INUYASHIKI – Quand ton papy devient One Punch Man
Les super-héros sont à la mode, et pas seulement chez les américains. Mais lorsque les Japonais décident de s’attaquer au genre, cela peut donner le shônen le plus inoffensif à la My Hero Academia, ou un seinen violent et provocateur tel que l’anime qui nous intéresse ici, Last Hero Inuyashiki.
Diffusée dans la case Noitamina de l’automne, Inuyashiki est l’adaptation du manga de Hiroya OKU, notamment connu pour Gantz, et dont la publication française a débuté récemment chez Ki-Oon. On y suit l’histoire de Ichiro Inuyashiki, un père de famille de 58 ans dont les traits fatigués lui donnent l’apparence d’un vieillard. Le récit démarre lorsque Inuyashiki apprend par son médecin qu’il est atteint d’un cancer de l’estomac et qu’il n’a plus que trois mois à vivre. Dévasté, il ne parvient pas à trouver le courage d’annoncer la nouvelle à sa famille. Sa femme et ses deux enfants n’ont depuis longtemps aucune considération pour lui, se contentant de l’ignorer à la maison.
Mais les choses prennent rapidement un tour inattendu. Suite à un événement que l’on ne révèlera pas, Inuyashiki voit son corps transformé de manière radicale : conservant la même apparence, il est désormais entièrement robotisé et doté de capacités incroyables. Indestructible et invulnérable, Inuyashiki passe du statut de vieil homme en fin de vie à celui de demi-dieu, capable des plus extraordinaires prouesses : tirer des lasers, s’envoler à l’aide d’un jet-pack intégré, hacker n’importe quel système informatique ou même soigner des maladies incurables.
L’histoire de Inuyashiki repose sur un postulat assez ridicule, celui d’un vieillard transformé en robot invincible. Pourtant, la série parvient à rendre son récit crédible voire touchant. Cela passe par une caractérisation efficace des personnages, à commencer par Inuyashiki lui-même qui découvre un nouveau sens à sa vie maintenant qu’il dispose de toutes ses capacités. Paradoxalement, le fait d’avoir perdu son humanité d’un point de vue biologique a rendu Inuyashiki plus humain au niveau personnel ; sa routine quotidienne du métro-boulot-dodo est désormais ponctuée par ses actes héroïques. Lui qui est ignoré par sa propre famille, traité comme un sale vioque, décide de ne pas ignorer ceux dans le besoin et de mettre ses capacités au service du bien.
Mais dans toute histoire de super-héros, il faut un méchant à la hauteur. Ichiro Inuyashiki n’est pas le seul individu à avoir été gratifié d’un corps mécanique, un autre personnage appelé Hiro Shishigami a été doté des mêmes pouvoirs. Mais la comparaison s’arrête là ; Inuyashiki est un père de famille intégré à la société, tandis que Hiro est un lycéen qui ne s’intéresse qu’aux mangas dont il est passionné. Lorsqu’il prend conscience de ses pouvoirs, Hiro décide d’en profiter en inventant un jeu : il rentre dans une maison au hasard et assassine tous ses occupants…
C’est cette dualité entre le comportement de Inuyashiki et de Hiro qui rendent l’anime si puissant émotionnellement. On est touché par la sainteté des actes de Ichiro avant d’être horrifié par les méfaits de Hiro, et le spectateur se retrouve ainsi balancé entre ces deux tonalités, à la merci totale du scénario. La séquence finale du deuxième épisode est à ce titre brillante dans son ignominie, au point d’être déjà devenue un même sur Internet.
Cette puissance est relayée par la mise en scène dirigée par Shûhei YABUTA et supervisée par le vétéran Keiichi SATÔ, au sein du studio MAPPA pour lequel ce dernier a notamment réalisé les deux saisons de Shingeki no Bahamut. L’anime est d’une grande qualité formelle, avec notamment un character-design détaillé et une utilisation efficace de la 3D pour rendre visuellement la puissance des pouvoirs des protagonistes. Mais ce qui interpelle dans Inuyashiki c’est surtout le réalisme, que ce soit dans les décors, les dialogues ou les situations. Les personnages ne cessent de mentionner des marques et des titres qui existent IRL, et le studio a volontairement choisi des comédiens de doublage débutants afin de donner une impression de réalité au récit. Malgré l’absurdité de l’histoire, on croit à ce qui s’y déroule et on a envie de voir où elle va mener.
Le manga de Hiroya OKU s’est terminé il y a peu au bout de dix volumes, et il semble que MAPPA à l’intention d’en adapter la totalité. On espère que Inuyashiki ne sera pas une énième déception servie sous le label Noitamina, car pour le moment il s’agit d’un des animes les plus intrigants et efficaces de la saison voire de l’année.
Deluxe
4 commentaires
Bon article comme d’habitude. J’ajouterai que, pour moi, l’un des intérêt de Inuyashiki c’est de vouloir ramener un peu d’humilité aux autres protagonistes qui se croient toujours en contrôle. Le fait de parler de demi-dieux n’est vraiment pas une exagération.
Je crois que le souci de l’adaptation va pas être cette dernière en elle-même mais … l’origine de l’adaptation.
Le manga paraitrait est très mauvais sur cette dernière partie.
Il faudra voir par soi-même. ^^
Pour ma part, l’animé me plait pour le moment !
Bel article. Je ne connaissais pas le manga d’origine ce qui n’a fait qu’augmenter ma surprise à la découverte de cet animé.
Le studio fait un travail magnifique que ce soit sur le plan de qualité d’images et de décors et j’ajouterais que la 3D ici devrait être cité comme une future référence pour tous les autres qui souhaiteraient l’utiliser (encore marqué par l’horrible expérience Berserk 2016).
L’histoire me plaît, j’ai hâte de voir la suite.
Un papier complet qui ne cache pas son enthousiasme, gj sir.
J’émet quand même des réserves sur les animes qui fondent leur intrigue sur des dualités aux tendances manichéennes… Il ne faudrait pas que ça devienne trop prévisible.
Enfin qui sait, Inuyashiki saura peut-être tirer bénéfice du succès de Death Note et jouer habilement des codes du thriller.