Himouto! Umaru-chan
C’est l’été. Il fait chaud, très chaud, tellement chaud qu’il devient impossible de suivre les séries dites cérébrales au risque de voir sa cervelle lui couler par les oreilles. Il faut dès lors se tourner vers des séries plus légères et rigolotes ! Après l’adaptation de Gekkan Shoujo Nozaki-kun l’été passé, Himouto Umaru-chan est la nouvelle série estivale du studio Doga Kobo. En effet, même si le studio ne produit ses propres séries que depuis 2007 – après plusieurs années de sous-traitance – il semble de plus en plus s’affirmer comme prometteur à défaut d’être ambitieux dans ses choix d’adaptations.
Himouto Umaru-chan transporte à l’écran un seinen de Sankaku Head, prépublié dans le Weekly Young Jump depuis 2013. A ce jour, six volumes reliés sont parus au Japon. L’histoire gravite autour de Taihei, un employé de bureau, et sa petite sœur, Umaru. Cette dernière est une adolescente de 16 ans très populaire au sein de son lycée pour sa beauté, son intelligence et ses capacités athlétiques. Alors qu’elle a en apparence tout pour plaire, Taihei est le seul à être au courant de son secret… Une fois rentrée chez elle, Umaru laisse tomber le masque et s’adonne à ses activités d’otakette : elle passe son temps à regarder des animes, squatter les jeux vidéo, traîner dans les salles d’arcade et s’empiffrer de gâteaux et de Coca.
Une héroïne otaku… Vous me direz que ça commence à lasser tant c’est partout en tête d’affiche dernièrement. Rien que cette saison, on a un autre otaku dans Gate. La différence réside dans le fait que Umaru ne manque pas d’authenticité. Sa passion otaque ne relève pas du détail racoleur dans le cadre d’une série sportive par exemple *tousse* mais est réellement le cœur du récit.
Il est plutôt facile de s’identifier au personnage d’Umaru lorsqu’elle passe en mode larvaire, même si son autre facette sociale est exagérément parfaite à tous les égards. Ce parti pris excessif sert le volet comédie, mais il n’empêche pas qu’on nous dresse un portrait assez proche de la réalité de la geekette de base.
Outre la perfection de l’héroïne dans le monde « extérieur », l’excès est de mise dans plusieurs thématiques de la série, notamment au niveau de la caractérisation des personnages secondaires qui sont, à mon plus grand regret, assez unidimensionnels et répètent en boucle une attitude et trois répliques. On pourrait me dire qu’il est grotesque de reprocher aux personnages leur manque d’épaisseur dans le contexte d’une série clairement orientée gags, mais les adaptations de comédies comme Gekkan Shoujo Nozaki-kun ou encore Working!!! (diffusée actuellement) ont placé la barre très haut avec leur panoplie de personnages attachants et hauts en couleur. Himouto Umaru-chan force un peu sur le comique de situation au détriment des protagonistes qui restent cantonnés à des cases (la campagnarde réservée aux gros seins, la surexcitée compétitive…) et ne surprennent pas. Cette maladresse est quelque peu palliée par le fait que l’anime soit presque exclusivement centré sur Umaru, qui elle n’a de cesse de nous surprendre que ce soit par ses raisonnements ou ses diverses mimiques. En parlant de mimiques, même si le charadesign est en lui-même plutôt quelconque – quoique fidèle au support d’origine, les différentes expressions réussissent à dynamiser le schmilblick et à rendre la petiote délirante.
Par ailleurs, si je devais avancer un exemple de personnage déjà vu et taillé du même bois que Umaru, il me vient tout de suite à l’esprit Kirino de Oreimo. Même si Umaru est moins peste et plus sympathique, les poncifs demeurent les mêmes : la lycéenne parfaite et adulée qui cache une double vie de geekette dont seul son grand-frère semble au courant. Quoiqu’à la différence d’Oreimo, aucun semblant de début de romance entre la sœur et son frère ne semble amorcé. On se concentre bien plus sur les amitiés féminines de Umaru et son mode de vie de hamster flemmard.
Afin d’insuffler de la fraîcheur à des personnages stéréotypés, les choix de doublages sont pour la plupart judicieux. Impossible de ne pas parler de la jeune et talentueuse Aimi TANAKA qui décroche avec Umaru son premier rôle principal, rôle amplement mérité au vu de sa prestation de haute volée. Elle maîtrise différentes modulations de voix entre la « gentille » fille parfaite, la « gameuse » à l’identité secrète et le mode hamster otaque pourri gâté. Sa voix peut être aussi adorable qu’agaçante. On retrouve à ses côtés d’autres novices comme Akari KAGEYAMA qui décroche son tout premier rôle en doublant Ebina, une voix bien moe comme on en l’habitude d’en entendre mais qui correspond merveilleusement au personnage. Il est toujours rafraîchissant de voir des séries prendre le risque de lancer de jeunes seiyû dans des rôles principaux !
A côté des doublages, la série est techniquement loin d’être mauvaise. Le studio Dogakobo ayant montré beaucoup de talent dernièrement sur ce genre de série tranches de vie/comédie (Mikakunin de Shinkoukei, Love Lab, Yuri Yuri…), c’est sans surprise que l’on retrouve une animation propre et une direction artistique respectable. La série se paye peut-être même le luxe d’avoir le générique le plus pêchu de la saison en ouverture.
Pour finir, il convient d’admettre que l’anime ne propose pas grand-chose au-delà du divertissement, mais il sait se parer d’atours pouvant autant séduire un public de niche amusé par les références manganime/JV à foison qu’un plus large public moe-phile. Cela peut sembler malhonnête et il n’y a pas réellement de quoi saluer une adaptation racoleuse, à l’image d’une industrie d’animation japonaise ayant vendu son âme au diable depuis fort longtemps. Mais fichtre, tant que cela reste divertissant et arrive à nous détendre après une dure journée de labeur, il ne faut pas chercher midi à quatorze heures et savoir faire preuve d’autodérision en riant doucement de cette fille-hamster complètement mordue, dépeignant notre propre passion avec légèreté et sans prise de tête.
La série est disponible en simulcast sur Crunchyroll.
3 commentaires
Sans cet article, il m’aurait laissé indifférent et j’aurais continué à croire que c’était vraiment une p’tite gamine en guise de MC… Je testerai.
Merci Maya* ! B-)
Dommage que mon esprit soit déjà tourné vers la saison prochaine et que je manque de temps. Je garde ça au chaud néanmoins. Dailleurs je me dois de te remercier quand même car grâce à toi j’ai pu faire des heureux autour de moi (c’ést bien tombé) et les retours que j’ai déjà eu dessus font écho à ce que tu présentais dans ton article. Éh oui. ^^
Good job sinon, c’est fourni et agréable à la lecture. ;)
Je suis assez surpris de ne pas avoir vu de fiches concernant cet anime sur le forum. Me concernant peu m’importe qu’il soit une série de la saison précédente voire du siècle dernier je m’y suis plongé il y a de cela quelques jours.
Que dire ? Si ce n’est qu’Umaru-chan est une digne héritière de l’indétrônable Konata au rang de personnage iconique.
Un slice of life qui laisse le souvenir d’un agréable moment passé en compagnie de ses protagonistes est un slice of life réussi, chose faite ici. L’on pardonnera quand même le grand frère qui sonne parfois « un peu » faux tant il semble être l’incarnation d’un mauvais délire féministe, celui de l’homme à tout faire.
Je retiendrai également l’opening qui saura je pense marquer les esprits de quelques Otaku en puissance et qui de surcroît se plie à l’esprit de la série et ça, ça a le mérite d’être dit. En bref, Umaru n’invente pas l’eau chaude mais sans savoir pourquoi, ça marche, ça prend comme aux premières heures. L’on s’attache et l’on se sent bien auprès de cette feignante qui a décidément tout pigée de la vie. Pire encore, chaque fin d’épisode nous laisse avec ce bon vieux sourire de débile contenté.
Ps : J’ai dénombré dans cette oeuvre 20 références tout rond.. Qui dit mieux ? Rohhh allez je sais que j’en ai raté quelques unes…