du doublage avait fait un premier travail époustouflant sur Ranking of Kings et il le confirme. Je ne connaissais pas Glen HERVE mais cet acteur de théâtre incarne le Loid parfait, tel que je me l’imaginais. On sent qu’il cherche encore un peu ses marques mais Loid est un personnage déjà bien trop sérieux (pour ne pas dire qu’il a un balai dans l’endroit où le soleil ne brille jamais) donc ça colle assez bien. Adeline CHETAIL est en revanche une habituée du doublage mais pour citer ses rôles les plus connus on va faire un tour dans le jeu vidéo : Zelda dans Breath of the Wild ou encore Ellie dans The Last of Us. C’est certainement elle qui a l’incarnation la plus difficile à jouer avec Yor, tantôt tueuse au sang froid, tantôt jeune femme innocente et pas très à l’aise en société. Son expérience était indispensable et sa très bonne performance n’est pas une surprise. Anya est jouée par Lila LACOMBE qui commence à se faire une réputation solide dans l’animation japonaise après les rôles d’Hikari dans le nouveau doublage d’Evangelion ou celui de Kanyo dans Damon Slayer. Elle m’a déjà fait éclater de rire sur le naturel de certaines de ses répliques. Con de gosse.

Bref, un travail carré mais plus délicat qu’il pourrait le laisser croire et traité avec attention à tous les étages. Si vous voulez comprendre les posts reddit ou twitter vous n’avez de toute façon pas le choix.

La série est disponible en simuldub sur Crunchyroll.

Afloplouf